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Tout ce qu’on pouvait espérer avec ce nouvel album, c’est qu’il soit aussi intense que In Requiem, sorti il y a deux ans maintenant. On avait retrouvé à cette époque le grand Paradise Lost, capable de nous mystifier pendant de longues minutes avec des rythmiques impitoyables qui côtoient des solos lumineux. C’est ça, la griffe Paradise Lost, cette griffe que les anglais avaient édulcorée depuis une dizaine d’années, en prenant des chemins parallèles. Mais qu’importe, les voilà revenus à leurs premiers amours, et on espérait bien une confirmation avec Faith Divides Us, Death Unites Us, le cru 2009. L’artwork et le packaging, impeccables comme toujours, nous donnent avant l’écoute une indication majeure : finies les teintes colorées, honneur désormais au gris et noir, symboles d’une agressivité et d’une force retrouvées.

Ce qui frappe après une première approche de l’album, c’est le son. Plus massif, plus tranchant, plus fort, on reste un peu hébété devant la puissance qui s’en dégage. Le groupe a effectué un gros travail sur cet aspect, notamment sur la partie rythmique où les guitares deviennent terrifiantes d’intensité. Ce sentiment est encore accentué par les parties batteries, car depuis In Requiem les anglais se sont attachés les services de Adrian Erlandsson (notamment passé chez Cradle of Filth), qui croyez-moi met du cœur à l’ouvrage. Si ce supplément de percussion sied finalement bien à la musique de Paradise Lost, déjà massive par essence, j’avoue que le jeu plus feutré et en toucher de In Requiem s’intégrait plus naturellement dans l’ensemble musical des anglais. Affaire de goût probablement.

Si l’on pousse l’analyse dans le détail, on voit que Faith Divides Us, Death Unites Us est une alternance de titres assez rapides et de titres où le tempo se ralentit, et où les racines doom reprennent le dessus. Si les titres plus heavy sont pour la plupart bien exécutés, on doit reconnaître que le savoir faire de Paradise Lost s’exprime pleinement dans ces chansons mid tempo, belles et noires, où la lead guitare, toujours sublime, chevauche ces rythmiques suffocantes. Le titre éponyme ou encore First Light démontrent ce talent, presque un don, et prouvent la maîtrise totale des anglais sur ce genre de format. L’équilibre subtil entre violence et douceur devient parfois évident, et peu de groupes peuvent se targuer d’atteindre cela.

Dans la démarche globale du groupe d’outre Manche, on retrouve cette volonté d’élégance, de classe, presque de luxe dans la musique, que l’on observe chez certaines formations comme Opeth ou Therion. Sans surcharge de détails, dans un style très épuré, Paradise Lost recherche la sublimation par les ambiances fantomatiques, par la noirceur rampante, par tout un travail de fond (rythmiques, sonorités…) qui s’avère remarquable. Nick Holmes vient parachever cette impression avec ce chant très typé, rare, qui fait étalage tantôt d’une hargne contrôlée, tantôt d’une légèreté théâtrale. Après avoir longtemps tâtonné, le chanteur / leader semble lui aussi avoir trouvé le terrain où il s’exprime le mieux.

Après une longue période où les anglais ont, avec plus ou de moins de succès, expérimenté des voies alternatives, ils semblent depuis quelques années se stabiliser autour d’une logique musicale qui, finalement, n’est que le prolongement naturel d’albums phares comme Icon ou Draconian Times. N’allez pas croire non plus que ce Faith Divides Us, Death Unites Us n’en est qu’une resucée vulgaire, car sur la dynamique de In Requiem, le groupe a su insuffler une identité propre à cet opus. On retrouve, une nouvelle fois, cette approche élégante et travaillée de leur musique, sublimée par une production tout bonnement étourdissante. Au-delà des deux ou trois titres qui paraissent un peu en retrait (le tempo rapide apparaît décentré du vrai cœur musical du groupe), Paradise Lost nous offre encore une fois un album de très haut vol, abouti musicalement et à l’univers artistique saisissant. Une valeur sure pour un groupe qui, à mon sens, fait désormais partie de l’Histoire du métal, purement et simplement.

0 Comments 23 octobre 2009
Whysy

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