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Je suis en terrain glissant. L’homonyme champion de la Margarine est un voisin gênant. Comment ne pas me ramasser un gros gadin si je décide de faire l’impasse sur ce passage quasi-obligé dans une chronique qui consiste à comparer l’objet de celle-ci avec Tartempion ou Trucmuche. C’est vrai, c’est plus facile. Plus gras.
Je pourrais tartiner d’entrée une grosse couche en révélant qu’Astra a commencé sa carrière en faisant des reprises de DREAM THEATER. Mais c’est peut-être déjà trop. C’est une grosse tartine, DT, et on friserait déjà l’indigestion, du coup.
Ou pas.
ASTRA a désormais refermé son livre de recettes signées Portnoy-Petrucci, mais a gardé le souvenir de quelques flagrances et saveurs qu’il est toujours bon d’accommoder dans sa cuisine. Une cuisine light, c’est inespéré… Mais pour combien de temps?
Parce que la deuxième grosse tartine est déjà là. Bien grassouillette, prête à nous en boucher un coin: DGM. Moins d’étoiles au guide Métalin qu’un DT, mais ceux qui y ont déjà goûté savent. Une cuisine inimitable, qui nourrit bien son homme. Qualité et quantité.
Inimitable?
Et si ASTRA en détenait l’un de ses ingrédients, l‘un de ceux qui contribua à la renommée de DGM jusqu‘à il y a quelques années? Tita TANNI, par exemple. Une voix, tellement caractéristique. Tellement, qu’il sera difficile à votre oreille de ne pas en humer les flagrances sonores inimitables dés OVER THE HILLS. Vous ai-je dit qu’ASTRA nous venait d’Italie? Ah, L’Italie… Et ses pâtes. On dit que ce sont les meilleures du monde. Les toutes premières ont pourtant été fabriquées en Chine. Et bien, Tita, c’est un peu comme les pâtes. Au début de cet album on va penser Chine, pardon, DGM. Et puis on oubliera DGM. Tita et ASTRA, indissociables, finalement. Comme les pâtes et l’Italie.
Bon, DREAM THEATER, c’est fait. DGM, c’est fait. Je devrais peut-être évoquer SYMPHONY X, à cause d’un semblant de riff. ARK aussi peut-être, à cause d’un refrain. PAGAN’S MIND aussi, pourquoi pas…certains claviers. Ah tiens QUEEN, aussi! Oh, et puis ASPERA, que j’ai découvert récemment…
Non, décidément, cette cuisine-là et toutes ces références culinaires ne me conviennent pas.
Parlons d’ASTRA, tout simplement. Nan! Pas la margarine!!

Un mur rythmique couleur métal. Des riffs suffisamment agressifs, mais pas trop non plus. C’est bien dans l’air du temps, et l’on devine bien vite que l’on est parti pour 10 titres d’un prog moderne, couillu mais très mélodique. Revers de la médaille, on va bien sûr penser à tout un tas d’autres groupes qui surfent sur la vague d’un prog débarrassé des années 70, décomplexé, et qui jouent la carte d’une plus grande accessibilité pour les profanes. Alors disons le tout de suite: ASTRA va se contenter d’ajouter sa pierre à l’édifice, et ne se démarquera pas par une excessive originalité.
Mais c’est tellement bien fait, que le plaisir d’écoute s’imposera dés OVER THE HILLS. Et autant soulever le deuxième écueil, tant qu’on y est. Le plaisir est d’autant plus leste à nous saisir que les mélodies sont… immédiates. Des refrains, encore des refrains, souvent brillants, jamais médiocres, et aisément mémorisables. C’est donc là qu’on parle « durée de vie »… Parce que le prog, on aime bien qu’il ne se dévoile pas trop vite. La composition à tiroirs, apanage du genre, ne doit livrer ses secrets que petit à petit. Et c’est là que la bât peut blesser. ASTRA, je l’ai dit, a opté pour un prog plus facile d’accès. Imaginons une combinaison d’un power énergique, d’un rock qui l’est tout autant et même d’un hard FM qui peut transparaître lors de l’utilisation de certains chœurs dans les refrains notamment, et il faudra vite admettre que la composante prog n’apparaît réellement - si l’on excepte les riffs caractéristiques- que lors des breaks instrumentaux. Cela en décevra certains, mais en contentera d’autres, qui trouveront alors ce prog agréablement « concis » .

