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Autant il y a des bonnes années pour le pinard, il y a des bonnes années pour le métal. Et parmi ces grands crus que les fins gourmets apprécient encore des années après, on pourrait citer l’année 1984 qui restera pour bon nombre d’entre nous un grand moment métallique. Il faut tout d’abord souligner que c’est durant cette période que la vague européenne de Heavy Metal se révèle dans toute sa gloire, Judas Priest vient de produire son cultissime «Defenders Of The Faith», Iron Maiden son «Powerslave», Accept son «Balls To The Wall», bref tous les grands sont au rendez vous pour marquer d’une pierre blanche cette illustre année.  Mais c’est derrière la scène, dans l’ombre, loin de la gloire et des affres du succès que 1984 va révéler sa spécificité. C’est dans la brume tiède de l’underground que des monstres en devenir vont échafauder leurs plans de conquêtes et préparer minutieusement leur révolution. C’est le cas de futurs grands comme Helloween, Grave Digger, et même Running Wild, bien des formations qui ont su au fil des ans cueillir les fruits de la gloire et s’imposer parmi tant d’autres prétendants. A l’époque pourtant tout n’est pas gagné d’avance quand on est un jeune poulain, surtout dans ce monde cruel du Heavy Metal lourdement dominé des titans indéboulonnables, imposant leur talent et leur excellence sur une scène dominée et acquise à leur cause.  L’histoire de Rock’N’Rolf est cependant la preuve que la persévérance apporte toujours ses fruits, car de toutes les formations aspirants au succès, Running Wild est sans doute celle qui présente le moins d’arguments convaincants : peu de moyens, un style relativement pauvre et manquant terriblement de personnalité, une musique essentiellement basée sur la puissance brute et souffrant de carences d’inspiration. Bref rien n’aurait pu prédire l’ascension fulgurante qui fut celle des pirates du Heavy Allemand à la fin des années quatre-vingt. Mais Rock’N’Rolf est un jeune moussaillon qui a des rêves de grandeurs, c’est en écoutant les récits des marins venant débarquer leur marchandises dans le port de Hambourg qu’il entendra parler pour la première fois de ces magnifiques trésors remplissant les cales des galions espagnols sur la route du soleil, il n’aura alors de cesse que de réunir un équipage trié sur le volet pour partir a la conquête du nouveau monde et de ses richesses promises.  Malheureusement ce frêle esquif ambitieux et arrogant, dirigé par un capitaine inexpérimenté, provoqua vite l’hilarité des grands de ce monde. Difficile de prendre au sérieux la formation de Rock’N’Rolf à la musique si ouvertement inspirée des standards du genre et manquant notablement de souffle : les refrains sont trop mous et le son trop neutre, la puissance semble s’asséner sans cohérence et la production n’a pas grand intérêt. Bref la route que sillonne Running Wild dans son long périple vers son premier disque «Gates To Purgatory», est parsemée d’orages et de cyclones tropicaux, difficile alors de naviguer dans de bonnes conditions.  Les titres du disque sentent souvent bon le bigorneau et crachent de l’eau par tous les sabords. On ne comprend pas toujours la finalité de la puissance sur «Victim Of States Power» ou «Adrian S.O.S», qui manquent d’une idée directrice pour justifier un tel déchaînement de riffs. Le groupe semble chercher son style, entre un Thrash Metal aux relents satanistes («Satan») et un Heavy Metal à la fois traditionnel et puissant («Soldiers Of Hell», «Black Demon»), Rock’N’Rolf semble faire voile vers un île perdue, sans trop savoir quelle direction lui indique sa boussole. D’autant que «Preacher», «Diabolic Force» ou «Black Demon» sont des titres beaucoup trop mous pour séduire l’auditeur.  Il ne faudrait toutefois pas tout envoyer par-dessus bord sur ce premier opus, car loin de ne comporter aucune bonne idée, ce «Gates To Purgatory» renferme nombre de cartes aux trésors qui pourraient mener à quelques filons juteux. En particulier dans la veine Heavy Metal Puissant et sans concession, avec des titres envolés et dévastateurs comme «Soldiers Of Hell», l’excellent «Genghis Khan» ainsi que le terrifiant «Walpurgis Night», ou encore le lent et pesant «Prisoner Of Our Time».  Malgré les nombreuses voies d’eau de sa coquille de noix, il serait présomptueux de dire que Rock’N’Rolf à sombré avec son équipage dans le triangle des bermudes. Car bien que relativement faible sur ce premier disque, Running Wild pourrait bien s’avérer plus coriace qu’il n’y parait. Il suffirait pour cela d’acquérir un meilleur navire, et d’explorer des routes commerçantes moins fréquentés des grands pirates, afin d’espérer pouvoir un jour s’accaparer une part du gâteau.  SMAUG...

0 Comments 17 juin 2006
Whysy

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