Deux tendances lourdes se dégagent aujourd’hui sur le style death mélodique. D’une part, on constate depuis quelques temps déjà une évolution des vocaux : d’un growl grave uniquement, on voit que beaucoup de groupes optent pour la combinaison de growls (clairs et graves) et de chant clair. Des groupes comme Opeth ont dégrossi l’idée, et nombre de formations plus récentes (citons Scar Symmetry) en ont même fait le cœur de leur musique. D’autre part, les rythmiques death et les rythmiques black deviennent difficiles à dissocier, elles se confondent pour former un ensemble à la fois compact et plus instable. L’exemple d’un groupe comme Mors Principium Est est parlant, à tel point qu’on le classe volontiers comme du death black mélodique. Pour aller plus loin, l’avenir du métal passera (et passe déjà) par le croisement de styles bien dissociés jusque-là.

Si je vous parle de ça, c’est évidemment parce que The Autumn Offering, avec cet album, illustre mes propos. En conservant une base death mélodique assez forte, les américains jouent la carte de la dualité vocale, avec une certaine réussite d’ailleurs. Entre une voix claire accrocheuse (qui puise ses influences chez des groupes de nu métal comme Blink 182, avec un soupçon d’agressivité supplémentaire) et un vocal death de qualité, le groupe originaire de Floride alterne et anime bien son album.

Ce qui est sûr, c’est que The Autum Offering regorge d’énergie, et le prouve avec des titres surpuissants et d’une efficacité terrible, citons The Castaway ou Dystopiate qui délivrent leur dose d’adrénaline pure. Néanmoins, le groupe joue également sur un registre plus ambient, avec certains titres qui font la part belle à la finesse. Silence and Goodbye notamment montre les belles dispositions des américains à un métal plus coulant, assez proche d’un Nickelback doté de cette couche supplémentaire de vernis noir qui matérialise la différence entre rock et métal. En tout cas, ce style croisé leur sied très bien.

L’ensemble de ce Fear Will Cast No Shadow est globalement bien construit, jouant avec cette alternance décrite plus haut. Dommage que ça manque parfois un peu d’équilibre, avec des titres plus faibles (Your Time Is Mine par exemple), et surtout d’originalité. En effet, The Autum Offering ne réinvente pas la poudre à canon avec cet album, son mérite se situant plutôt dans le fait de reprendre avec beaucoup de talent et de passion ce qui existe déjà ailleurs.

Pour un troisième album, The Autumn Offering s’en sort avec les honneurs. Malgré un manque d’originalité et quelques titres un peu brouillons, le combo américain se fait plaisir et nous fait plaisir avec Fear Will Cast No Shadow. On oublie souvent de dire à quel point l’envie et l’énergie d’un groupe peuvent influer sur le résultat final d’un album, mais en écoutant celui-ci, on n’en doute pas une seconde. Le manque d’innovation (d’ailleurs la scène américaine n’a jamais été reconnue pour ça) est selon moi compensé par le flair et la technique de ce groupe très prometteur. Un nom à suivre dans le futur.