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Que vous teniez cet album entre vos mains tient un peu du miracle. En effet, qui donnait cher de la peau de Gotthard après la mort brutale de leur emblématique chanteur Steve Lee ? Peu de gens assurément. On ne peut pas dire que le groupe était particulièrement en pleine expansion, sa carrière suivant tranquillement son cours et son âge d'or étant derrière lui. Là où un "AC/DC" se devait de rebondir pour ensuite devenir le plus grand groupe de hard-rock du monde, Gotthard n'avait que son amour de la musique à quoi se raccrocher. Et c'est ce qu'ils ont fait. Après moult réflexions et remises en questions, les quatre membres restant en sont arrivés à la conclusion que la musique était leur vie et qu'il n'était pas question de s'arrêter là et de se dire adieu. Continuer en changeant de nom ? Steve Lee représentant 50% de l'identité du groupe, cette démarche aurait pu se comprendre. Mais d'un autre côté, capitaliser sur l'enseigne "Gotthard" était aussi légitime.

C'est donc la deuxième option qui a été retenue et après plusieurs auditions, le relatif inconnu Nick Maeder a décroché la timbale. Les bons points de son CV ? Il est suisse, chante dans le même registre que son défunt prédécesseur et s'avère accessoirement toucher à plein d'instruments, guitare et piano en tête. Un remplaçant de choix techniquement parlant couplé à une personne avec laquelle le courant est incroyablement bien passé durant ces auditions, voilà pour les présentations. Rapidement, un nouvel album a été annoncé et un single dévoilé. Remember it's Me, ballade fidèle à l'esprit Gotthard était hautement symbolique. Morceau composé et enregistré durant ces fameuses auditions, il venait aussi insolemment nous dire en substance "hey, vous avez vu ? C'est moi le nouveau chanteur, zavez intérêt à vous souvenir de moi !". Mais ne leur jetons pas la pierre, le morceau se voulant très solennel et gorgé d'émotions, en dépit d'un break un peu hasardeux. Un autre single plus tard, l'efficace Starlight et voilà débarquer "Firebirth", dixième album du groupe (hors live et compilations) à l'artwork pour une fois très réussi et à la symbolique évidente, celle du phœnix qui renait de ses cendres. Alors au final, renaissance ou pas ?



Et bien nous serions tentés de répondre oui. Et cela pour deux bonnes raisons, cet album est loin d'être mauvais et se veut dans la directe continuité de son cadet "Need to Believe" qui n'était pas franchement ce que l'on appelle un album raté. Alors oui, Gotthard nous a vanté un certain retour aux sources opéré sur cet album et ils n'ont pas complètement tort. Si le son du groupe se veut moderne et fidèle à ses récentes réalisations, l'esprit est franchement ancré dans les années "G" avec un hard rock simple et dénué d'artifices et autres effets électroniques. Seule la talkbox fera son apparition sur le très remuant Right On (à ne pas confondre avec "Ride On" présent sur "G") mais cet artefact a toujours fait partie de la palette à outils du groupe donc on va dire que ça passe... Côté zikos, on retrouve donc la même bande, toujours affutée, à la section rythmique imparable et aux guitares incisives et versatiles. Chez Gotthard Corporation, on le mérite son label "100% swiss quality" !

Pas de surprise donc au menu de cet album. Du hard rock qui envoie bien, des ballades calmes, des ballades moins calmes et des mélodies en veux-tu en voilà que si t'en veux pas fallait rester dans ta cave à égorger des poulets. A vrai dire, le seul élément nouveau est bien sûr le petit Nick et la question majeure se posant à propos de cet album est "Nick Maeder fait-il honneur à Gotthard ?". Réponse : oui. Mille fois oui. Nick Maeder est imprégné de cette musique, la chante de la façon la plus naturelle qui soit et semble faire partie du groupe depuis toujours. Mais si cette impression perdure, c'est surtout dû au fait de sa forte ressemblance vocale avec Steve Lee. Si leur timbre n'a pas grand chose à voir (vous me direz, aucun chanteur ne peut avoir grand chose à voir avec Steve Lee...), c'est surtout au niveau des intonations et la façon de chanter que le mimétisme est troublant. On ne va pas faire l'inventaire des morceaux incriminés mais nombreux sont ceux où en fermant les yeux l'impression d'entendre un Steve Lee moins incisif se fait forte. Car, malgré tous ces efforts, malgré son talent évident, Nick Maeder ne peut que souffrir de la comparaison avec Lee et ne possède pas ce timbre si particulier qui faisait la force du groupe.



C'est ainsi qu'un morceau comme Yippie Aye Yay possède un riff d'enfer, déboîte tout mais souffre d'un refrain manquant légèrement de relief. Et quand on écoute Starlight, taillé pour ouvrir les concerts ou encore le lancinant S.O.S., on se dit que ces morceaux sont plutôt bons mais que l'âme de Steve pèse trop dessus et fait trop ressentir son absence pour que les dits-morceaux accèdent au rang de tueries, distinction largement décernée au fil de la discographie de Gotthard. Ensuite il y a les morceaux vraiment rente-dedans qui s'avèrent excellents et où le rapprochement avec Lee se fait le plus insistant. Écoutez le refrain de Give Me Real, le "On and On I'll, on and on..." de Fight ou encore The Story's Over, si ce n'est pas du Lee tout craché... Cela dit, un morceau comme le rapide I Can joue moins sur ce tableau et vient se poser comme un des morceaux les plus réussis de l'album, aux côté de Right On et Starlight, en tout cas pour les morceaux "heavy".

Car qui dit Gotthard dit ballaaaaaaades et cet album ne déroge pas à la règle. Seulement voilà. Si Remember it's Me est très réussie, que dire de Tell Me, niaiserie sans nom (je vous épargne les paroles, sans doutes les pires que le groupe ait pu pondre) ou de Shine et Take it All Back, power ballades façon "Break Away" ou "Unconditionnal Faith", plutôt génériques et sans âme. A vrai dire, il faut attendre la fin d'album pour essuyer une larme sur Where Are You, ballade dépouillée écrite par Leo Leoni en hommage à son défunt camarade. Pour le coup ce morceau arrive à toucher, tout en subtilité et retenue pour un résultat des plus émouvants. Si Leoni voulait honorer son ami c'est réussi.

Que dire au final de ce "Firebirth" ? Indéniablement Gotthard a su relever la tête et proposer un album réussi, ni meilleur ni moins bon que pouvait l'être son prédécesseur. Au menu des titres remuants globalement réussis et des ballades à la qualité variable. A vrai dire, le seul défaut de cet album est qu'il lui manque Steve Lee. Pas question ici de jeter la pierre à Nick Maeder qui a abattu un boulot formidable, mais comment ne pas exprimer de regrets lorsqu’on s'imagine certains morceaux de cet album chantés par Le Maitre ? En recrutant un chanteur vocalement très proche, Gotthard a pris l'inévitable risque de s'exposer à la comparaison et c'est ce qui se passe ici, que nous le voulions ou non. Et oui, si Steve Lee était encore là, certes les morceaux seraient différents mais ils auraient assurément eu plus de mordant.

Bref. Si vous êtes un novice, jetez-vous sur "Firebirth" car il est très bon. Si vous être un connaisseur, réjouissez-vous que Gotthard soit encore en vie et ait pu proposer un album de ce calibre, mais ne comptez pas non plus sur lui pour venir
détrôner les "Dial Hard", "G" ou autres "Domino Effect".




0 Comments 25 juin 2012
Whysy

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