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Devant une page blanche on devient souvent désemparés, vidés de toutes idées, ou au contraire frappés par une avalanche d’ouvertures possibles que l’on trouve finalement toutes plus mauvaises les unes que les autres, trop peu originales, ou répétitives. Le spectre de nos décadentes années passées dans les salles de classes nous rattrape, et on se retrouve dans le même pétrin que jadis, à essayer de trouver un bon sujet amené pour satisfaire au standard lyrique que l’on tentait de nous inculquer. Si ce que vous lisez en ce moment vous semble être dénué de sens, ou que vous ne voyez pas très bien où cela peut mener à une chronique d’album, détrompez-vous. Par cette tirade bien peu standard, je vous amène un point : Il n’est pas nécessaire de faire compliqué pour faire bien (vous m’excuserez ce brin de prétention). En écriture ou en musique, la morale reste la même. Prenez par exemple cet album que je vous chronique : Final Conversation of Kings. Un album d’une identité propre, d’une mélodicité et d’une qualité atteinte sans avoir recourt à une multitude d’artifices électroniques, de shreds à la Malmsteen ou de rythmes roulants et pesants. C’est un peu le propre du rock progressif : savoir développer des atmosphères et transporter des émotions sans verser dans le trop compliqué. The Butterfly Effect nous en livrait l’an passé un sacré bon exemple.

Relatif inconnu du monde du prog, le groupe Australien en est quand même à son troisième album, atteignant le numéro 3 du palmarès des ventes au pays des marsupiaux sautillants. La musique est avant tout très accessible, versant parfois vers des sonorités presque pop, mais toujours en conservant cette identité propre. Ce qu’on remarque immédiatement et qui séduit, c’est la manière dont Kurt Goedhart utilise son instrument à six cordes : riffs classiques ou support mélodique, solos simples mais hautement mélodiques et touchants, la guitare est ici très bien développée et la technique est diversifiée. Prenez par exemple les passages de tapping sur les couplets de ...and the promise of the truth ou encore sur The Way. Window and the Watcher présente quant à elle une utilisation plus standard des rythmes, dans une pièce plus dynamique. Sum of I clôt l’album avec une autre bonne utilisation de la guitare mélodique, renouvelant constamment sa sonorité. Preuve d’un mixage bien ficelé, cette guitare ne sature jamais le son, laissant à la basse une place bien audible (In these Hands). Les couplets de 7 Days voient même cette basse prendre un rôle accru dans la mélodie pour un effet d’équilibre sonore bien intéressant et reposant. Au delà du travail des instrumentistes du groupe, on a jugé bon d’ajouter quelques notes de clavier très discrètes ci-la. Une trompette se fait aussi entendre sur quelques pièces pour un effet original et légèrement jazzy (The Way, ...and the Promise of the Truth)

La musique de The butterfly Effect ne saurait être complète sans Clint Boge, chanteur et frontman du groupe. La voix claire et lyrique s’amalgame à merveille à l’atmosphère musicale, et si Boge sait chanter d’une manière très calme, il sait aussi corser le ton pour aboutir à un effet plus rock n’roll (Window and the Watcher). Encore une fois loin de toute prétention technique, la voix revendique l’appartenance complète à l’identité musicale du groupe, à tel point qu’il n’est pas aisé d’en faire de justes comparaisons.

L’ensemble des éléments cités plus haut se révèle donc être un rock progressif dans les ambiances développées, chargé d’émotions sans devenir trop chialeur et tout de même souvent dynamique. Je pourrais citer un croisement entre les chemins empruntés par Porcupine Tree et Muse : Alors que quelques pièces présentent une structure non standard et progressive (Worlds of Fire, The Way), la majorité de leurs consoeurs présentent tout de même cette forme classique d’alternance de refrains et de couplets, avec des breaks souvent bien intéressants, et où l’on retrouve bonne part des élans mélodiques et progressifs, par exemple lorsque la trompette vient mettre son grain de sel. Cette structure oblige par contre à des pièces courtes, rarement de plus de 4 minutes, ce qui donne un album qui dépasse à peine la demi-heure, et on en reste un peu sur notre faim. Certaines pièces auraient peut-être gagné à être allongées, cassées pour y permettre une meilleure immersion, un développement du fond moins contraint par la forme.

En bonne voie de succéder à Demians pour le titre d’album prog rock de l’année, Final conversation of kings s’avère donc une découverte, un album certes trop court mais d’une profondeur planante. Bijou de rock progressif sans être trop peu abordable, il saura plaire aux néophytes du genre comme aux habitués. Qui donc a dit que la musique se devait d’être compliquée pour être enivrante? Essayez donc pour voir !

Felixbm

J’ajoute le support visuel de ce superbe vidéo pour votre appréciation…



0 Comments 05 juin 2009
Whysy

Whysy

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