Vous recherchez quelque chose ?

Un groupe de Metal Chilien ? Bien que plutôt connaisseur dans le genre, c’est bien la première fois que j’ai affaire à une formation située aussi loin aux antipodes. Quand j’apprends en plus que le groupe en est à son troisième album en plus d’émerger d’une scène relativement peu exportatrice, on peut vite dire que je partais totalement dans l’inconnu en recevant cet album des mains de mon facteur.

J’ai heureusement pour moi une connaissance plutôt correcte de la scène brésilienne, voisine géographique de son homologue chilienne. Suffisamment en tout cas pour constater pas mal de similitudes entre la démarche artistique de groupes tels que Tuatha De Dannan et Bloden Wedd. Les deux groupes sont férus de mythologies celtiques au point de transcrire leur nom en ancien Gaélique (eh oui car Bloden Wedd signifie littéralement « Dieux De L’aurore » dans la langue de Molière), en outre ils mettent un point d’honneur à écarter totalement leur patrimoine musical national de leur musique. Point commun fort fâcheux qui fait que chacun de ces deux groupes pourrait parfaitement venir de Suède et enregistrer à Göteborg que nous n’y verrions que du feu.

Ainsi en plus de la prime déception de n’avoir en face de moi qu’un album de Power Metal bien européen dans le style (et dans la pochette très kitsch comme il se doit), je me voyais obligé de repousser encore ma découverte du Metal Chilien pour me consacrer à la dissection de ce Eye Of Horus finalement très typé Heavy Metal d’aujourd’hui. Mais ne crachons pas dans la soupe, et analysons avec le plus d’objectivité cette galette pas si prévisible que ça.

Les premières écoutes furent révélatrices de l’orientation musicale de Bloden Wedd. Dans la grande tradition Power Metal, s’inspirant sans plagier de pas mal de formations actuelles très en verve en Europe (Firewind, Symphorce, etc.) les Chiliens distillent leur musique puissante et précise sans se presser, renonçant aux élans de double pédale pour construire avec patience leurs ambiances et leurs mélodies. Le travail de guitare du chanteur guitariste Dan Elbelman et de son compère Patota Atxondo permet de déceler certaines compositions intéressantes, malgré une répétition assez redondante sur l’ensemble de l’album. On peut aussi regretter un chant trop criard ne rendant pas entièrement justice aux chansons, et provoquant à la longue une certaine lassitude.

Mais pour le reste, Bloden Wedd tire assez bien son épingle du jeu, en proposant un Power Metal suffisamment complexe et construit pour se démarquer des classiques du genre, nos Chiliens obtiennent un résultat parfaitement honorable, recelant même au hasard des pistes, quelques perles rares comme on en découvre si peu. Le title-track «Eye Of Horus» en particulier avec sa longue montée en puissance savamment orchestrée par un jeu de basse et de guitare pour le moins excellent, «Through The Heaven’s Eyes» malgré son titre peu original n’en reste pas moins un grand morceau de Heavy, avec un riff entêtant et un très bon refrain, sans oublier la section rythmique irréprochable comme sur l’ensemble de l’album.

Le reste du disque est beaucoup plus typé, avec des titres puissants et rapides, assez techniques au niveau percussions, inspirés pour les riffs et les soli, mais sans jamais vraiment sortir des sentiers battus. «Lone Runner», «7th Gate» ou «Down The Road» ont en commun cette bonne qualité de facture, combinée avec une crainte d’innover finalement assez pesante, d’autant qu’on était en droit d’attendre d’un groupe venu du bout du monde une petite dose de fraîcheur. Des titres comme «Power Metal Pride» font plus rire qu’autre chose vingt ans après la révolution d’Helloween, tandis que les power ballades «Still Believe» et «Untold Words» cumulent tous les clichés commun au genre.  

Au final, un résultat positif pour un groupe inconnu du public européen, et visiblement suffisamment dynamique pour s’imposer sur les scènes du monde entier dans les années à venir. Mais sans faire mon oiseau de mauvais augure je pense que Bloden Wedd aura besoin d’autres arguments pour s’imposer. Je reste également très déçu de n’avoir ramené aucune nouveauté de mon voyage au bout du monde. J’aurais espéré quelques friandises sous formes d’influences latines, voir quelques thèmes incas ou aztèques pour agrémenter les chansons, mais je ne ressors de ce disque que du déjà vu, sans beaucoup de nouvelles idées. La prochaine fois peut-être ?

SMAUG...

0 Comments 18 août 2006
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus