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Quand j'étais petit, j'avais tout comme Duck l'habitude de me balader nu, vêtu d'une cape et d'un rouleau à pâtisserie. Je combattais aux côtés de Zorro, Capitaine Flam et Albator. En attendant qu’un super dessin animé les réunisse tous, je les avais réunis dans un seul et même monde, mon monde. Une décennie plus tard, les nouveaux héros qui peuplaient mes rêves se nommaient Ralph Scheepers, Michael Kiske, et Bruce Dickinson. Bien sûr, je savais qu’il était inconcevable d’espérer voir un jour tous ces chanteurs réunis sur un même album. Une nouvelle décennie plus tard, alors que j’avais quasiment perdu le goût de rêver, un album nommé Execution a ravivé un vieux rêve de gosse.

Renato Tribuzy (encore un qui avait l’habitude de se balader nu vêtu d'une cape et d'un rouleau à pâtisserie quand il était petit) a en effet réussi l’incroyable tour de force de rassembler les guests suivants : Ralph Scheepers, Michael Kiske, Bruce Dickinson, mais aussi Kiko Loureiro, Mat Sinner et Roland Grapow. Mais ne vous méprenez pas, Tribuzy n’est pas un projet « all stars » mais bien un groupe de cinq brésiliens sans grande notoriété dont Renato Tribuzy est chanteur-leader. Et mis à part Kiko Loureiro qui fait rugir sa guitare sur presque tous les titres, les autres guests n’apparaissent que ponctuellement. Chacun a tranquillement pu enregistrer ses parties dans son coin (on n’arrête pas le progrès), et c’est à Dennis Ward qu’est revenue la mission de mixer toutes les bandes. Comme à son habitude le bougre a assuré, la production est très agréable, très puissante, sans le moindre point faible. Avec une section rythmique de gros calibre, le disque sonne même très moderne.

Renato Tribuzy démontre, lui aussi, une volonté de se moderniser, ou plutôt d’évoluer. Ancien chanteur de Thoten, il s’éloigne quelque peu de son ancien style « Dédé Matos période Angra ». Il conserve la même énergie mais s’est doté d’un chant légèrement plus forcé pour gagner en agressivité. Les titres sur lesquels il chante seul sont souvent bons, mais pas exceptionnels. Les compositions sont pourtant travaillées, elles intègrent des passages calmes, comme en témoigne lake of sins, alternant chant posé, aigu et agressif. Ce titre dépasse même le quota de changements de rythme admissible pour du Power Metal pour aller se ranger dans la catégorie du Prog. D’autres, comme execution ou agressive, s’encanaillent dans des riffs thrash bien soutenus par un chant encore plus endurci de Renato Tribuzy. Mais diversité ne signifie pas forcément qualité, et Tribuzy ne se démarque pas suffisamment des autres groupes du style (Pyramaze, Firewind, Machine Men) pour marquer durablement les esprits.

Venons-en maintenant à ces fameux guests, qui font le plus grand bien à un album qui se serait bien vite essoufflé sans leurs interventions. Par leur expérience et leur talent, ils apportent à chacun des titres qui les accueillent une personnalité qui renforce encore la diversité de l’album. Execution nous offre ainsi du tout bon comme beast in the light ou l’efficacité simple et sans surenchère d’un mid-tempo exalté par un Bruce Dickinson ravageur. Sa confrontation vocale avec Renato Tribuzy, habile et sans répit, est irrésistible.

Mais celui des guests dont la griffe est la plus significative est sans conteste Kiko Loureiro, on ne me fera pas croire que son travail s’est limité à de la simple interprétation. Que ce soit par ses solos rapides, précis et mélodiques sur the attempt, beast in the light et agressive, ou par son solo aérien tout en touché sur execution, il illumine cet album de son style vraiment reconnaissable. D’ailleurs, sa technique manque cruellement au titre absolution, trop mou et trop long pour être à la hauteur de l’immense monsieur Michael Kiske. L’ex-chanteur d’Helloween chante néanmoins toujours aussi bien, qui plus est avec une facilité déconcertante.

La ronde des guests et la patte de Kiko Loureiro réussissent à tirer vers le haut un album certes réussi, mais loin d’être un incontournable du genre car desservi par des titres moyens comme divine disgrace, ou superflus comme nature of evil. Ce dernier est une reprise inutile de Sinner, avec au chant devinez qui : Mat Sinner. Voici le genre de mauvaise plaisanterie qu’il n’aurait pas fallu trop renouveler sous peine de faire passer cette sortie pour une arnaque commerciale.

Finalement, Execution est un bon album, même si, avec pareille affiche, je m’attendais à mieux. Malheureusement, lorsque les rêves se réalisent, ils perdent irrémédiablement de leur magie et s’avèrent trop souvent moins grandioses qu’on les imaginait. Cet album en est le parfait exemple.
[right]Chris[/right]

0 Comments 27 mai 2007
Whysy

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