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Interview réalisée après le passage du groupe au Sid festival. Interview organisée un peu à l'arrache dans les escaliers puis pour finir dans un vestiaire !


Q : On en a déjà discuté un peu avec Samuel et Benoist, à la base Benoist était guitariste puis il est devenu bassiste pour les besoins du groupe. Samuel, lui est guitariste pour Mistaken Element donc guitariste de formation mais chanteur avec Hacride. Présente nous rapidement ton parcours.

A : Je suis désolé, je suis juste guitariste. Je fait de la musique depuis que j’ai 3 ou 4 ans et de la guitare depuis que j’ai 12-13 ans. Je suis toujours professeur de guitare à Poitiers (Syrinx). Donc ouais je suis guitariste, c’est mon métier. Je touche aussi vraiment au clavier, vu que je fais les samples dans Hacride.

Q :C’est aussi toi qui t’occupes un peu du mixage donc ?

A : Non du tout c’est toujours la même personne Franck Hueso qui nous accompagne toujours en live. Il a fait pas mal d'autres groupes style Mistaken Element, le dernier Klone. Moi je m’occupe pas de la partie mixage à proprement parler, moi je m’occupe seulement de la musique.

Q :Uniquement de la conception ?

A : La conception, création et maquettes.

Q : Pour le design de la pochette, livret etc, c’est quelqu’un du groupe qui s’en occupe ou quelqu’un de l'extérieur ?

A : C’est toujours quelqu’un de l'extérieur. Pour les deux premiers albums on avait fait appel à un hollandais qui s’appelle Erik Larkens. Là pour Lazarus on a fait appel à un américain qui s’appelle Alex Eckman-Lawn. Ce mec est ultra balèze, la pochette qu’il a faite pour Lazarus est vraiment super belle. On s’occupe pas du graphisme parce qu’il faut de temps en temps avoir un regard extérieur sur notre travail.

Q : Et vous leurs avez fait écouter ?

A : On leur fait écouter les maquettes que je fais afin qu’ils s'imprègnent de la musique et de l’ambiance générale, on lui lance 2-3 thèmes ou le thème développé dans le CD, par exemple pour Lazarus on lui a exposé le thème de l'album. Et du coup il s’est lancé.

Q : C’est en fonction de ce qu'ils ressentent et de ce qui leur vient en tête qu'ils créent la pochette, personnalisation au maximum.

A : C’est vraiment l’artistique à l’état pur.

Q : A l'époque d’Amoeba vous aviez un travail à côté parce que vous ne pouviez pas encore vivre de votre musique, est ce que c’est encore le cas ?

A : Oh oui, moi je suis prof de guitare. On a tous des métiers qui vont un peu dans le sens d’Hacride. Samuel est animateur culturel dans un lycée, ça lui permet de dégager beaucoup de temps pour Hacride. Benoist est au chômage, il a décidé de se consacrer pleinement au groupe. Olivier est ingénieur, il a toujours essayé de gérer le côté professionnel et le côté musical.
Mais faut pas se leurrer en France il y a très peu de groupes qui vivent de leur musique et qui en vivront. Même si à un moment ils ont du succès ça ne durera jamais. C'est comme les groupes américains, on a l’impression que ce sont des dieux qui gagnent énormément mais non, quand ils rentrent de tournée ils bossent comme tout le monde !

Nous on commence à être dans la voie de la professionnalisation mais faut pas se tromper c’est un métier extrêmement dur, très très mal payé et très dévalorisant en France. Pour que ce soit sain je pense qu’il ne faut pas qu’on lâche tout du jour au lendemain et qu’on se lance comme ça dans la musique à gagner tripette et a bouffer des patates.

La discussion dérive sur la scène rock / metal française

Q : Il y auras toujours des bons groupes, j’ai l’impression que c'est au niveau du public que ça coince.

