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Dani Filth, personnage charismatique pour certains, ridicule pour d’autres, en a décidé ainsi : sa nouvelle œuvre serait un concept album ou ne serait pas. Pour puiser une inspiration digne d’un vampire de son rang, il lui fallait trouver dans ses grimoires un être à la hauteur de son ambition, un personnage odieux mais controversé, qui par son ignominie hante et hantera encore les livres d’histoire. C’est ainsi que le français Gilles De Rais a rejoint la Comtesse Bathory sur l’autel consacré par Dani Filth au culte de ses héros. Godspeed on the Devil’s Thunder révèle le côté sombre de l’existence de Gilles De Rais, ancêtre d’Odile et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc à la guerre de Cent Ans. Ce baron, connu aussi sous le nom de Barbe-Bleue, fut condamné à mort par le tribunal de l’inquisition pour avoir violé, torturé et assassiné des dizaines d’enfants. Ignoble bourreau ou innocente victime de l’inquisition ecclésiastique, qu’importe, dans les deux cas Dani Filth trouve matière à composer avec une malsaine délectation.

Les plaisirs qu’il en retire semblent sans limite tant il s’en donne vocalement à tout-va, délaissant souvent son chant aigu caractéristique pour se complaire dans un panel vocal bien plus large. C’est une très bonne chose car le vampire britannique a énormément à raconter, et s’il avait gardé son cri enragé tout le temps, cela aurait pu s’avérer crispant. D’autant plus qu’au niveau des mélodies vocales, on tourne vite en rond, c’est l’effet pervers de la quantité impressionnante de texte. Dani Filth permet à l’auditeur, par ses multiples vociférations, de bien tenir la longueur de l’album.

Outre le chant, Godspeed on the Devil’s Thunder possède d’autres arguments convaincants. La clé de l’album repose sur les arrangements symphoniques et les chœurs. Là aussi un gros effort a été fourni et bénéficie à tous les titres. Cradle Of Filth utilise des éléments directeurs qui correspondent à certaines facettes et états d’âmes de Gilles De Rais, et que l’on retrouve tout au long des 71 minutes. Je m’explique : un baryton vient renforcer la gravité des nombreux passages où l’esprit du Baron de Rais bascule dans les ténèbres, et des chœurs stylés « messe noire » précèdent ses rituels déviants, juste avant que l’irréparable soit commis. Le cerveau plus ou moins préparé de l’auditeur pourra alors interpréter à sa façon tout un tas d’autres signes musicaux de ce concept album. Les arrangements symphoniques, quant-à eux, sont vraiment grandioses, bien dosés pour être à la fois sombres et classieux.

Pour le reste, la batterie martèle sèchement et parfaitement, les guitares sont heavy mais aussi orientées black, aux dépens de l’aspect thrash des précédents albums. Le titre The Death of Love est interprété en duo avec une chanteuse pour finalement sonner très « métal gothique à chanteuse », on le croirait sorti du dernier Sirenia. Ses mélodies très mémorisables en font un titre vraiment à part, car les autres morceaux ne s’assimilent pas facilement. Voilà la principale différence (hormis la production bien-sûr) entre cet album et Cruelty And The Beast, la comparaison étant inévitable tant sur le concept de l’album que sur le style musical. Je dirais que Godspeed on the Devil’s Thunder est moins inspiré, mais il semble pourtant bien plus travaillé. À chaque fin d’écoute on reste donc sur notre faim, mais toujours irrésistiblement attiré par ce disque, pour à chaque fois en découvrir une nouvelle facette séduisante.
[right]Chris[/right]

0 Comments 27 juin 2009
Whysy

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