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Conscience, ce nom annonce d’emblée la couleur puisque depuis un certain temps les thématiques relevant du domaine de la psychologie sont devenues l’apanage presque exclusif du métal progressif. Mais plus encore qu’un groupe de prog, Conscience est français et vient présenter son premier album Half Of Sick And Shadows. Le but : tenter de se faire une place sur une scène qui abonde désormais de groupes au sang neuf. Je vous rappelle au passage que l’année 2006 a vu émerger des groupes comme Forgin’Fate, Veda, Dreamlost ou encore Venturia qui a été très remarqué mais il me semble que j’en oublie. Tous ces groupes ont accouché de leur premier album cette année. Qu'en est-il de Conscience ?
Niveau packaging le groupe nous propose un visuel assez chatoyant doublé d’une iconographie mystérieuse puisque l’on aperçoit une silhouette humaine les pieds dans l’eau. Cette personne semble se chercher. Solitude… En d’autres termes, un bon point pour les français qui suscite l’interrogation et allèche l’auditeur avant même d’avoir glissé l’album dans le lecteur.

Nous voilà donc paré pour le décollage. Excusez-moi de l’emprunt mais je vais me la jouer un peu Le bon, la brute, et le truand ; en effet le monde du métal prog se divise en deux catégories, les Dream Theater’s like et les autres pour faire simple. Conscience est de cet autre bord puisque sa musique serait plus à rapprocher de celle de Pain Of Salvation. En effet, je qualifierai la musique de Conscience comme « une musique du vécu » puisque les vocaux oscillent entre chantés (la plupart du temps) et le parlé variant beaucoup au niveau des intonations trahissant une musique torturée et connotant émotivement la musique de Conscience. Je vous avouerai quand même que les gémissements du chanteur, qui font un peu sur-joués, et la prononciation de la langue de Shakespeare à la française me dérangent un peu.
On remarquera par ailleurs que les remarques faites supra concernant la voix se répercuteront sur tous les instruments. En effet la variété du chant n’a d’égal que l’aspect progressif de l’instrument. La longueur des compositions devient dès lors un impératif pour permettre ces variations qui nous promettent d’agréables surprises. On se réjouira également de l’emploi récurrent du piano aux détriments des claviers aux sonorités électroniques propres au prog; cet élément les rapprochera donc plus de Pain Of Salvation (simple comparaison). Dès lors on se délectera de la qualité des parties piano. Et oui, les notes pleuvent avec fluidité sans « scouater », si je puis me permettre, le devant de la scène.
Bien entendu ces parties seront suffisamment variées et ne seront pas surchargées par une débauche constante de vitesse et de technique. Il en ira de même de la guitare, les notes couleront avec fluidité et originalité sur des sons dans l’ensemble assez chauds laissant les overdoses de distorsion aux autres groupes. Les ambiances sont pour la plupart douces parfois renforcées d’arpèges de guitares.
Si la basse est souvent la grande oubliée sur les albums, elle viendra ici donner de la voix sans complexe prouvant qu’elle aussi mérite qu’on s’y intéresse.
La batterie quand à elle ne se livrera pas à de grandes extravagances en martelant un mur de fûts mais elle délivrera un jeu subtil notamment avec le charleyston. Toutefois elle reste un des plus gros points noirs de l’album puisqu’elle sonne assez mal; le son des peaux est assez sec et raisonne peu, ceci étouffant la puissance de l’instrument.

Après ce passage en revue des musiciens je peux vous dire que le style musical est bien maîtrisé. Les morceaux trouvent leur cohérence et forcent le respect technique mais plus encore pour le feeling qui s’y développe. On a en effet droit à une pléthore de mélodies aussi succulentes les unes que les autres forgeant l’identité Conscience. Toutefois, le spectre de Pain Of Salvation plane toujours au dessus de la jeune formation qui reste la plus manifeste au niveau des vocaux et de la narration. En ce qui concerne les rythmes utilisés, ils sont suffisamment variés pour conférer une bonne durée de vie à cet album. Il faut bien comprendre que la rythmique demeure quelque chose d’essentiel pour toute musique mais plus encore dans le prog puisque la batterie est à l’initiative des changements de rythme et doit donc être utilisée de manière à ne pas lasser l’auditeur et à préserver la cohérence de la structure du morceau. C’est vraiment l’élément qui donne le corps et le relief du morceau. Le son de cette dernière est donc assez dommageable.

Même si l’on reste loin des géants du style, Conscience présente un visage radieux à l’avenir. Le groupe n’a pas démérité en comparaison aux sorties françaises 2006 et se place même en haut aux côtés de l’originalité du métal jazzy de Veda et du dynamique Venturia. On passe réellement un moment agréable à l’écoute de cet album ; les seuls points noirs resteront certaines intonations et la prononciation du chanteur et le son de la batterie. Ecrivons tous au ministre de l’éducation… Une fois ces écueils dépassés s’ouvre à vous une musique inspirée et plaisante, mais bien sûr il faudra quelques écoutes avant de jauger la bête.
Chapeau bas messieurs, pas évident de sortir un premier album de prog aussi bien foutu.

Dreamer

0 Comments 30 décembre 2006
Whysy

Whysy

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