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Après cinq longues années tumultueuses et chaotiques et un changement de line-up quasi-complet, le combo hongrois de black-new orleans nous revient avec un septième album majestueux, Eternal Recurrence.

Fondé par Andras Nagy en 1993, Sear Bliss regroupe à présent des anciens membres, des nouveaux,  des anciens qui sont revenus alors que d'autres anciens sont partis, bref c'est un peu le bordel en Hongrie. Cela n'empêche pas Nagy de mener sa barque avec talent, même si ce nouvel opus tranche nettement avec ses prédécesseurs. Apparemment, et je m'appuie sur le talent de notre bien-aimé Gounouman pour m'aider, ne connaissant que peu la disco complète de Sear Bliss, le groupe aurait abandonné les terres glacées du black violent avec grosses trompettes pour se diriger vers un black-death progressif où les cuivres sont moins prégnants. Vous l'aurez compris, je vais surtout me pencher sur cet album seul, mais après tout c'est pour ça que vous êtes là.

Parfois assez proche, dans les sonorités, des récentes périodes des immenses Enslaved, Eternal Recurrence est un excellent album de black progressif, mâtiné de chant clair grave et solennel, et qui voit à certains moments une petite trompette ou un ensemble de trombones jouer un contre-chant très intéressant et offrir une combinaison rafraîchissante avec les riffs puissants des deux guitaristes, Janos Barbarics et Csaba Csejtei. Mais c'est surtout Andras Nagy qui brille sur cet album. Son chant, puissant et agressif, nous rappelle qu'après tout il s'agit d'un groupe de black-metal, mais c'est surtout son jeu de basse sur lequel je souhaiterais m'attarder.

Sa fretless brille en maintes occasions, et dès les premiers instants du premier morceaux, The Eternal Quest, on est frappé par la qualité de son jeu. La basse de Nagy est un tigre qui ronronne, un ruisseau qui gambade dans un frais matin de printemps, mais elle sait aussi s'effacer quand il le faut et soutenir l'ensemble quand le propos de celui-ci devient plus épique. Les riffs sont puissants et accrocheurs (The Lost Cause, The New Era Of Darkness), et il règne sur cet album une ambiance pesante de fin du monde, tirant parfois vers le death voire carrément le doom (Entering The Seventh Gate).

L'analogie avec Enslaved se révèle plus évidente lorsque le cri rauque de Nagy laisse place à des choeurs masculins majestueux, ou lorsque des développements plus progressifs ou ambiancés viennent s'intercaler. Il est certain que cet album est vraiment bien produit, et que l'atmosphère qui s'en dégage, à la fois puissante et mélancolique, est superbement servie par un son parfait.

Pour autant, il serait exagéré de qualifier cet album d'avant-garde. Les cuivres sont nettement en retrait, et leur utilisation n'a rien à voir avec celle d'un Shining ou du dernier Ihsahn. De même, il serait illusoire de chercher dans Eternal Recurrence des éléments jazz, qu'ils soient mélodiques ou rythmiques, comme on peut parfois les observer dans les groupes de death technique comme Cynic,  Exivious ou Textures. Le dernier Sear Bliss est surtout un bon album de black, un peu court et parfois légèrement convenu, mais aux qualités indéniables, surtout en matière de composition. Lent et majestueux, aux teintes prog sans être trop complexe, Eternal Recurrence marque un tournant dans la carrière du groupe. Espérons que lors de leur prochain opus, s'il n'arrive pas dans cinq ans, ils auront su garder le meilleur de cette évolution tout en allant plus loin dans leur propos, car c'est bien ce qui gêne un peu sur cet album, un sentiment d'inachevé, parfois un peu d'hésitation.

Qu'ils se cherchent encore est compréhensible, même pour un septième album, et je trouve la nouvelle direction qu'ils semblent vouloir prendre tout à fait intéressante. Je suis donc, pour voir.

0 Comments 11 mars 2012
Whysy

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