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Le « Fantôme de l’opéra », œuvre littéraire tirée de faits réels se produisant à l’Opéra Garnier. Cette histoire basée sur des phénomènes étranges est mondialement connue et reconnue pour son intrigue parfaitement nouée tenant en haleine de la première à la dernière ligne. En nommant ainsi leur huitième album, Kamelot essayerait-il de nous affirmer que celui-ci serait une œuvre musicale tenant également en haleine de la première à la dernière composition ?
Cette arrogance « prémonitoire » ne correspond pas au caractère du groupe. Celui-ci a toujours prouvé sa qualité en composant des morceaux d’une technicité et d’une efficacité hors norme. Cette appellation évoquant un certain prestige n’est donc en aucun cas une technique marketing visant à faire vendre, mais une façon pour le groupe de mettre en évidence une orientation plus symphonique et orchestrale de leur musique. Opéra oblige…

Sans faire d’amalgame entre l’opéra et le théâtre, les trois coups retentissent et le rideau s’ouvre sur une scène dénudée d’instruments dits métalliques et dont l’apparition d’un violon révèle cette volonté de Kamelot d’harmoniser un peu plus leur musique. La mélodie est sublime et produit un agréable zeste de fraîcheur dès le premier acte.

Rejointe par les principaux instruments, la mélodie du violon plane et continue de s’écouler doucement à travers un rythme guitare/batterie percutant et une multitude d’orchestrations créant une avalanche de sonorités différentes. Avec un excellent solo batterie et un refrain plutôt bon, « Rule the World » démarre l’album de fort belle manière. S’ensuit la chanson éponyme qui, par son rythme et son refrain d’une certaine banalité pour le groupe, a du mal à convaincre. « The Human Stain » et son côté élécto/goth continue dans cette vague de déjà vu mais la puissance de la mélodie et des chœurs féminins opèrent une certaine magie fort appréciable.
Le début d’album, satisfaisant, reste assez classique. Comme si le groupe était hanté par le souci de garder la même qualité, la même structure que l’immense « The Black Halo ». Une certaine crispation due à la préoccupation, presque l’obsession de réaliser un album du même acabit que ce dernier. A moins que cette anxiété ne soit due au thème oppressant qu’est ce fameux et étrange fantôme de l’opéra. Qui sait…

Comme dans le livre de Gaston Leroux qui décrit un fantôme exigeant que la loge numéro 5 lui soit réservée, Kamelot a attendu la cinquième piste pour explorer de nouveaux horizons. Que ce soit avec « Blücher » et sa voix électro bien pensée, « Love you to death » et sa belle dualité voix féminine/masculine à la « The Haunting » (mieux gérée et qui laisse plus de libertés aux cordes vocales de la donzelle), « Up Through the Ashes » et son introduction grandiloquente composée de cuivre, le milieu de l’album représente le point culminant de celui-ci. Une musique plus directe, des refrains moins percutants qui laissent une grande part à la mélodie et à l’émotion. Les orchestrations, plus nombreuses et mieux structurées, apportent une sensibilité autre que « The Black Halo ». La voix de Roy Khan, qui a une fois de plus progressé, est particulièrement sollicitée et constitue un atout majeur.
Certes certaines personnes pourront renier cet aspect moins puissant, plus « doux » de Kamelot, mais force est de constater que cette prise de risque rénove le style et apporte un nouvel éclat au groupe.

Même si « Mourning Star » et sa suavité féminine, parfaitement en harmonie avec Khan, fonctionne bien, la fin de l’album déçoit un peu avec les titres « Anthem » et « Silence of the Darkness ». L’un étant une ballade plutôt ratée à cause d’un déconcertant effet sur la voix qui l’empêche de retranscrire un brin d’émotion, et l’autre étant une composition typiquement speed cassant, un peu, ce rythme calme et émotionnellement travaillé depuis le début. Un titre qui a tout de même le mérite de nous démontrer la qualité du nouveau claviériste, Oliver Palotai, grâce à un magnifique solo.
Le final « EdenEcho » est, quant à lui, éblouissant de par son refrain percutant (le meilleur à mon goût), la voix de Khan et ses orchestrations (les deux derniers points étant les deux principaux atouts de l’album).

Au final, on a donc un album que je décrirais de plus adulte, plus mature. Les parties speed arrivent intelligemment, les orchestrations sont structurées, les différentes voix sont bien harmonisées. Certes quelques erreurs subsistent mais on sent, assurément, une envie par le groupe de moderniser sa musique tout en gardant la qualité qui est la leur.
Un album qui se démarque, dans l’ensemble, de ses prédécesseurs par sa douceur, sa modestie et une certaine clarté. Une chose qui ne plaira sûrement pas à certains mais comme le disait Aristote : « la première qualité du style, c’est la clarté ».

Doryan.

0 Comments 15 mai 2007
Whysy

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