Attention évolution ! Longtemps décrié par son manque d’innovation, et par la même occasion par son manque de personnalité, Thunderstone a décidé, pour son 4e disque, de prendre tout le monde par surprise. Enfin tout reste relatif, le titre de l’album étant plutôt explicite. « Evolution 4.0 » place désormais nos finnois dans une catégorie d’outsiders. Sans trop en dévoiler dès l’introduction, sachez que Thunderstone signe ici son album le plus agressif et il y aura au moins autant de surpris que de déçus. Vous voilà prévenus !  D’une musique pas toujours très inspirée Thunderstone est parvenu à se faire un nom par la technique très scandinave de son guitariste, et surtout par un extraordinaire chanteur. Depuis plusieurs années maintenant il est le point central et ensorcèle ses lignes vocales d’un charme assez envoûtant. Pasi Rantanen est une valeur sûre de la scène finnoise et propose une nouvelle fois un travail sans anicroches. Un timbre rauque et chaud, une voix à la richesse aussi bien émotionnelle que violente car, fidèle à la musique, il module sa voix au gré des couplets et refrains de la meilleure manière possible. « Evolution 4.0 » présente une facette plus sombre et agressive de cette musique. Cela influe évidemment sur la performance vocale qui laisse ainsi moins de liberté au chanteur : un chant moins diversifié que pour les albums précédents. C’est dommage, mais c’est ainsi. Fidèle à sa « réputation » , le groupe signe également des paroles assez médiocres. Morceau choisi : « You can burn yourself if you fly too close to the sun, that shine so bright » - Une inspiration au delà des espérances qui illumine le refrain de « Face In The Mirror ».  Un Thunderstone plus agressif donc, mais également plus mature ! On le sent dans l’utilisation de claviers plus mystérieux et très en retrait. Ils servent désormais plus d’ossature atmosphérique laissant libre cours aux guitares : précises, rythmiques, mélodiques bref : scandinaves. Certains pourraient condamner l’aspect trop « rythmique » des compositions et donc dénoncer un manque de profondeur et de mélodie – très présentes, simplement distillées avec plus de retenue – et ainsi prétendre à une vaine reconversion. Or Thunderstone présente ici une copie réfléchie et ne perd en aucun cas ses qualités. On reconnaît aisément la « patte » caractéristique du combo, notamment au niveau des refrains – souvent réussis – et des guitares.  Ainsi « Evolution 4.0 » porte son lot de bombes estampillées Nino Laurenne comme « Forevermore » : parfaite entrée d’album – refrain excellent, pont instrumental très bien négocié, solo virtuose – et futur classique ! Thunderstone a toujours été très à l’aise avec les chansons heavy, au tempo modéré et ce nouveau disque ne déroge pas à la règle en proposant deux excellentes démonstrations : « Holding On To My Pain » jouit d’une très bonne construction et d’un refrain à toute épreuve, la confirmation d’un talent et « Great Man Down » , dernière chanson, clôt l’album en beauté. Thunderstone lorgne également du côté progressif avec un très long titre (7min16) mixant avec brio différentes ambiances aussi bien « ballades » que rythmiques thrashy. Un titre très riche dans sa construction qui ne fait que confirmer l’excellente évolution de nos finlandais.  Mais tout n’est pas rose ! Lorsque l’on écoute l’excellent single « 10,000 Ways » à la rythmique très groovy ou l’agressive « Roots Of Anger » on ne peut qu’être déçu du manque de relief de certaines compositions. Ainsi les plus classiques reviennent aux rythmiques fades et aux refrains téléphonés telles « The Source ». On peut également citer l’ultra linéaire « Swirled » : preuve que le nouveau son n’est pas encore tout à fait maîtrisé.  « Evolution 4.0 » est un disque assez paradoxal. Thunderstone sort ici son album le plus agressif et le moins accessible alors que, je le rappelle, le groupe a failli représenter la Finlande à l’Eurovision. Quoiqu’il en soit cette nouvelle offrande montre des qualités non négligeables et même si certaines erreurs demeurent, l’ensemble est très solide et augure du meilleur pour la suite. A condition bien sûr d’apprécier la tournure nouvelle d’un groupe qui, petit à petit, trouve sa voie.  ...TeRyX...