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Devoir annoncer aux milliers de lecteurs Heavylaw, en début de chronique, que l’album en question est instrumental n’est pas chose aisée, tant on peut en redouter les conséquences désastreuses, comme le risque de retrouver sa chronique dans la partie « stats » tout en haut de la zone « chronique zappée le plus rapidement ». Alors qu’il m’avait fallu plusieurs jours pour enfin trouver les mots justes, ceux qui me permettraient habilement de conserver les lecteurs au-delà du premier paragraphe tout en avouant qu’il s’agissait d’une musique purement instrumentale, j’ai soudain percuté que le titre de l’album foutait mon plan en l’air. Extremly Instrumental, pensez donc, avec un titre pareil, personne ne cliquerait sur ma chronique de toute façon. Devant ces trois jours de travail partis en fumée, je m’écroulai en sanglots, complètement désemparé. C’est à ce moment que je me suis rappelé que mon médecin m’avait prescrit, en cas de déprime subite, l’usage thérapeutique de marijuana. Effet immédiat, dès les premières bouffées, je me sentais même assez fort pour me repasser l’album, c’était parti pour un voyage dans le cosmos, celui de Triple Fx.

Les lois de la gravité y diffèrent des autres endroits connus, l’air y est si léger que chaque note de basse insufflée suffit à vous faire léviter, chaque coup de batterie produit une onde qui vous propulse pour traverser les 9 titres de ce disque, neuf vortex très colorés. Si certains titres font défiler le paysage rapidement, d’autres laissent le temps de planer, de contempler les êtres peuplant ces lieux et s’animant à chaque passage funky. Je me suis ainsi surpris, sur gold fish, claquant des doigts et tapant du pied en rythme avec des poissons rouges dans une mer pastelle, avant de remonter très rapidement à la surface, pendant bubble gum song, dans une bulle de chewing-gum supersonique. Mon voyage s’achevait par un dernier émerveillement, when you were a child, conclusion poétique, où s’invite une guitare acoustique dont chaque note est une goutte de pluie explosant sur ma bulle de chewing-gum et générant des centaines d’arcs-en-ciel, où la délicate guitare électrique joue de plus en plus aiguë, m’accompagnant dans cette irrésistible ascension vers le septième ciel…

De retour sur Terre, les effets de ma médication dissipés, je pouvais reprendre le cours de ma chronique. Avec un style multi-facettes, le groupe ne s’impose pas de frontière. Résolument rock, ouvertement funk, relativement métal, telles sont les trois dimensions essentielles qui composent la musique de Triple Fx, et chacun des trois instruments transpire toutes ces influences-là. À noter également un long passage de blues sur gold fish, et Triple Fx aurait tort de se limiter car ces dimensions se complètent plutôt bien pour former un univers musical très travaillé, où la guitare laisse la part belle à une rythmique bien réglée mais loin d’être métronomique. Ça c’est le petit côté prog de Triple Fx, mais utilisé sans excès, il n’affecte pas trop le côté entraînant des morceaux. Pas trop d’effets de guitare délirants non plus, elle est le plus souvent en mode lead, mais on a quand même droit à quelques riffs heavy comme dans l’éponyme extremely instrumental. D’ailleurs un riff de ce titre me fait étrangement penser au fameux no easy way out de Robert Tepper (titre figurant dans la b.o.f. de Rocky 4).

Au final, ce disque me laisse une impression plutôt agréable, même si je trouve le côté funk trop poussé et si parfois le tout sonne un peu trop « générique de sitcom ». Difficilement comparable, cet opus instrumental empli de légèreté est avant tout destiné au plaisir des oreilles averties et réceptives. Pour être complet, sachez que Triple Fx est un trio de musiciens français. Il s’agit de Pascal Vigné, guitariste et principal compositeur, de Gaël Féret, batteur officiant aussi chez Misanthrope et Mortuary, et d’Arnaud Court à la basse (remplacé depuis par Pascal Mulot).

[right]Chris[/right]

0 Comments 26 février 2007
Whysy

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