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Silent Call est un groupe suédois qui nous présente un nouvel opus après un «Creations From A Chosen Path», sorti en 2008. Un album plus abouti, bénéficiant d’une meilleure production, et d’une synergie collective : les rôles sont bien distribués.
C’est, cette fois, un album qui a un «son», un petit quelque chose qui sans être grandiose laisse le sentiment d’avoir plus qu’un effort commercial dans les tympans. Un petit son de «cyber», comme on va le voir.
Le nouvel album «Greed» peut en effet faire songer à une autre petite musique. Cette autre petite musique n’est pas celle d’un groupe, mais comme les riffs acérés de Daniel Ekholm, elle produit du songe.
Une petite musique, un air connu : la lecture du Cyle de l’Ekumen d’Ursula K. Le Guin.
En effet, quand on lit la prose de la célèbre auteur de SF, il est parfois difficile de savoir de quel monde elle nous parle, de l’un des multiples univers qu’elle a créé ou bien du nôtre, difficile de comprendre si l’on est en train de faire un voyage sur notre vieille planète ou un périple intergalactique. D’ailleurs, il est certain que cela l’amuse de promener le lecteur de saga en saga comme Silent Call prend plaisir à nous transporter dans toutes les dimensions de sa musique. L’écoute de «Greed» procure la même sensation de dépaysement maîtrisé que les cycles de l’ auteure.
Il s’agit donc d’un métal progressif de très grande qualité, faisant la part belle aux claviers, qui a le mérite de faire surgir à la fois des images à la Asimov, assez industrielles, mais également à la manière d’ Ursula Le Guin, poétiques, noires par moment.
Les solos sont nombreux, à rapprocher dans l'idée d’In Flames  ou Amorphis, souvent accompagnés de choeurs, mais jamais pesants, toujours assez atmosphériques pour éviter que l’ennui ne s’installe par leur répétition. De nombreuses respirations y sont également pour beaucoup. Et, puis, notable différence depuis le premier album, le changement de line-up pour le chant car c’est désormais du timbre d’Andi Kravljaca dont l’auditeur bénéficie, et il y a gagne au change par rapport à Björn Hansson pour plus de puissance, plus d’originalité aussi. Quand le groupe dit qu’avec Andi ils ont trouvé leur homme, on ne peut pas les contredire.

Silent Call a la délicatesse de créer une ambiance presque onirique, sans pour autant nous l’imposer (mais aussi parce que le but n’est pas d’être My Dying Bride). Les différentes écoutes démontrent qu’on peut y adhérer pleinement comme pour autant y rester parfois relativement insensible et n’apprécier que la grande maîtrise instrumentale du groupe. Mais, en général, le charme opère.
Des breaks dans les morceaux les rythment de façon harmonieuse, sans les scinder comme le font artificiellement de trop nombreux groupes.
Quant aux titres plus précisément, il y a avant tout  «Every day» par lequel s’ouvre l’album, qui, malgré un emprunt au glorieux passé du rock progressif (merci Asia), est une bonne surprise.
Certains morceaux sont plus prévisibles que d’autres, ainsi les mélodieuses chansons «Turn the Tide» ou  «I am my nation» , «Through the endless night», qui donneront certainement des frissons au public en live, mais qui finissent par se ressembler, et nous faire trouver «Dream  Tomorrow, au refrain facile, justement un peu trop simple. Autant des titres comme «When The Angels Call Your Name», hymne comme il est de bon ton de savoir produire à chaque album est indubitablement un coup de coeur, autant d’autres sont cependant loin d’être inoubliables («Unbreakable», «All that might be», «Falling From Grace» qui en fait un peu trop, parce qu’on finit par avoir compris l’idée) .

Et c’est sans doute ce qui fait la difficulté de conseiller un album inégal...
Parce que, finalement, ce qui est la force de l’album, d’être construit de façon assez homogène pour s’inscrire dans la durée devient à la longue sa faiblesse. Les titres finissent par se confondre et on ne retient plus guère son attention qui dérive.
Malheureusement pour le groupe, l’écoute de l’album donne envie de se replonger dans les sources, les grands que l’on a cité. Pas sûr que cela ait été le but...

0 Comments 14 avril 2010
Whysy

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