La musique d’ASTRA est à l’image de la voix de Tita. Contrastée, versatile.
C’était déjà ainsi avec DGM, Tita pouvait passer d’une ligne de chant quasi doucereuse à quelque chose de nettement plus survolté et agressif en l’espace d’une respiration. Il en est de même avec ASTRA.
Comme sur DGM, l’espace sonore occupé par son chant est impressionnant. Un organe charismatique qui ne cherchera pas à flirter avec les aigus, définitivement l’instrument n°1 quand la partition d’ASTRA se situe dans le power ou le rock, ne laissant les autres instruments -je pense surtout aux guitares et claviers- reprendre le dessus que lors des breaks instrus.
On en viendrait presque à penser que ce sont bien les mélodies développées dans ces compos qui s’adaptent au chant, et non l’inverse. La musique semble suivre les rythmes et l’humeur imposés par Tita. Celui-ci peut vous sangler un couplet dans un power incendiaire et vous susurrer quelques notes à la limite de la pop la seconde d’après, avant de se jeter à corps perdu dans un refrain assassin où copulent allègrement power, rock et hardFM. C’en est indécent de talent, tout simplement.

Si la guitare joue parfaitement son rôle en rythmique aux riffs métal, elle n’est pas en reste non plus en lead. Ses soli, incontournables lors des breaks instrus, conjuguent avec justesse technique et mélodie.
Bon, ils ne sont pas ce que j’ai entendu de plus ébouriffant, mais c’est pro et très bien fait.
Des claviers très présents, modernes, simplement en appui, en fond sonore, ou au contraire distillant des lignes  très mélodiques en prélude aux couplets et refrains, ou sacrifiant en solo au rite des circonvolutions progressistes. On relèvera aussi par ci par là des sons et bruitages très SF qui ajoutent une dimension supplémentaire et bienvenue. Ah, j’ai noté une petite touche d’orgue Hammond quand même…
Une batterie qui n’arrête et ne démérite jamais. Un jeu foisonnant, passionné, cavalcades incessantes assénées par un serviteur zélé dont j’ai vite fait d’arrêter de compter les bras.
Du coup la basse peut paraître parfois un peu noyée, face à cette déferlante. Ce n’est qu’une impression. Parce que si l’on se focalise sur la basse, parfaitement audible, c’est la batterie qui paraît sous-mixée.
Ah ben voilà…c’est peut-être ça, un mixage parfait!

Tandis que je vous invite expressément à jeter une oreille sur cette galette, les plus attentifs d’entre vous auront noté que je n’ai pas cité le moindre titre pour appuyer mes propos ( à part le premier).
Mais alors, par quel titre commencer pour savourer ce FROM WITHIN?
Ah Ah, mais par n’importe lequel, mes bons amis! N’importe lequel. Ils se valent tous, voilà.
Cependant, je veux bien vous en dire un peu plus à propos de deux d’entre eux, car ils pourraient vous surprendre.
THE RAGE BEHIND, tout d’abord. Une petite ballade, très courte, à la guitare acoustique. Une récréation, en somme.
NEVER SAY GOODBYE. Comme ils le disent dans leur livret, l’idée de cette chanson leur est venue lors d’une tournée en Suisse, devant la statue de Freddie MERCURY à Montreux. L’envie de lui rendre un vibrant hommage leur est venue là. Alors, si vous trouvez à cette -superbe- compo de fortes affinités mélodiques avec celles d’un groupe qui appartient maintenant au Panthéon du Rock, sachez qu’il s’agit d’un quasi-mimétisme parfaitement assumé.

Avec ce FROM WITHIN, ASTRA nous donne à savourer un métal aux multiples facettes, capable de satisfaire tout autant l’amateur d’un power incisif et inspiré que le fan de prog qui ne sera pas rebuté par cette débauche de mélodies.



Ma vraie note; 8,5/10

0 Comments 15 février 2011
Whysy

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