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Nouvelle sensation du death métal français, les jeunes loups de Gojira viennent de fêter leur 10 ans. Il s'en est passé des choses depuis leur naissance, à commencer par la sortie de 2 albums. Ce n'est pas beaucoup, et nos français prennent le temps de peaufiner chacune de leur offrande à un public de plus en plus nombreux. Leurs précédents albums firent grand bruit dans le monde très fermé de la musique extrême, et c'est une grande nouvelle qui attend nos 4 fous, car c'est le gros label Warner Music qui distribue, en France,  From Mars To Sirius leur nouvel album. Un album très attendu, bénéficiant d'un concept plutôt intéressant.

En effet, Gojira a toujours été un groupe engagé dans la lutte pour la terre. On pourrait les qualifier de groupe écolo... Et non raté, il ne s'agit pas là d'un groupe de death avec des paroles putrides sur la mort, la torture et autres joyeusetés. Gojira est un groupe affreusement sérieux, sa musique est rigoureuse, et son concept est poussé. On remarque la symbolique du titre... From Mars To Sirius. En effet, dans notre culture, Mars est en rapport avec la guerre, des connotations masculines, tandis que Sirius, dans d'autres cultures, symbolise la paix ainsi qu'une énergie plutôt féminine. Le titre pourrait donc être interprété comme un voyage intersidéral pour au final passer de la guerre, à la paix. C'est en gros le concept de l'album, un concept croisé avec une lutte écologiste possédant en symbolique la baleine, présente sur la pochette.

Gojira est un groupe intelligent, un groupe qui tente de faire évoluer sa musique. Ayant peur de trop lasser l'auditeur, ils se sont attelés pendant les 2 dernières années à l'écriture de ce nouvel album. Il en résulte une amélioration dans la composition. Les titres sont mieux construits, les compositions plus travaillées, les ambiances ont été améliorées et se révèlent plus nombreuses. Cet album pourrait être celui de la maturité, en témoignent le concept d'un côté, la production de l'autre. Elle confère à l'album une force incommensurable, une puissance folle qui saura satisfaire tout le monde. De l'excellent boulot. Jusqu'au boutiste, même le packaging a été peaufiné à l'extrême. Une présentation sobre toute à l'aquarelle, un artwork classieux, et un digipack qui sent bon le professionnalisme.

Musicalement, le groupe a fait très fort une fois de plus. Gojira est passé maître dans l'art du death métal, un death métal personnel. En effet, le groupe a su se forger un son solide et un style inimitable. Très technique mais pas brutal, Gojira évolue dans une musique agressive et violente à base de riffs vénéneux au feeling impeccable. Le travail guitaristique est tout à l'honneur de Jo Duplantier et Christian Andreu qui, aidé d'une rythmique solide, assène à l'auditeur des riffs précis et gargantuesques toujours instigateur d'une ambiance lourde et de mélodies cachées. En effet, sous cette déferlante se cachent toujours de subtiles mélodies. Bien sûr, Gojira ne joue pas d'un death mélodique à outrance, mais c'est un bon compromis entre mélodie et brutalité. De même, le groupe n'oublie pas de se montrer subtil et parvient à rendre sa musique atmosphérique à l'aide d'accords acoustiques ou autres breaks mélodiques.

Je parlais plus tôt d'une rythmique implacable. On la doit au monstre Mario Duplantier caché derrière les fûts, il est le frère du chanteur/hurleur et possède un talent certain. Ses rythmiques sont incroyables de technique et il enchaîne les breaks, les blast beats, les contre-temps sans faillir. Il possède déjà un jeu varié et puissant qui sied à merveille à Gojira. Au niveau du chant c'est aussi l'extase. Le panel de voix utilisé est large, on évite ainsi d’être lassé. On passe d'une voix soufflée, à de longs passages en vocaux clairs. Majoritairement en voix death, le chanteur se laisse aller à d'autres timbres plus écorchés, plus hardcores, voire même quelques gueulantes blacks... Tout y passe, avec classe et sans surenchère.

Au niveau des compositions, c'est terrible. Gojira nous propose 66 minutes de musique de très haut niveau. Les compositions sont variées. De ce fait, on obtient des titres progressifs comme Ocean Planet, Where Dragons Dwell, Flying Whales ou In The Wilderness possédant un rythme lourd et lent. Ces titres dépassent pour la plupart les 7 minutes. En contraste à ces titres longs et lents, Gojira propose des titres longs et rapides (en effet, les titres durent en moyenne 6 minutes) tels que les incontournables Backbones, From The Sky ou The Heaviest Matter Of The Universe. Chacune de ces 3 compositions possède des riffs heagbanguant et une rythmique dantesque. Ils ne seront pas au goût de tout le monde, car les mélodies, bien que présentes, sont très offensives... Intelligent, Gojira l'est jusqu'au bout. En effet, l'album est ponctué d'instrumentaux qui soulignent une fois de plus le concept et la symbolique autour de la baleine. Unicorn est un doux et court instrumental agrémenté par le chant des baleines... atmosphérique et reposant. Les bordelais se sont aussi montrés expérimentaux car pour la première fois, ils ont composé une chanson en deux parties. Une petite évolution de leur part. From Mars est une ballade calme, sorte de marche intergalactique suivie d'une explosion (To Sirius) death métal sans concession. L'album se termine par un titre atmosphérique à la mélodie surprenante. Global Warming possède son lot de voix claires. Le titre appuie la thèse écologiste du groupe en parlant des méfaits du réchauffement planétaire.

Avec From Mars To Sirius, Gojira propose une offrande extrême qui séduira les amateurs de musique agressive et intelligente. Technique à souhait, sans concession, il n'est pas étonnant qu'ils soient nommés comme les "Morbid Angel Français". En dépit de ses nombreuses qualités, l'album possède quelques longueurs et certaines compositions (notamment les plus longues) peuvent énerver par leur aspect un poil répétitif. Mais ne boudons pas notre plaisir, nous avons là une petite bombe à consommer sans modération !

...TeRyX...

0 Comments 27 décembre 2005
Whysy

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