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On connaît tous Ihsahn, grand pilier du black métal qui n’a plus rien à prouver dans ce domaine. Il est plus étonnant de le retrouver ici dans un projet folk métal expérimental nommé Hardingrock, en compagnie de Knut Buen Alias Grimen  (violon) et Heidi SolbergTveitan au chant féminin (du groupe Starofash). L’album nommé Grimen dévoile par son nom et sa cover figurant un esprit des eaux, toute la quintessence autour de laquelle ces trois musiciens ont bâti ce projet : la mythologie et le folklore norvégiens.

    J’avoue qu’il m'a été difficile de composer cette chronique de façon non exhaustive, tant cet album est riche de par la forme et le fond.
    Il est important de savoir que chaque morceau relate un conte traditionnel norvégien, puisque toute la musique se crée autour de celui-ci. Ainsi, Daudingen (signifiant « démon » ou « fantôme »), et son atmosphère mélancolique retrace l’histoire des fantômes revenant hanter les habitants. Fanitullen et sa mélodie prenante, ses guitares entêtantes, et les cris d’Ihsahn sont là pour parler d’un conte de deux hommes qui se battent pour une femme. Ce morceau est directement inspiré d’un vieux poème (dont voici l’original ). Margit Hjuske et Den Bergtekne parlent d’une fille kidnappée par des trolls, et contrainte à vivre dans la montagne des années durant. On y retrouve la mélancolie et la solitude de l’histoire par une atmosphère très posée, et des violons qui pourraient figurer la brise sifflant dans les montagnes…

    Il n’est pas étonnant de retrouver deux morceaux où l’on parle du Diable : Faens Marj et son rythme effréné qui n’est pas sans rappeler les compos de leurs confrères de Lumsk, le chant black d’Ihsahn en plus ! Le morceau Fossegrimen développe la même structure du morceau efficace, rapide, mêlant violon typiquement norvégien, et des guitares bien imbriquées. L’autre morceau est Faen På Bordstabelen et développe un autre aspect de la personnalité du diable qui vient alors hanter les villageois, par le biais d’une ambiance oppressante mais relativement posée.

    Comme dit plus haut, ce projet folk peut être qualifié d'expérimental, en ce sens que chacune des compositions du trio se base sur des contes. Mais l’une des particularités de cet album –qui EST en fait aussi sa force- c’est toute la narration de Grimen, bien plus présente que le chant black d’Ihsahn. On trouve ici un album chanté et narré en Nynorsk, un dérivé du norvégien et deuxième langue officielle du pays. Toutes les narrations qui parsèment l’album sont intelligemment calibrées avec un très bon rythme dans la parole, ce qui n’est pas chose aisée.
    Le côté expérimental de cet album passe également par l’emprunt de bruitage comme des bruits de pas pour le Diable qui rôde autour des villages, le bruit du vent, mais aussi celui de l’eau, notamment dans Nykken. Ce dernier est assurément mon morceau coup de cœur de l’album avec Daudingen. Il s’inspire de l’esprit de l’eau du même nom qui dans les contes norvégiens chante et joue de la harpe pour attirer les femmes et les enfants dans leurs eaux… Et c’est tout à fait magique de retrouver ce son de l’eau, ce chant très doux et envoûtant en arrière-plan… cette aura mélancolique et douce accompagnée d’une guitare acoustique légère et aérienne.
L’ultime morceau est fidèle à la volonté du trio, d’allier folk norvégien et expérimentation… une courte narration est accompagnée d’un chant féminin typiquement norvégien, utilisé pour séduire…s’ensuit un solo de violon dont les sonorités nous plongent directement au cœur des fjords, comme des échos au loin alors que la brume emprisonne encore ces monts mystérieux…

    Vous l’aurez compris, cet album fût une très grande et très agréable surprise. Retrouver Ihsahn dans ce genre de projet était déroutant, mais on ne peut que saluer la prise de risque. On a beau réécouter cet album encore et encore, on trouve encore de nouvelles sonorités, de nouvelles nuances donnant à cet album ses lettres de noblesses et à coup sûr sa place dans le panthéon du Folk Métal. Si vous aimez les ambiances à la Lumsk avec une touche d’expérimentation en plus, jetez-vous sur ce bijou qui en vaut le détour !

0 Comments 18 septembre 2007
Whysy

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