A : Je sais pas si ça coince au niveau du public mais plus au niveau des organisations, scène nationale etc. Des subventions, de l’argent qui est donné aux salles pour pouvoir développer une culture rock. En Angleterre, Scandinavie ou même au sud dans la péninsule ibérique, c’est autre chose, il y a une culture rock qui est imprégné.

Q : Elle est déjà ancienne, c'est ancré dans leur culture (acquiescement)

A : Tu vas dans un supermarché anglais il y a du Slipknot qui passe ! Tu vas dans un supermarché français , tu mets du Slipknot les grand-mères elles courent. A part Noir Désir qui a réussi à s’implanter assez longuement et qui a réussis à bouger un petit peu les choses.

Q : Louise Attaque un petit peu ?

A : Ouais mais là on est plus dans la variété parisienne, il y a peut-être No One Is Innocent à un moment mais maintenant il sont plus dans la variété française. Je dénigre pas la culture française parce qu'ils y a beaucoup d'autres choses qui sont super intéressantes.

Q : On voit pleins de nouveaux ou anciens projets français arriver sur le marché, comme Kalisia, Pin-Up Went Down etc, la plupart du temps auto-produits, éclosion de la scène française ?

A : Très bonne question, ,je sais pas. En fait c'est vrai que la scène française a été très pauvre pendant un moment. Je sais pas, pour être honnête je n'arrive pas à me mettre dans l'idée d'une scène française, allemande, anglaise …  

Q : Pour toi c'est plus un tout en fait ?

A : Ouais , après j'ai l'impression que je vais être un peu critique mais bon c'est pas grave, que ce sont les français qui s'imaginent ça. Qu'il y a une scène française qui surgit parce qu'il y un groupe qui est parti jouer avec Metallica (Gojira).

Q : Pas que la scène française justement, on peut aussi le voir sur des sites anglophones et dans d'autres pays. Dès que les gens parlent de la scène française pour eux il n'y a que Gojira.

A : Faut pas croire mais en France c'est pareil. J'ai fait des interviews en France pour Hacride, sur 10 questions, il y en avait 7 sur Gojira.

Q : Ça devait vous souler à force ?

A : Non bah on répond pas. Il y a aucune jalousie, on est pas vexé ou quoi que ce soit , mais je veux dire Gojira mérite tout ce qu'il y a autour d'eux. On les connait, on va pas dire qu'on est potes mais on les connait. Mais ouais pour un petit pays comme la France il y a qu'un seul groupe de metal qui peut y arriver, alors que ce n'est pas le cas.

Q :Vous avez fait pas mal de dates dans votre dernière tournée, Angleterre, Pays-bas, Belgique, Norvège

A: Portugal, Espagne, République Tchèque,Slovénie enfin bon on peut développer. Comme Gojira le faisait au début, c'était un scoop et quand toi t'arrives après ce n'en est plus un, c'est ça qui est un petit vexant.

Q : Vous avez été au ProgPower Europe 2009 et au Hellfest cette année, d'autres festivals en vue pour cette été ?

A : Ouais

Q : Le Summer Breeze ?

A : Je ne dirai rien (rires)

Q : Le Prog Power, les autres groupes c'était plus du prog… enfin Evergrey c'était plus posé…

A : Ah bah on sait qu’on a marqué parce que la salle s’est remplie d'un coup (rires)

Q : Et y a plusieurs groupes qui défilent à la suite ?

A :Voila. Et du coup c’est un genre de cas où on sait qu’on peut faire grosse impression, qu’on est aussi extrême dans l’agressivité, que dans le fait de pousser les émotions à bout.

Q : Comme dans Lazarus.

A : Voila. On sait qu’on peut pousser les gens à bloc non pas dans la violence de la musique mais dans la violence des émotions.

Q : Puis le fait aussi d’entraîner les gens dans votre univers.

A : C’est ça. Et alors du coup on a réussi à plonger une salle (dedans).

Q : C’est une façon de sublimer la violence de la musique je trouve. C’est un tourbillon d’émotions.

