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Mais qu'est-ce qui arrive aux Français cette année 2008 ? Je ne fais que répéter ce qui a été dit précédemment mais je rajouterai juste le fait que la scène Française a encore fait un gigantesque pas en avant cette année. J'ai été le témoin de l'avènement des multiples formations françaises plus talentueuses les unes que les autres comme Destinity, Minushuman ou encore Arkan. Une fois n'est pas coutume cette fois-ci c'est le brillant groupe de Marseille Dagoba qui sort son album intitulé Face The Colossus. Vous avez pu admirer la beauté de la cover et le soin apporté au design sur une news de notre Sogounet adoré, tout est fait pour séduire et provoquer l'achat sur le packaging. Ce n'est qu'un premier aspect de la monumentale production car le meilleur reste à suivre...

Dagoba sillonne les rayons des disquaires depuis huit ans maintenant, et deux ans auront suffi aux français pour enfanter de ce nouvel album. What Hell Is About avait impressionné l'auditoire. Plus axés sur un style épuré et franc, on pourrait penser que le groupe continuerait sur cette lignée artistique. Et pour tout vous dire, Face The Colossus est un album beaucoup plus complexe et moins direct que son prédécesseur. En effet, on est en présence d'une production titanesque, l'image du colosse ne s'est pas seulement laissé imprimer sur l'emballage mais a aussi imprégné toute la compilation dans son intégralité.  Les Phocéens ont revu leur structure musicale et celle-ci se montre plus ravageuse comportant des rythmes effrénés (« The Crash ») ainsi qu'une densité musicale phénoménale à toute épreuve. Il est vrai que ça blast en quasi-continu ce qui confère un aspect homogène et épais. Les explosions de notes rendent ainsi cet opus assez difficile d'accès. La révolte musicale gronde et la dextérité des guitaristes mêlée à la frappe double-pédalistique de Franky Constanza forme une puissance d'une cohérence jubilatoire « Sudden Death ». Musicalement, on en prend plein les oreilles, Dagoba se montre très persuasif et on ne s'ennuie pas, ce qui en mon sens est important.

Mais outre le fait que la compile soit massive, on retrouve de nombreuses nappes de claviers venant teinter les gros riffs de guitares ainsi que l'addition de samples sur des titres pour restituer cette impression ancrée de grandeur colossale (« Somebody Died Tonight »). Les multiples envolées mélodiques incitent au voyage et sont insérées de manière subliminales, on les entend mais seul le cerveau a traité l'information. Ça ne vous met pas l'eau à la bouche ? Vous en voulez plus ?
L'intensité énergique est palpable, cependant aux mélodies s'ajoutent une concrète émotion prenant contenance sur des refrains (« Back From Life » ou « Silence » jouée en partie par une guitare sèche) ou bien sur un morceau en entier comme le magistral « The World In Between ». Par ailleurs, on assiste à une démonstration technique sur les oscillations de la ligne instrumentale : les guitares électriques sont couplées à la violence de la batterie et on a aussi le droit à un autre mélange celui des filtres accompagnés (ou pas) du piano comme en témoigne « Abyssal » ou « The Nightfall And All Its Mistakes ».

Instrumentalement, le groupe a su capter l'essence même de l'efficacité ce qui est d'autant plus appréciable que les mélodies sont sublimes. Les multiples envolées sont d'un grand effet ainsi que les morceaux introduits par des interludes typiquement guerriers tirant sur le mystique comme « Transylvania ». Néanmoins des titres tels que « Orphan Of You » restent dans la lignée instrumentale et rythmique de l'orientation générale de Face the Colossus, s'octroyant une folie avec des crissements non-conventionnels.
Vocalement, on a rien à redire, Shawter incarne les leads vocaux avec excellence, sachant ne pas en faire de trop il colle parfaitement à la musique du combo et offre une remarquable interprétation. Il est le responsable de la naissance de la chair de poule sur les moments chargés en fragilité, respectant ainsi les différentes ambiances qui composent cette œuvre. Son chant s'assoit sur la dualité clair et saturé, mais maintenant ce n'est plus une originalité, ce qui étonne c'est sa capacité à délivrer méthodiquement une puissance vocale. Il arrive à calibrer son souffle et son intensité pour frapper chaque syllabe avec justesse. Une justesse harmonique mais aussi émotionnelle, bref il parvient sans peine à mettre les ballades en reliefs ainsi que les refrains habités par des déluges de notes et des effusions de riffs. Lorsqu'il faut redoubler d'effort sur les grands moments de pure furie, le back-vocal propulse le chant à un rang encore plus haut, ou donne la réplique au lead vocal (« The nighfall And All Its Mistakes »).

Alors on pourra reprocher à Face The Colossus de ne pas être assez varié, déchainé ou un chouille trop compact, moi je dirais tout simplement que celui-ci marque un professionnalisme et une maturité d'écriture domptée et force les marseillais à moins partir dans tous les sens. Le groove indus metal qui s'en dégage est fait dans les règles de l'art : méthodique, transcendant et colossal (il fallait que je la fasse), imposant sa force et son caractère grâce à sa structure mélodique et bien consolidée. L'interprétation ne m'a pas laissé sur ma faim, on a suffisamment le droit à des passages incisifs et d'autres plus fédérateurs pour être satisfait.

- ĦĐ -

0 Comments 26 septembre 2008
Whysy

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