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Night In Gales,à ne pas confondre avec son presque homonyme Nightingale, revient après dix d’absence avec un nouvel album nommé Five Scars. Autant de disques que de cicatrices à inscrire à son palmarès, puisque cet opus est le cinquième pour le groupe allemand. Après avoir été très productif à la fin des années 1990, avec pas moins de quatre albums et un EP sortis entre 1996 et 2001, Night In Gales ralentit la cadence au point de devenir presque aphone. Entre Necrodynamic et Five Scars une décennie s’est écoulée et malgré deux démos et un autre EP publié dans ce laps de temps, nos voisins d’outre-Rhin n’ont guère fait parler d’eux. L’erreur est réparée et Night In Gales a mis en boite un album de death metal teinté de thrash.

Les allemands n’ont pas vocation à réinventer le fil à couper le beurre et ça se sent à l’écoute de Five Scars. On reste, au tout long de l’album, sur un schéma de chansons classiques de death melo/thrash : les passages très mélodiques répondent au chant plus piquant et ce petit jeu se poursuit ad vitam aeternam. On retrouve des influences à la Arch Enemy par endroits, notamment dans les lignes musicales. Et parfois, quand Night In Gales varie légèrement de sa direction principale et propose des titres plus mesurés, c’est un lointain écho à la Iced Earth qui vient nous titiller (“The Tides of November”). Rien de bien défini toutefois, juste un air diffus qui rappelle des souvenirs.  Ainsi, si Night In Gales n’innove pas vraiment, le groupe reste cohérent dans ses choix et colle aux pré-requis actuels.

Musicalement le groupe tient la route et parvient à composer d’intéressantes mélodies comme en témoigne “This Neon Grave”, plein de poigne et tout en rondeur dans ses lignes instrumentales. Si globalement (il ne faut pas se leurrer) Five Scars reste un disque plutôt péchu avec des riffs bien définis, les allemands réussissent également à insérer quelques passages plus atmosphériques, plus aériens qui ont le mérite de donner une lecture de l’album à deux niveaux.  Ainsi, alors qu’on aurait tendance à s’attendre à une entrée en matière rapide et directe, Night In Gales choisit de brouiller les pistes avec un titre d’introduction plutôt sombre (le morceau porte donc plutôt bien son nom puisqu’il s’appelle “Epitaph”) et reposant, en tout cas très mélodique. D’ailleurs “Epitaph”, au même titre que l’outro “The Wake”, elle aussi entièrement instrumentale, constituent les moments les plus intéressants et les plus aboutis de Five Scars. Complètement décalés mais parfaitement intégrés à l’ensemble, ils entament et concluent l’opus sobrement et avec une certaine classe. De la même façon, les passages plus calmes de “Days of The Mute” s’intègrent bien à l’atmosphère générale de l’album, par ailleurs, plus enlevée. “Days of The Mute” est aussi modérée que “Five Scars” est énergique (du moins dans sa partie principale). Elle offre une réveil brutal et rappelle avec force conviction la ligne directrice de nos voisins d’Outre-Rhin, pour finalement mourir en douceur sans qu’on ne s’y soit attendu. De la même manière, “The Tides Of November” offre un beau compromis entre puissance et nuance, entre mélodie et brutalité.

On peut comprendre qu’après dix ans de silence, un groupe soit volubile, ait des tas de compos sous la main et une foultitude de choses à dire. Malheureusement, ça ne fonctionne pas toujours et Five Scars tourne vite en rond. En proposant des titres très homogènes, le groupe se tire une balle dans le pied et on s’ennuie vite à l’écoute de cet opus. A force d’entendre le chanteur hurler comme un beau diable dans son micro toujours de la même façon, on voudrait que Five Scars se termine plus tôt que prévu. L’ensemble aurait gagné à être raccourci d’un ou deux morceaux. Les plus faibles, “Endtrip” ou “Whiteout”, sont ainsi parfaitement dispensables et alourdissent Five Scars plus qu’ils ne le servent.

Autre coup du sort qui vient plomber le nouveau disque des allemands : le temps qui passe. Les attentes des auditeurs de 2011 ne sont pas les mêmes que celles de 1997. On sent bien que Night In Gales a fait un effort pour coller à la tendance des groupes actuels. Une manière de ne pas produire un album anachronique sans doute. Mais, au sortir de cette manoeuvre, on a le sentiment que tout ceci a été fait au détriment de l’authenticité. Quelle perte entre Towards The Twilight et Five Scars ! Alors que le premier avait, malgré son côté très classique, un aspect attirant et convaincant, le second semble vouloir piocher dans les sonorités nouvelles, non par conviction mais par opportunisme ou facilité. “Void Venture” essaye tant bien que mal de raccrocher les wagons du passé dans sa partie médiane mais on n’y croit guère. Alors oui, j’ai bien conscience que c’est un peu facile d’attaquer Night In Gales sous un tel prétexte (surtout quand on ignore les véritables intentions du groupe) mais il faut dire que le changement n’est pas vraiment une bonne chose pour les allemands..

Si côté instruments, on l’a vu, on ne débrouille pas trop mal (même si on regrette le virage moderne de la musique) et on arrive à créer une vraie ambiance, côté chant, en revanche, c’est plus inégal. Björn Gooßes a beau s’époumoner de toutes ses forces, on a du mal à décerner une harmonie aussi bien avec la musique, qu’avec l’atmosphère de l’album. “A Mouthful Of Death” était très bien avant qu’on n’entende le timbre du chanteur. Même constat, avec “Bloodsong” qui n’est pas très agréable à l’oreille. C’est très agressif sans qu’on sache trop pourquoi. Là encore, on ne peut s’empêcher de voir une conséquence de cette recherche de son nouveau, le décalage apparaissant moins sur les opus précédents. Il n’y a que les moments où Björn Gooßes module un peu sa voix en un timbre plus clair, quand il la rend moins hachée (“The Tides of November”) , ou quand il se fait aider par des choeurs (“Blackmouth Blues”) qu’on se dit que la combinaison des deux peut marcher. Autrement, c’est assez confus.

Je ne sais pas trop ce qu’on peut attendre d’un groupe après une longue absence mais sans doute quelque chose d’un peu mieux que ça. Five Scars pêche par son côté brouillon et bancal : le chant très irritant (sans faire preuve de beaucoup de passion) et manquant de coffre plombant les instruments. Il aurait mieux valu faire plus court, aller à l’essentiel plutôt que de se perdre à vouloir trop en faire. Cependant, quelques mélodies plutôt bien trouvées arrivent quelques fois à se démarquer. Pour ceux que ça intéresse, ça peut valoir le coup de se pencher sur cette nouvelle production de Night In Gales.

Nola

0 Comments 16 novembre 2011
Whysy

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