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Le voilà enfin venir le chapitre final ! Voilà enfin la troisième partie de la trilogie Gaïa initiée il y a 7 ans de cela. Avant de s'attaquer au monstre, revenons brièvement sur le phénomène. La trilogie Gaïa :En 2003, Mägo de Oz sort d'une tournée au succès incroyable à la suite de l'album "Finisterra" puis du live associé "Fölktergeist". Ils auraient pu enquiller sur un "Finisterra bis" et asseoir aisément leur potentiel commercial. Mais toujours en quête d'idées originales, le groupe décide de s'embarquer sur un concept album, cette fois-ci faisant part d'une trilogie dédiée à Mère Nature. "Gaïa" premier du nom, sorti donc en 2003 nous dévoilait un Mägo de Oz plus ambitieux, plus sombre, plus sérieux, moins enjoué et foufou qu'à l'accoutumée. Derrière ce revirement se cachait donc cet édifice dont cet album n'était que la première pierre. Voulant aborder des termes plus terre à terre et plus ancrés dans la société d'aujourd'hui, la musique de Mägo de Oz, sans oublier de se vouloir festive, prenait ici un tournant, devenant légèrement plus "progressive", des claviers faisant leur apparition de façon permanente et le son devenant plus organique, chaleureux et riche. En témoignent le morceau éponyme Gaïa, épique à souhait, surprenant dans la discographie du groupe, à côté de cela des tubes plus légers (La Costa Del Silencio, Alma), des morceaux plus incisifs (Van a Rodar Cabezas, El Atrapasueños) et un instrumental de toute beauté (La Leyenda De La Llorona).

Après un nouvel album live et un album de faces B et autres réenregistrements ("Belfast") pour faire patienter les fans, "Gaïa II : La Voz Vormida" atterrit en 2005 et marque une nouvelle étape. Abordant un look très "gothique", les musiciens étant parés de fond de teint, tous de noir vêtus et revenant à un format "double album", le groupe durcit ici sa musique, délaissant l'aspect chaud et rassurant du précédent album pour revenir à un son plus sec et tranchant, combinant alors habilement l'énergie de leurs méfaits ante-Gaïa et l'aspect sérieux du premier volet. Le thème du jour étant centré sur la religion et son intolérance, les guitares se veulent lourdes (El Poema de la Lluvia Triste) et agressives, les morceaux se révèlent de moins en moins "foire à la saucisse" (Diabulus in Música, El Callejón del Infierno) même si sur les presque 2 heures que dure l'album, Mägo de Oz vient toujours distiller des hymnes joyeux (El Paseo de los Tristes).

Nul doute que Mägo de Oz a dans cette démarche perdu ce qui aurait pu leur apporter une vraie reconnaissance internationale, le groupe ne rencontrant un franc succès et ne tournant qu'en Espagne et Amérique du Sud, sauf à de rares exceptions. Mais ils sont resté intègres et les mélomanes s'accordent à dire avec le recul que ces deux premières parties de la trilogie sont à l'époque ce que le groupe a fourni de plus abouti.  Soucieux de laisser les auditeurs respirer, Mägo de Oz sort un Best of, un nouvel album de raretés ainsi qu'un véritable nouvel album, "La Cuidad de Los Arboles", sorte de récréation pour le groupe, album enjoué et frais, dépourvu de longs morceaux épiques mais toujours dépositaire de la nouvelle orientation du groupe, à savoir des morceaux riches laissant une part importante aux claviers. Mais le groupe l'a montré, ils savent faire ce qu'il veulent. Ils ont voulu faire un album léger et plus spirituel avec "La Cuidad de Los Arboles" ? Challenge accepté et relevé. Bon, maintenant on revient aux affaires sérieuses, on fait un nouveau Gaïa et ça rigole plus, vous voulez de l'épique ? Vous en aurez. Gaïa III : Atlantia :Et nous voilà donc en 2010, pour l'ultime volet de la saga. En ce qui concerne l'état des troupes, le troisième guitariste Jorge Salàn a fait ses valises (même si il apparaît sur certains morceaux de cet opus) et la chanteuse Patricia, intégrée au groupe en 2007 est ici durablement installée, étant d'ailleurs créditée à la composition (El Violín del Diablo). Pour le reste, on prend les mêmes et on recommence ! Et c'est ici un double album que vont nous proposer nos magiciens préférés, pour une heure et demi de musique, le tout enrobé dans 16 nouveaux morceaux dont un extrait aura été dévoilé en tant que single via un vidéo-clip, le bien festif Que el Viento Sople a tu Favor, qui, sans donner trop d'indices sur le contenu de l'album démontrait au moins que Mägo de Oz savait encore composer des morceaux joyeux et entrainants tirant parti à merveilles des guitares, flutes, claviers et autres violons que le groupe mélange depuis déjà un paquet d'années.