A : C’est sublimer la passion.  C’est vraiment un truc à la con. C’est que nous on est des passionnés. On envoie dans la gueule aux gens nos sentiments, notre vision de la musique. Alors des fois ça passe, des fois ça passe pas.

Q : Vous aimez bien prendre des risques. Commencer Lazarus par une chanson de 15min comme ça, directement, pour ceux qui vous connaissaient pas c’est peut-être un peu ardu à appréhender.

A : Bin ouais. (rires) . T’affiche la couleur. C’est simple, Deviant Current Signal  n’était pas tout à fait notre premier album, c’était notre premier jet, c’est pas un album pour nous.

Amoeba est notre premier album. Avec Amoeba on s’est bien fait connaître et ça avait bien marché, etc. Après c’est pareil, artistiquement parlant, qu’est-ce que tu cherches à faire ? Est-ce que tu cherches à donner des cacahuètes qui ont la même saveur qu’avant, ou est-ce que tu te dis : « Bah non je vais chercher ailleurs et je vais tenter autre chose, voire, même ce à quoi ils ne s’attendent pas ».

Bah voila. On a commencé par un morceau de 15min, qui a été composé comme ça, parce que nous on le trouvait énorme et que ça affiche la couleur dès le début. C’est-à-dire que les gens qui cherchent à headbanger du début à la fin sur un CD, ils vont malheureusement être déçus. Les gens qui cherchent des morceaux radios, ils vont être déçus. Des gens qui veulent rentrer dans un monde, notre monde, peut-être qu’ils vont être dedans.

Q : C’est clair que Hacride, c’est surtout pour l’univers.

A : Et c’est ce qu’on a voulu créer, c’est pour ça que le morceau de 15mn, ça affiche la couleur. Tu rentres dedans, ou tu rentres pas.

Q : Entre Deviant et Amoeba, vous avez eu une prise de personnalité au niveau du groupe. L’univers d’Hacride a vraiment commencé sur Amoeba. Je dirais même que dans Deviant on sentait plus les influences je trouve.

A : C’est ce que je disais, nous on a enregistré Deviant comme une démo. Amoeba et Lazarus ont été composés comme des albums.

Q : Y a pas la même optique derrière.

A : Y a pas du tout la même optique derrière.

Q : En revanche sur vos influences on a vu sur une interview que vous aimiez bien Devin Townsend. Que ce soit avec Devin Townsend Band ou Strapping Young Lad, il vous a apporté quoi concrètement ?

A : Bah ce mec là il a chamboulé toute la musique progressive. C’est monstrueux ce qu’il a fait. Enfin maintenant je suis moins intéressé par ce qu’il fait, mais l'album City pour moi c'est   THE album de metal.

Q : Pas que pour le progressif, partout où il est passé…

A : Ouais, et tu regardes tout ses projets sous le nom de Devin Townsend, que ce soit Ocean Machine, Infinity, Terria. Infinity on est dans le taré de chez taré. Donc ouais c’était une grosse grosse grosse influence.

Q : Donc ça a vraiment été une inspiration ?

A : Ouais. Et tout comme a pu être une inspiration Queen ou Nirvana.

Q : C’est vrai qu'avec City il a réussi à faire un album qui est quand même super violent. Mais il arrive quand même à passer un message. Il arrive à passer une mélodie tout en faisant une musique qu’est quand même violente sur le fond.

A : Ce qu’il a réussi à faire avec City, pour moi c’est représenter la paranoïa et la schizophrénie.

Q : Déjà il avait aussi quelques problèmes.

A : Il a réussi à l’extraire dans la musique

Q : Il a tout fait pour.

A : Et c’est là où moi je trouve ça magistral, c’est qu’on est au summum de l’art musical

Q : Parce que là c’est vraiment le cœur de la personne qui est dévoilé.

