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Une période de gel est prévue pour cet hiver, la dépression ne proviendra pas des pays scandinaves mais de l'Europe de l'ouest. Il est prévu que le froid accompagné de chutes de grêle glacera le sang à beaucoup de personnes. L'origine de la vague verglaçante à été identifiée du côté de la Pologne. Ce pays émergeant dans le domaine musical, propose de plus en plus de groupes et c'est au tour d'Eternal Deformity de passer le test de qualité. Le combo nous propose un nouvel album portant un titre plutôt intriguant : Frozen Circus. Le cirque, lieu de spectacles riches en étrangeté, de performances multiples et d'émotions, est mené dans une arène à l'abri sous un chapiteau. L'association du gel à cette idée laisse penser au premier abord que la formation veut faire une démonstration des performances les plus épurées qu'il soit.

Les Polonais officient sur cet opus dans un style très difficile à définir, d'où le lien avec le cirque (multi disciplinaire). Les idées tombent de divers domaines empruntés à plusieurs styles : du heavy métal au death mélodique en passant par des pseudo-ballades. Pour le coup, Eternal Deformity s'exerce aux travaux d'expérimentations herculéens apportant un intérêt à Frozen Circus. En effet, l'utilisation d'instruments comme la flûte (« Unholy Divine », « Lovelorn »), du violon, d'orgues (« Crime »), et même de xylophone (« Endless night ») confèrent à l'album un charme et une richesse hors du commun. On retrouve sur ces lignes musicales des claviers véritables catalyseurs de mélodies. Le batteur Tymo, chef d'orchestre, dirige la troupe d'une manière métronymique. La vélocité de la double pédale est envoutante sur « The Force of your Heart » et le rythme polka est dépaysant sur « Little 15 ». Les équilibristes guitaristes Aro et Smyku font preuve d'une maîtrise sans faille. Les riffs sont mis en relief par un chant ou une rythmique bien appuyée. Les soli sont incroyables et opèrent de manière chirurgicale dans Frozen Circus.

Au niveau des lignes vocales, le contortioniste et chanteur bassiste Kofi utilise son organe avec parcimonie. Le chant est adapté et oscille entre chuchotements, chants clairs et growls cinglants. Le trapéziste claviériste Kilo en back vocal donne de l'amplitude aux refrains, il arrive aussi que le chant féminin apporte sa contribution d'une manière très douce et discrète (« Unholy Divine »). L'expérimentation est donc aussi menée sur cet aspect. Des titres comme « The Force Of Your Heart » ou le mélancolique « Lovelorn » marquent la tendance mélo Death alors que des titres plus calmes et “headbang appeal” comme « So Silent » (quel refrain !) orientent l'album sur une voie plus heavy. Le véritable hommage vocal de l'album est le titre « Thor's message » ravissant par la douceur du chant clair et la douleur du chant saturé.

Mais lorsqu'on analyse ces chants très variés, on s'aperçoit que certaines choses pêchent. Puisque pour répondre à la problématique de l'exercice de style, Eternal Déformity (on commence à comprendre le choix de ce nom) propose un élément de réponse : l'expérimentation ! La variété oblige à ne pas s'enliser dans un style et force le renouvellement mais alors qu'est-ce qui peut poser problème ?

Le point que j'ai pu noter (et peut-être à tort) c'est que le groupe ne sort pas de son cadre glacial. Les fondations de la structure musicale sont bien consolidées et il est difficile pour les Polonais de bifurquer sur des styles en ayant le temps d'approfondir. Pour les titres extrêmes j'ai trouvé le chant un peu à la traine par rapport aux déchainements musicaux. Les beats calibrés sont gorgés de puissance nourrissant des riffs vigoureux, mais le chant (déjà remarquable mais trop contenu) ne va pas au bout des choses pour accomplir la mission commune. La recherche de la perfection soustrait quelques charmes qui auraient pu rendre Frozen Circus encore plus attrayant. Vocalement, « Endless Night » fait pâle figure malgré un soutien et une gamme instrumentale qui n'a pas à rougir.

Pour résumer la troupe d'Eternal Deformity signe ici un album très riche (mélodiquement et vocalement) et instrumentalement complet, établissant l'éventail du Metal mélodique avec un grand M sans prétention. La formation, grâce à une production impeccable, dresse le chapiteau et fait entrer sur scène des bizarreries clownesques ne se cantonnant pas à un style à répétition. La naissance d'émotions est différente à chaque écoute comme si Monsieur Loyal nous narrait une histoire différemment selon la sensibilité de chacun et selon l'humeur de l'auditeur. Si j'ai un conseil à vous donner c'est d'aller se jeter sur cet album car il est unique en son genre.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 25 février 2008
Whysy

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