Ci dessus la véritable couverture. Alors alors alors alors, "Gaïa III, Atlantia" de son joli nom, qu'est-ce que ça vaut ? Qu'est-ce que le Mägo de Oz peut nous apporter en 2010 ? Et bien ni plus ni moins qu'un chef d’œuvre, une œuvre essentielle demeurant cohérente, homogène mais variée, proposant des morceaux courts, longs, directs, calmes, instrumentaux, épiques, rapides, lents, des ballades. Tout, il y a tout dans cet ultime volet de la saga. Dès l'intro El Latido de Gaia au contexte étonnamment moderne (voix off déclamée par une radio, bruitages divers) et à l'instrumentation exécutée par le groupe (et non plus à la grande majorité par un orchestre comme dans les précédents volets), on perçoit un visage encore nouveau, pas totalement inconnu mais apportant quelques touches différentes. Après la verdure et l'église, le thème semble être la mer, thème appuyé par le look pirate des membres du groupe dans le livret et dans le clip de Que el Viento Sople a tu Favor. Et on y croit, on est à fond dedans. Tout du long de cet album riche en émotions on a l'impression d'entendre un groupe plongé mille lieux sous les mers, dont il ne sort qu'à de très rares reprises pour nous rincer le gosier (Vodka n' Roll, le combo gagnant "chanson à boire/à danser" de l'album, ou le décalé et délirant Ayahuasca).  Le reste du temps Mägo de Oz dévoile un visage plus "appliqué" que foncièrement "sérieux", porte le style qu'il forgeait depuis 3 albums à son apogée, les instruments semblant ne jamais s'être aussi bien répondus. Écoutez donc la passe d'armes de Dies Irae, opener parfait, fédérateur et épique qui s'il ne rivalise pas avec Gaia (le morceau) en terme de folie, enterre néanmoins son homologue La Voz Vormida si vous n'êtes pas convaincus. Des morceaux évitant le format court et immédiat, il y en a deux autres, Mi Hogar Eres Tú, pas impérissable mais s'intégrant à merveille dans le "tout" que forme l'album et La Ira de Gaïa, alternant entre plans rageurs et breaks en douceur, dégainant des claviers tout droit sortis des années 70.  Vous voulez de la tendresse à l'Espagnole ? Mägo de Oz a pensé à vous ! Outre l'intimiste Aun Amanece Gratis, le groupe livre ici une de ses plus belles ballades avec Siempre, deuxième partie d'"Adios Dulcinea". Entre retenue, justesse et mélodies, nous avons là la définition parfaite de l'outil pour emballer devant un coucher de soleil. Fort bien, mais vous vous demandez alors pourquoi n'a-t-on jamais entendu la partie 1 ! Et bien elle a été enregistrée pour les autres opus mais gardée dans les tiroirs et il faudra patienter quelques mois après la sortie de cet album pour entendre ces pépites qui n'ont su trouver leur places dans la trilogie via le bien nommé "Gaïa : Epilogo", mais ceci est une autre histoire, revenons à l'album qui nous intéresse.  Car cet album, croyez-moi, vous y reviendrez, explorer ses richesses, se perdre dans ses méandres. Mägo de Oz a réussi le tour de force de conserver la chaleur de "Gaïa I" et l'agressivité de "Gaïa II", proposant des morceaux aux guitares lourdes et écrasantes mais loin de l'univers froid et sec que développait "La Voz Vormida". Ici, on est sous l'eau, il y a des poissons, des étoiles de mer, des poulpes, alors on ne peut pas être au sec, un point c'est tout. Mägo de Oz devient même heavy en diable sur Für Immer, évoquant la seconde guerre mondiale et nous gratifiant même d'un discours d'Hitler, c'est dire. Néanmoins, ce morceau surprend par son ton très baroque inhabituel pour le groupe mais nous tenons là un des moments forts de cet album, tout comme l'instrumental Fuerza y Honor : El Dorado, partant dans dix mille directions, à se demander comment font ces types pour trouver autant de mélodies, arriver à les imbriquer ensemble, les faire jouer par des instruments différents et que l'ensemble sonne de façon aussi fluide et limpide.  