A : Voila tu fais un an à le faire t’en peux plus, tu passes en HP allez voila. J’ai pas envie de faire ça mais bon :p (rires) mais j'adore l’idée^^

Q : On a entendu de Samuel qu'en ce moment il continuait de s’entraîner à passer du tac au tac comme ça,  à pouvoir enchaîner voix saturée et voix claire de plus en plus facilement en fait, pour pouvoir vraiment moduler sa voix au maximum.

A : Bin il travaille. C’est aussi simple que ça. Il essaye de travailler sa voix pour pouvoir n’être ralenti par aucune technique que ce soit.

Q : Oui parce qu’il nous disait qu’il avait encore un peu du mal à repasser de voix extrême à voix claire.

A : C’est qu’il a un voix très extrême, il arrive à pousser dans des gains qui sont ultra tendus, qui sont parfois même plus extrêmes que Townsend, il a un gain qui est beaucoup plus rageur.

Q : Est-ce qu’on peut espérer un clip pour Lazarus ?

A : On aimerait bien. C’est en projet.

Q : Ça dépend peut-être du label aussi?

A : Oh ça dépend de plein de choses tu sais. C’est en projet, c’est tout ce que je peux te dire. C’est en cours…Voila ! Désolé c’est vraiment une réponse très très courte.

Q : Au moins vous aimeriez en faire un ?

A :Évidement, parce que nous on kiffe le fait d’avoir un art complet que ce soit aussi bien visuel, que ce soit musical ou que ce soit cinématographique.

Q : Toujours pour l’univers ?

A : Bah toujours pour l’univers voila. Donc oui évidement on planche dessus. Mais pour l’instant c’est un peu compliqué. Ça va se faire.

Q : Le premier clip a été fait par les Films de la Lymphe, je crois ?

A : En fait c’est les frères Deka qui nous ont toujours suivi partout, pour tout les clips, pour tout les visuels. Pour tout les trucs comme ça, c’est eux qui filment

Q : Là vous êtes à peu près au milieu du Lazarus Tour. Après cette tournée, vous comptez faire une tournée européenne ? Vous avez lancé des appels à différents groupes c’est ça ?

A : C’est pas qu’on lance des appels, c’est toujours des disponibilités, c’est deux groupes qui vont tourner en même temps. Alors, qu’est-ce qui est possible, qu’est-ce qui est en fonction des affinités de chacun.
C’est pas qu’on demande à un groupe «Est-ce qu’on peut venir avec toi ? ». Faut que ça les intéresse, puis faut que nous aussi ça nous intéresse évidement. Mais ouais, on a pas fini de tourner. On aura des vacances plus tard ! En 2013.

Q : Et encore !

A : Et encore (rires)

Q : On avait demandé si il y avait aussi possibilité d’avoir Zambra en live un jour .

A : Nan je pense pas

Q : Samuel nous avait expliqué qu’avec la chanteuse (de Ojos de Brujos) c’est compliqué.

A : Zambra, en plus pour les sets live qu’on a en ce moment, ça casse trop l’ambiance. On aurait pu le faire pour la tournée Amoeba, on avait commencé à la travailler. Mais du coup non je ne pense pas que pour l’instant on fera Zambra. Excepté peut-être si il y a un truc exceptionnel, une occasion spéciale. Mais en tout cas c’est pas dans notre volonté. On a pas envie de la faire comme ça, pour nous c’était un trip d’un album, un duo, qui était cool et qui nous a bien fait tripper.

Q : C’est vraiment dommage car c’est le morceau phare, celui qui surprend le plus sur Amoeba…

A : C’est fait exprès aussi.

Q : …et je pense que c’est aussi un des fantasmes de la plupart de vos fans.

A : Ouais mais… c’est bien de fantasmer ^^

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L'interview se finit par la femme de ménage qui vient pour nettoyer le vestiaire. On remercie Adrien pour cet entretien et on part la tête pleine de souvenirs.

0 Comments 24 octobre 2009
Whysy

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