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Après s’être reposé quelques instants, l’atmosphère glauque et les lueurs blafardes de cette région marécageuse (cf : chronique d’ « Ancient Symbolism »), ont fini par triompher de notre courage. Effrayés, perdus, nous rappelons notre guide afin de poursuivre le voyage. Mais on ne distingue plus que son ombre... Andrea Tilenni (car tel est son nom) se cache, et ses cris stridents résonnent autour de nous sans que l’on puisse identifier leur provenance. Sa plainte désespérée voile le paysage d’une aura de ténèbres… Enfin, l’étrange animal ose à nouveau se dévoiler et accepte de nous guider jusqu’à notre prochaine étape : nous voici dans un cimetière. Un peu perturbés par ce nouveau décor des plus austères, nous prenons cependant le temps de nous asseoir, et de nous laisser conter cette nouvelle légende…  


« Funeral Mass » est le quatrième album de Fear of Eternity, un one-man band italien (comme quoi… il n’y a pas que le speed qui vient de là-bas !) existant depuis déjà quelques années, et à la productivité vraiment intense. En effet, les 4 albums du projet sont sortis durant un laps de temps de deux ans seulement ! Il faut cependant savoir qu’avant de trouver un label, Andrea avait déjà mis beaucoup de matériel de côté et publié de nombreuses démos. Une bonne moitié de l’album est donc constituée de compositions plus anciennes, retravaillées puis réenregistrées pour l’occasion.

Au vu de la pochette et à l’écoute de l’album, on se demande s’il ne s’agirait pas d’un sombre présage… Fear of Eternity désirerait-il, par cette évocation morbide, nous faire passer un message, nous faire part de l’irrémédiable déclin de sa créativité, de la mort de son groupe ?
Car oui, on constate un léger relâchement à chaque nouvelle livraison. Aux premières écoutes, je m’étais déjà résolu à sacquer sévèrement cet album. En effet, autant le dire tout net, je pense qu’il s’agit là de l’album le moins original de la discographie du groupe. On ne peut pas le nier, enfermé dans son carcan, incapable de nous proposer la moindre innovation, le groupe commence à sérieusement tourner en rond.

Car sur la forme, excepté quelques détails (notamment une basse enfin plus audible), rien ne semble avoir changé depuis « Ancient Symbolism », qui était pour moi  un bon cran en-dessous des deux premiers opus qui m’avaient tant séduit. Musicalement, « Funeral Mass » semble être le chaînon manquant entre les deux premiers albums du groupe. Les claviers retrouvent à diverses reprises l’emphase et la majesté typique de « Toward the Castle », et le reste du temps génèrent des ambiances plus minimalistes et mélancoliques (« Frightful »), très proches de l’élégant dépouillement de « Spirit of Sorrow ».

Pour ce qui est du chant, en revanche, on peut au moins avoir la satisfaction de se dire que les quatre albums sont tous différents, c’est incontestable. Ici, Andrea a opté pour un registre un peu plus grave (et donc moins crispant), chargé de multiples effets et résonances. Si cela n’affecte pas les meilleurs morceaux, le reste du temps, je trouve qu’une fois de plus, le chant n’est pas très adapté, et légèrement surmixé, m’enfin bon…

Malgré ce constat relativement amer, cet album s’avère au final une assez bonne surprise.

Car si la première moitié de l’album propose quelques longueurs rébarbatives, le niveau monte de façon foudroyante à partir du morceau titre. Après des difficultés au démarrage, des titres plus ennuyeux, la magie se révèle soudain… Moins évidente, plus subtile mais tout aussi enthousiasmante, peut-être même davantage ! On se délecte de cette douceur mélancolique, on se noie dans ces duvets brumeux, émerveillés que nous sommes par ces obscures et divines mélodies !

Vraiment, chacun des 5 derniers titres (j’excepte ici l’outro) porte son lot de moments magiques. Chacun possède cette étincelle de magie qui fait que tous nos reproches s’évanouissent, emportés que nous sommes par la beauté évocatrice de ces obscures ambiances… Entre leads de piano superbes, mélancoliques à souhait (« Funeral Mass »), break atmosphériques à tomber par terre (« Eternally in silence »), ou ambiances solennelles et pénétrantes (« Evil premonition », morceau d’ouverture assez soigné,  « Conducted to the grave »), on ne peut que s’incliner et se laisser bercer…


Voilà donc un album assez hétérogène en terme de qualité ! Au final, l’éternité nous inspire maintenant beaucoup moins de crainte…Mais ne boudons pas notre plaisir, cet opus, malgré ses longueurs et un condamnable manque de prise de risques et d’innovations, est une fois de plus une réussite, possédant quelques passages inoubliables et enchanteurs. J’espère cependant qu’Andrea quittera rapidement son mode « écriture automatique » et qu’il trouvera moyen de nous surprendre sur les opus suivants. Un album attachant malgré tout, qui aurait pu devenir un incontournable s’il n’avait été si redondant... A découvrir !


Gounouman

0 Comments 11 juin 2007
Whysy

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