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Après 2 EP sortis en 2005 et 2006, Our Lengthening Shadows et A Monument To The Death Of An Idea, les anglais d'Enochian Theory font leur retour cette année avec leur premier album, Evolution: Creatio Ex Nihilio. Le groupe est composé de trois personnes, Sam Street à la batterie, Shaun Rayment à la basse et enfin Ben Harris-Hayes au chant et à la guitare. Ne connaissant pas du tout Enochian Theory, je me devais tout d'abord de me renseigner, lisant ci et là que leur style se teintait de Rock et de Metal Progressif, d'Atmosphérique et de Postcore... Diantre! Manquait plus que le R'n'B et j'avais le quinté gagnant dans l'ordre! Dommage...

Plus sérieusement, même si un tel nombre d'influences m'a rendu un peu septique au départ, n'étant pas si fan que ça d'atmosphérique ou d'ambiant, après écoute, je me suis vite ravisé. Enochian Theory se débrouille plutôt bien dans cet exercice, arrivant à mêler toutes ces influences en un ensemble cohérent et assez appréciable. D'une intro ambiante à une envolée vocale électrisante, en passant par un rock progressif et atmosphérique ou par des passages au chant typé postcore, on se laisse ainsi entraîner, flottant  d'un style à l'autre. Cependant plusieurs écoutes seront nécessaires pour apprivoiser correctement la bête.

En effet la structure de l'album n'est pas ce que l'on qualifierait d'habituelle. Par exemple, le début du cd passe très vite, à cause de la longueur des pistes. Me faisant au début me demander si j'en avais pas sauté deux où trois, voyant la piste 8 si vite arrivée. Ce fait est largement dû au triptyque "Tedium", "The Dimensionless Monologue", "T.D.M.", ne formant en fait qu'une seule chanson divisée en trois tableaux. La fin s'avèrera elle plus longue, avec plusieurs titres aux durées allant vers les cinq-sept minutes.

Des morceaux atmosphériques ou ambiants, au nombre de 4, sont répartis équitablement sur toute la galette et sont d'une longueur relativement courte (environ 2 minutes). Transitionnels, ils aèrent le reste du disque sans ''endormir'' pour autant. Ils proposent ainsi des sonorités intéressantes, telles que le son d'un cœur s'accélérant puis s'arrêtant sur un fond éthéré et stressant dans  l'introduction "Every End Has A Beginning", ou les grincements évoquant des cris de baleines entourés de nappes de synthétiseur aquatiques de "T.D.M.". Je leur reprocherais cependant de casser un poil le rythme de l'album.

Les autres pistes s'accordent plus sur une structure avec des couplets au rock progressif teinté d'ambiances atmosphériques, alors que les refrains prendront tout de suite une tournure plus metal, contrastants en puissance, permettant à la voix claire de Ben Harris-Hayes de prendre son envol et de nous subjuguer. Les chansons "Tedium", "A Great Odds With" et "Movement" en sont de bons exemples. Bon point: la guitare n'est pas omniprésente et sait se mettre plus en retrait, laissant la vedette à la batterie et la basse sur des couplets épurés et emplis de feeling, accompagnées par la voix suave du chanteur ("The Dimensionless Monologue"). Elle n'est pas en reste non plus pour autant, notamment avec des plans très réussis comme les énergiques introductions de "A Great Odds With" et de "Waves of Ascension".

Mais le chant de M. Harris-Hayes sait aussi devenir violent. Tout les morceaux chantés sont parsemés de passages en chant hurlé, donnant lieu à des moments plus extrêmes (le final de "A Monument To The Death Of An Idea"), le point culminant en étant le postcore et dissonant "Apathia", sans aucun chant clair.

Enfin, on ne peut pas non plus parler de Creatio Ex Nihilio sans parler de la troupe de The Lost Orchestra, à qui le groupe a fait appel pour les parties de piano, de synthétiseur et autres orchestrations. Celles-ci apportent beaucoup à l'ambiance mélancolique qui se dégage tout au long de l'album.

Pour un premier vrai album, on peut dire qu'Enochian Theory tape assez fort. Assez surprenant, du moins pour moi, Evolution: Creatio Ex Nihilio n'en est pas moins une excellente expérience si on est pas monomaniaque au niveau des préférences musicales. Quelques imperfections me font au final pencher vers la note de 9/10, surtout pour la structure du disque un peu déstabilisante et les quelques pertes de rythme. De plus le livret, bien que très beau ne propose aucunes paroles, ce qui est assez énervant. Il n'en reste pas moins une vrai petite merveille, de par la diversité proposée, l'émotion dégagée et la qualité des compositions. Voilà sûrement un groupe qui fera encore parler de lui dans les prochaines années.

Quetzalcoalt

0 Comments 23 janvier 2010
Whysy

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