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Toujours dans leur lancée, les Allemands sillonnent les vallées colorées et chantantes du folk métal. Ces dernières années, le groupe s’est illustré avec des albums de qualité sans pour autant faire de gros éclats. Suidakra persévère, effleure l’accession aux grands noms du métal celtique/folk du bout des doigts, distingue devant lui des incontournables tels que Eluveitie, Korpiklaani ou Equilibrium pourtant tout près, mais les égaler requiert encore du travail. Les Teutons n’abandonneront pas cette année, et délivrent Eternal Defiance en témoignage d’obstination. Un opus plus complexe que ses prédécesseurs dans l’approche musical et mettant en lumière différents angles du métal celtique.

En effet, l’éclairage du death métal abreuve la structure constitutive d’Eternal Defiance d’un flot durcissant l’écoute de l’album. Les titres tels qu’« Inner Sanctum », « March Of Conquest » ou « Dragon’ s Head » donnent des allures combatives et résonnent comme un hymne martial. Bien que l’usage des cornemuses reste continuellement présent, on pourra parfois s’éloigner du style folk quelques instants le temps d’un solo ou d’un pont instrumental. Par ailleurs, la vigueur de l’album réside en la voix d’Arkadius (épelez-le à l’envers et lisez le mot formé...) rehaussant de son timbre raillé la hauteur des sentiments belliqueux. Écoutez-le sur « Pair Dadeni », c’est une véritable légion qui s’amoncèle à l’horizon et s’apprête à dévaler la colline pour aller à l’affrontement !

Le combo allemand s’instaure dans un registre extrême, mais l’apparition de la ballade « The Mindsong » provoque une césure nette, apaisante et qui teinte l’album d’une deuxième couche qui prend des allures de récit épique. Le chant féminin de Tina Stabel nous séduit avec son refrain sirupeux et mélancolique à la fois. Un régal pour les oreilles et une efficacité indémontable. Une fois le moment de recueillement passé, le turbulent « Rage Of Revenge » vient écraser le silence avec l’artillerie lourde : double caisse frappée avec vitesse, des riffs de guitares et encore Arkadius au micro éperonnant les lignes vocales de cris et growls pour imprimer un sentiment de vengeance dans les mélodies. « Damnatio Memoriae » renoue avec une musique épurée grâce à la guitare sèche et au chant clair de Marius Pesch qui se suffit pour animer le coeur des soldats encore debout à la fin de l’acte. Les cuivres ajoutés accorderont la touche finale d’héroïsme, à bon entendeur, salut.

Le groupe abat les minutes avec une fluidité défiant toute adversité et n’hésite pas à faire sortir l’album de son couloir pépère avec doigté, originalité et une bien belle mise en scène évidente de la musique. Les violons approfondissent le reflet épique sur la fin de « Dragon's Head » par exemple, les nappes de clavier de « Defiant Dreams » suscitent le pressentiment d’instant crucial. Vous l’aurez compris la toile de fond bien que très ancré dans les entrailles d’un style extrême évolue au fil du temps et se métamorphose plus ou moins radicalement dans le but de surprendre ou d’axer la lecture musicale. Nous sommes les spectateurs d’un tableau haut en couleur et la détermination dont font preuve les musiciens ne fera qu’accentuer les nuances abordées dans cet opus.

Que dire de plus, si ce n’est que Suidakra étonne, détonne et résonne dans ce Eternal Defiance ? Un album proche du presque zéro défaut saura convaincre les profanes comme les éclairés grâce à une technique impeccable, un feeling et un sens de l’orchestration déployé au maximum. Nombreux seront les passages dans lesquels ont se surprendra à lever le poing en l’air et à chanter les refrains. Les hochements de tête certainement abondants seront un signe de l’emprise de la musique sur l’esprit. Bref, si vous avez envie de passer un moment agréable, convivial et sous l’étendard du Death/Folk, il me semble que cet album est tout indiqué.

0 Comments 05 juin 2013
Whysy

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