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S’il y a un groupe qui se bonifie à chaque sortie, c’est bien Moonspell. Cette formation est comme le bon vin, elle est meilleure avec le temps. Déjà l’inflexion franchie en 2008 avec Night Eternal donnait le ton pour les prochaines années à venir. Et effectivement, les Lusitaniens avaient su capter l’essence de leur musique et l’insuffler au travers de deux albums diamétralement opposés mais paradoxalement complémentaires : Alpha Noir et Omega White. Chacun s’imprégnait d’une ambiance propre et approfondissait le côté dark / death métal pour l’un et l’autre reprenait davantage le côté rock nébuleux et caressé de mélodies. Le choix du clivage musical permettait de faire la synthèse, car en prenant deux sources musicales élémentaires on parvenait à comprendre l’étendue du talent des musiciens. S’appropriant aussi bien le gothique teinté de dark que le métal plus extrême, les Portuguais défendaient leur musique de manière subtile. Après une telle démonstration, on pouvait bien se demander dans quelle direction les musiciens allaient se diriger.  La réponse se trouve dans ce nouvel opus intitulé Extinct qui arbore une cover malsaine de Seth Miro. Il reprend le flambeau pour exposer une figure que l’on suppose être la baphomette si on en croit la tracklist... Il ne faudra pas longtemps pour affirmer que le design de cet album est terne, monstrueux et inquiétant mais il reflète aussi quelque part la musique de Moonspell. Le côté terne est instauré par des titres gothiques comme «Domina». Le chant de Fernando est éthéré et semble planer au-dessus des arrangements électriques. La monstruosité s’exprime grâce au  chant caverneux qui est utilisé pour accroître l’impact de la chanson («A Dying Breed») et on retrouvera une part d’inquiétude lors des ambiances abordées sur cet album avec des titres tels que «Funeral Bloom» ou «The last Of Us» qui octroient une part d’hypnotisme avec son riff ingénieux et efficace.  Moi qui pensait que Moonspell avait atteint le sommet de son art précédemment, je dois avouer que j’ai une fois encore été très agréablement surpris. Cet album ne tourne pas une seule seconde en roue libre, tout est parfaitement décidé et maitrisé. Les couleurs musicales se teintent différemment d’une chanson à l’autre et c’est par ce biais que le groupe a décidé de nous faire voyager. Si au début avec  «Until We Are No More (Breathe)» ou «Medusalem», les sonorités arabisantes prennent place, on découvrira tout un panel musical qui se démultipliera pour créer à chaque fois la surprise. Impossible de se lasser ! Le titre éponyme s’insère dans un registre plus orchestral avec l’incursion de cuivres et de violons qui laisseront penser à l’album S&M de Metallica. Et puis quelle baffe ! Ce refrain ultra fédérateur et de cette envergure ne peut que fonctionner sur nos nuques vascillantes ! Les paroles s’imbriquent dans une fluidité étourdissante, alors que la batterie appuie cet effet en fin de tirade, on en est tout retourné !  «The Last Of Us» s’inscrit plus aisément dans un rock visant l’efficacité et pour les fioritures il faudra aller se balader du côté de «Malignia». Bref, vous l’aurez compris cet opus est une réussite et un chef d’oeuvre en terme de colorama et là où c’est fort c’est quand on remarque que la technique s’efface au profit de la lisibilité musicale.  Un album voit aussi sa qualité jugée par les compositions (évidemment !). Et encore une fois, on ne peut que se satisfaire des variations qui nous seront servies. Tantôt directes, tantôt emberlificotées les mélodies se distinguent au sein de la tracklist. On appréciera cette structure solide reposant sur des passages enivrants et véloces («A Dying Breed»), toujours pimentés par un jeu rythmique évoluant selon le principe du feeling et c’est une véritable chaleur qui se dégage d’Extinct. Les titres sortent inexorablement du lot commun grâce à cette subtilité qui s’incrémente au fur et à mesure. Le combo balaie des ambiances hétérogènes avec un doigté et une maitrise sans faille. «The Future Is Dark» délivre un moment larmoyant puisque le chant est d’une justesse inégalable, les guitaristes s’emploient sur un jeu impliquant de la mélancolie. L’univers de Moonspell est bien là et il est palpable. Les instrumentistes prolongent les mots et donnent substance à des émotions qu’ils soient colériques ou tristes.  Les Portuguais s’en sortent encore aisément avec un album d’une exquise beauté. Il est vrai que le titre «La Baphomette» chanté en français approximatif et dont les paroles ne signifient pas  grand chose baisse un peu le niveau. Nous mettrons plus cette chanson interjetée à la fin de l’album au rang de bonus track. Cependant, Le seul vrai dommage est la durée de quarante six minutes un peu trop courte pour un opus de cette qualité et de cette grandeur. En tout cas, si la double sortie avait pu vous effrayer par sa longueur, Extinct vous réconciliera avec le groupe et donnera un aperçu du talent des musiciens. Tout est bon à prendre, rien à jeter.

0 Comments 22 février 2015
Whysy

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