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Il est toujours difficile de chroniquer le premier album d'un groupe totalement inconnu, surtout si celui-ci ne laisse que très peu de traces sur la toile.
Deux néo-zélandais se cachent derrière ce nom énigmatique, emprunté à un écrivain de science-fiction: Andrew McCully, qui fait à peu près tout, et Benjamin Morley, guitares et vocals. Et puis c'est tout! Ils ont eux-mêmes assuré l'enregistrement, la production, le mixage, le mastering et l'artwork de l'album, le café du studio, même si je pense que celui-ci, ils ne l'ont pas moulus eux-mêmes. Sait-on jamais.
Tout cela n'est pas sans rappeler les grandes heures du rock garage, des débuts du punk ou du black metal, quand Fenriz et Nocturno n'étaient que deux ados boutonneux qui enregistraient des démos atroces dans leur cave. Mais je vous parle d'un temps... (et patati et patata) bref, aujourd'hui il est devenu possible de faire un truc potable dans sa chambre donc on se dit allez, je leur donne une chance à ces deux p'tits gars, ça se trouve ce sera écoutable.

Grave erreur.

Dès les premières secondes de Danger Eyes qui claquent comme un coup de tonnerre, la baffe est magistrale, et on comprend qu'on s'est largement fourvoyé. Dans un style totalement novateur, au croisement de Dream Theater, Porcupine Tree et King Crimson dernière version (avec quelques délicieux soupçons de Cynic également), le metal-prog atmosphérique de Look To Windward nous emmène sur des chemins jusque-là inexplorés. Mais déjà, après seulement quelques minutes d'explosion sonore, un break étrange, atonal et maladroit, vient couper notre élan. Ce n'est que partie remise, et le riff du début nous en remet plein la vue, même si l'attente a été un peu longuette. C'est là le gros point faible de cet album.

Clairement, les deux kiwis savent ce qu'ils font: growl puissant, choeurs éthérés, rythmiques saccadées, grosses guitares et riffs heavy, samples électro du meilleur effet, et parfois des instants de pure grâce carrément floydiens, mais tout ce merveilleux ensemble est trop souvent entrecoupé de passage plus lents, dénués d'intérêt. Et ce n'est pas le cas uniquement sur ce premier morceau. Là où le miracle opère, c'est qu'à part Zero Parallax, tous les morceaux s'écoutent sans aucun problème, pour peu qu'on ait une certaine tolérance à l'ambiant expérimental.

Comprenez-moi bien, je ne parle pas des beaux moments où le groupe se fait plus doux, calme et beau, mais bien de certains passages ratés, au niveau de la construction. Et c'est bien dommage, parce que les idées géniales fourmillent dans cet album. Par exemple, dans Fortunes Haze II: Exodus/Return, on alterne les passages magnifiques et un peu chiants, jusqu'à la 10è minute du morceau où un riff génial que n'aurait pas renié Devin Townsend nous casse littéralement en deux... l'espace d'une trentaine de secondes seulement, puis on passe à la plage suivante.

Frustrant? Oui et non. Effectivement, on aurait aimé que certaine très bonnes idées soient plus élaborées, mais elle sont si nombreuses que ça rattrape le coup: « Control », très belle ballade aux magnifiques choeurs, qui se transforme en hymne progressif où la maestria des deux musiciens est à son paroxysme; « Behind Red Curtains », que les fans d'Opeth écouteront en boucle; « Deception », bluette acoustique qui se transforme (encore) en explosion de sons sur un magnifique arpège de piano.

Un album long, dense, très varié, parfois raté mais heureusement, sinon j'en connais un paquet qui pouvaient se ranger des voitures après avoir écouté Fortunes Haze, de Look To Windward.

0 Comments 05 avril 2011
Whysy

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