A bien y regarder, ce n’est pas si souvent que nous croisons des groupes irlandais dans le merveilleux monde du métal. A part quelques noms ronflants comme Thin Lizzy ou plus récemment Cruachan, la nation au trèfle n’est pas connue pour son réservoir de formations métal, concurrencée il est vrai par l’Angleterre voisine et son invincible armada. Voici donc Celtic Legacy, au nom plutôt évocateur, groupe originaire de Dublin formé en 1997, et auteur de 3 albums dont le petit dernier, Guardians of Eternity, auquel nous allons nous intéresser aujourd’hui.

Comme un hasard, l’une des plus grosses influences de Celtic Legacy n’est autre que Sa Majesté Iron Maiden, avec d’ailleurs un clin d’œil prononcé avec le début de Afterworld, qui ressemble à s’y méprendre à un titre de La Vierge de Fer, avec notamment cette basse en suspension au son si particulier. On retrouve d’ailleurs ce jeu de basse tout au long de Guardians of Eternity, fil conducteur d’un heavy / power métal aux influences folk.

L’impression laissée par Guardians of Eternity après quelques écoutes est celle d’un album bien exécuté, bien produit, musicalement solide mais sans prise de risque excessive. Pour faire court, c’est ce que l’on retrouve chez 80% des groupes à l’heure actuelle. Au-delà de cette analyse assez simpliste, deux points sont à mettre en valeur. Le premier concerne le chant : techniquement de bonne facture, le vocal souffre néanmoins d’un manque d’amplitude qui handicape certains titres intéressants. Le second point, positif celui-là, est la forte valeur ajoutée de la guitare lead, qui propose une série de riffs et solos fantastiques (écoutez For Evermore par exemple). Soyons clairs, ce sont ces lignes de guitare qui tirent Guardians of Eternity vers le haut.

Car un peu à l’image de la dernière chanson, Guardian of Eternity, pourtant longue de 11 minutes, format sur lequel les irlandais auraient pu tenter des choses, l’album n’arrive pas vraiment à décoller et se repose uniquement sur ses guitares lead pour créer et emballer la musique. Dommage par exemple que les influences folk, au final assez discrètes sur cet album (mis à part quelques cris d’oiseaux et la présence éclatée de certains instruments traditionnels, le côté folk est plutôt absent), n’occupent pas plus d’espace sur un titre qui s’y serait pourtant parfaitement prêté. Dommage également que les structures musicales soient un peu redondantes, les irlandais auraient gagné à varier un peu plus pour oxygéner l’ensemble et éviter trop de linéarité.

Pour résumer tout cela, je dirais donc que Guardians of Eternity est un album de qualité, à qui il manque néanmoins pas mal de petites choses pour prétendre jouer dans la division supérieure. Un chant plus charismatique, plus juste, de la variété, des riffs plus saignants…Cette somme de détails fait plafonner Celtic Legacy, mais ne doit en rien nous faire oublier les bons points évoqués ci-dessus, à commencer par ces solos de guitare vraiment magiques, qui apportent de la simplicité et de la couleur. Même si l’album n’a rien d’exceptionnel en soi, il reste très agréable, vraiment prenant par moments, plus poussif à d’autres, et qui fait passer le plaisir d’écoute au premier plan.