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Le métier de chroniqueur est une discipline exigeante qui demande à celui qui la pratique un certain nombre de sacrifices. Ainsi quand ses amis partent en Week-End dans les caraïbes, le chroniqueur reste chez lui pour peaufiner la dernière promo reçue en provenance du label sud-coréen de Hardcore Progressif (avec tout le respect que je dois à la scène sud-coréenne), quand le chroniqueur veut écouter ladite promo, le syndic de son immeuble vient le menacer de procès s'il persiste dans ce tapage insupportable. Et enfin quand le chroniqueur cherche à coucher enfin sur le papier les impressions folles et passionnées qui se bousculent dans sa tête, il ne craint qu'une chose... la feuille blanche !

La feuille blanche est pour le chroniqueur aussi terrible que le Kraken pour le marin, que le trou de mémoire pour l'acteur en plein récital de Macbeth ou que la fausse note pour le pianiste au moment d'attaquer la troisième reprise lente et dramatique de la onzième symphonie (je sais plus si c'est la troisième ou la quatrième alors venez pas me titiller là-dessus). Quand la feuille blanche s'empare de l'âme du chroniqueur, celui-ci hurle à la mort, s'exorcise avec des médecines coûteuses, court nu dans la forêt en se déchirant les testicules dans les orties mais il ne parvient jamais à la vaincre : la feuille blanche triomphe toujours du chroniqueur qui n'a plus alors pour seul recours que le suicide.

Cette chronique est là pour rappeler à tous la dureté et le danger permanent que représente ce métier ingrat de la chronique. En effet le nom de Dreamland n'est qu'un prétexte pour rendre ici hommage à ces forçats qui jour et nuit se battent pour promouvoir notre belle musique, et qui vivent dans la hantise de cette «feuille blanche» qui ne leur accorde jamais le repos... Je sais d'avance que certains de mes collègues verseront une larme émue en pensant à tous ces frères tombés au combat, mais aujourd'hui c'est surtout la fierté que ressent votre serviteur : car il vient de surmonter l'absence d'inspiration qui le taraudait, en trouvant laborieusement un sujet pour accompagner la morne critique laborieuse du nouvel album de Dreamland : Eye For An Eye

Mais alors pourquoi tant de haine ? Me direz-vous avec un sens aigu du lieu commun. Et bien je vous réponds tout simplement que si Dreamland s'attire aujourd'hui les foudres d'une vomissure du style de celle que je suis en train d'écrire, c'est qu'il symbolise à merveille ces groupes qui hantent nos pires cauchemars métalliques... ces groupes à propos desquels il n'y a absolument rien à dire. Car ce ne serait pas faire insulte au troisième album du combo suédois que de dire qu'il n'est pas très remarquable... tout dans la musique de Dreamland est banal et la plume manque de mots pour pouvoir la différencier de celle prodiguée dans n'importe quel autre combo de speed mélodique scandinave...

En effet je pourrais vous dire que Dreamland nous propose des mélodies imparables, des refrains prenants, et que les compositions débordent d'énergie et d'efficacité, malheureusement ce serait plagier une nouvelle fois les chroniques de tant d'autres sorties du même genre. Certes les suédois savent s'y prendre à merveille, et leur musique est plaisante, certes la faible longueur des titres permet d'éviter la montée de la lassitude, certes le chant extrême sur le dernier titre «Revolution In Paradise» est rafraîchissant. Les suédois sont bons, cela ne fait aucun doute, leur musique est tout sauf ennuyeuse et souvent très bonne, mais je ne trouve rien dans cet album que je n'ai déjà entendu en mieux ailleurs.

Alors que dire de plus, si ce n'est que les amateurs y trouveront leur compte, que Eye For An Eye est un très bon disque du genre. Pour le reste je ne peux trop rien dire de plus, de peur de tomber de plein pied dans un autre fléau du métier de la chronique : la répétition, celle que je m'efforce avec difficulté d'éviter ici, et qui fera l'objet d'une autre leçon... d'ici là soyez sages !

SMAUG...

0 Comments 18 février 2007
Whysy

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