Citer tous les morceaux de cet album serait trop long, même s'il faut saluer la prestation de Patricia en duo avec José sur l'intense El Violín del Diablo, morceau qui a le bon goût d'être réussi et d'imposer Patricia comme un membre à part entière du groupe sans pour autant l'exhiber à chaque morceau et dénaturer le visage premier du groupe, qui est celui incarné par la voix puissante de José, José qui livre ici sa meilleure partition, sa voix n'ayant jamais été aussi volatile, aussi juste et pleine de nuances.  Car c'est un groupe à son apogée que l'on retrouve ici, effectuant un sans faute, un dédale musical d'une cohérence ahurissante mais jouant sur tous les terrains. "Atlantia" est sans doute au moment de sa sortie l’œuvre de Mägo de Oz la plus aboutie, la plus réussie, la plus riche, qui achève l'auditeur sur un morceau vertigineux de 19 minutes, le morceau titre Atlantia, fresque dont les éléments s'enchaînent de façon tellement logique que l'on ne voit pas le temps passer. Si bien que ses différentes parties vont finir par nous apparaître en se penchant avec précision dessus. Exemple : à 6:00, le thème "Gaïa" entonné dans Volaverunt Opus 666 (Gaïa II) résonne, suivi d'un légère montée en suspend quelques instants. En y réfléchissant et en connaissant vite fait le morceau, on ne voit pas comment ce passage peut s'enchaîner avec le riff folk censé arriver après. C'est tout simple, c'est le petit coup de semonce à 6:19, qui vient dire "c'est fini !" aux instruments d'avant et laissant l'intensité du morceau flotter si haut que la déferlante qui arrive après en devient naturelle et arrive à point. Voilà, c'est un détail parmi tant d'autres qui font que cet album, et le morceau titre en particulier relève du génie. Comprenant une fois de plus pléthore d'invités vocaux, Atlantia vient se poser comme meilleur morceau jamais écrit par le groupe, ou plutôt Txus, qui a écrit ici quasiment la moitié de l'album à lui seul.  Bon alors. Épique, varié, poignant, émouvant, les adjectifs ne manquent pas pour décrire cet album qui s'il ne réconciliera pas le groupe avec les pro-"Finisterra" qui avaient décroché dès "Gaïa I", demeure une pierre angulaire (enfin ronde quoi) dans l'histoire du groupe, un album quasiment parfait si l'on fait abstraction de deux ou trois morceaux dont le seul reproche que l'on peut leur faire est de ne pas être à la hauteur des autres mais ne n'être que très bons. Avec "Atlantia", Mägo de Oz referme la saga de la plus belle des façons imaginable (enfin, pas vraiment refermée la saga, mais nous en reparlerons un autre jour) en livrant une œuvre magique, digne de ces prédécesseurs avec lesquels elle vient former un tout, une sorte de déclinaison d'un Mägo de Oz qui a décidé d'évoluer, de mûrir tout en gardant sa marque de fabrique.  Mägo de Oz pourra-t-il faire mieux ? Ce n'est pas ce qu'on leur demande, tout ce que l'on peut espérer, quelque soit leur nouveau projet, c'est qu'il surprenne, qu'il innove et qu'il garde le label qualité que le groupe appose sur chacune de ses sorties depuis leur débuts, le label excellence pouvant être appliqué dès "Jesus de Chamberi" ou "La Leyenda de la Mancha" pour les plus exigeants. lml Gracias Cabrones ! lml

0 Comments 16 juillet 2011
Whysy

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