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Conclusion de la superbe tétralogie entamée en 2009 avec Ki, Ghost est un exercice de style magistral, souffrant des défauts de ses qualités. Dans cet album, Devin Townsend est allé au bout de sa démarche, et même s'il aura peut-être perdu quelques fans hardcore de SYL au passage il en aura sans doute gagné d'autres, tant la sincérité de son propos est éclatante.

Faisant partie de la catégorie des fans de Devin, je suis habitué aux choix courageux du personnage, et je m'attends à presque tout. Il vaut mieux, car si l'on considère ces quatre albums comme un ensemble, la variété extrême des styles présentés peut être déroutante: post-rock intimiste et nerveux, heavy mélodique et survitaminé, metal extrême et extrêmement déconstruit, et enfin, ambiant new-age.

Oui, absolument, ambiant new-age, vous ne rêvez pas. Et ça veut dire quoi? Des guitares sèches, des nappes de claviers enveloppantes, des choeurs aériens, et de la flûte, beaucoup de flûte. Kat Epple, légende du new-age dans les années 80, met ici sa flûte traversière au service d'ambiances planantes et introspective, célébrant la nature et les grands espaces. En tous cas c'est l'impression que ça donne. Ecoutez Heart Baby, et dites-moi si vous n'avez pas la sensation d'être seul sur une barque, au milieu d'un immense lac bordé de forêts et de montagnes enneigées. L'ambient, c'est surtout des ambiances, pas besoin de vous faire un dessin. Un morceau sur deux, et même parfois au sein d'un même morceau, on trouve de longues structures simples, qui évoluent lentement et toujours avec un grand souci de douceur et de délicatesse. Soyons honnêtes, ça peut être assez chiant. Pas le genre de truc à écouter en voiture, ni dans une soirée entre potes. Mais quand on est dans l'état d'esprit adéquat, c'est purement magique.

Heureusement, il y a des chansons plus structurées, moins conceptuelles: la première partie de Feather, par exemple, est d'une beauté et d'une grâce époustouflante. Le duo avec Anneke fonctionne à plein, notamment sur Blackberry, superbe ballade country. Parfois le ton est un peu plus épique, comme avec Texada, où le magnifique mélange électro-ambiant-voix de Devin nous entraîne dans des contrées lointaines, à la recherche d'une paix intérieure que l'on trouvera par la suite. L'album se termine avec douceur et abus de psychotropes, sans lesquels vous aurez beaucoup de mal à écouter Infinite Ocean et As You Were, vingt minutes de bruits, sons, notes de guitares clairsemées et éclats cristallins de flûte sur fond de synthés.

Ne vous laissez pas méprendre par mon ton quelque peu sarcastique: bien sûr, oui, évidemment, c'est génial, Devin est un putain de génie et j'adore cet album. Mais l'intérêt qu'il présente est malheureusement inégal. Les morceaux ambiant un peu structurés (Fly, Texada, Ghost, Seams) sont vraiment excellents et s'écoutent bien, les deux perles pop (Feather et Blackberry) sont nettement au-dessus du lot, et le reste... Eh bien le reste dépendra de votre humeur, et de votre patience. La nuit, au casque, allongé dans mon lit les yeux fermés, j'ai passé de grands moments à écouter Heart Baby et la fin de Feather.

Vous savez ce qu'il vous reste à faire.

0 Comments 19 juin 2011
Whysy

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