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Vous avez tous déjà vu cette affiche de propagande américaine au moins une fois dans votre vie : cette image où le sosie de l’Oncle Sam vous regarde avec force et détermination, en pointant son doigt accusateur sur vous, avec comme légende le fameux slogan I Want You For US Army, depuis repris à toutes les sauces possibles et imaginables. C’est un peu à ça que m’a fait penser ce groupe, Echoes Of Eternity, avec un slogan qui aurait pu être I Want You For US Metal et un oncle Sam avec bracelets à pics et maquillage blafard autour des yeux. Car le combo américain s’est effectivement attaché les services d’une chanteuse québécoise pour la sortie de leur album, Forgotten Godess.

La scène métal américaine est en train de s’ouvrir, c’est un fait. Elle s’étoffe, et ne tourne plus uniquement autour de son noyau historique hardcore / metalcore. On voit de plus en plus de formations d’outre Atlantique proposer un métal aux consonances et inspirations plus européennes. C’est le cas avec cet album, mélange de heavy, death et gothique, le tout surmonté d’un chant féminin, assuré par Francine Boucher, notre fameuse québécoise, dont la voix ressemble à s’y méprendre à celle de Liv Kristine (Leave’s Eye, ex Theater Of Tragedy).

Et justement, commençons par le chant : c’est le point faible de Forgotten Goddess, disons le dès maintenant, et ce pour plusieurs raisons. Techniquement, c’est faible, prenez par exemple Expressions Of Flesh, c’est agréable à écouter, mais au final c’est poussif, les liaisons vocales sont fastidieuses, pas aidées c’est vrai par une production elle aussi assez faible et des effets vocaux qui brident la chanteuse plus qu’ils ne l’aident. On ne sent aucune énergie, aucune envie dans cette voix, aucune initiative, et si ça passe sur un ou deux titres, ça devient vite ennuyeux et répétitif sur l’ensemble de l’album.

C’est d’autant plus dommage qu’un effort a été justement fait sur les parties instrumentales. Le guitariste Brandon Patton nous délivre des lignes intéressantes, quelques fois thrashy, quelques fois plus heavy, avec en prime l’intégration de parties acoustiques (Burning With Life, The Kingdom Within ou Circles In Stone) qui en plus d’être bien exécutées, apportent une fraîcheur appréciable à l’album. Le travail à la batterie est lui assez dense (même si mal mis en valeur par un mixage inhibiteur), lorgnant quelquefois vers le progressif avec des parties enlevées, techniques à souhait mais assez accrocheuses au final. C’est quand même un peu inégal, avec des titres forts (Circles In Stone, Lost Beneath A Silent Sky) et des titres plus faibles (The Forgotten Goddess avec pourtant un chant en français, Expressions Of Flesh), dommage car le groupe a le feeling et le talent pour faire des tubes à la chaîne, on le sent assez clairement sur quelques chansons.

On sent que le combo américain tâtonne encore, cherchant à se construire un univers musical propre et novateur. C’est parfois un peu brouillon, tant au niveau de la production que des compositions, ça manque d’intensité sur certains titres, et les parties vocales sont trop linéaires, trop empruntées et trop limitées techniquement. Mais voilà, il y a pour moi l’ébauche d’une démarche assez intéressante, qui cherche à coupler inspirations death dans la structures des refrains, son plutôt heavy, chant très éthéré, presque lyrique, et surtout des parties acoustiques de grande qualité. Pour le moment, tout cela forme un magma musical assez éclaté, mais avec un peu plus de temps et d’expérience, une cohérence plus grande et un chant plus étoffé, Echoes Of Eternity peut se donner les moyens de faire de très belles choses. Forgotten Godess représente un premier jet quelquefois génial, quelquefois confus, mais d’une qualité intrinsèque très grande. Les américains doivent désormais confirmer, et ils seront attendus au tournant.  

0 Comments 16 février 2007
Whysy

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