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Un type comme Rob Halford du haut de sa carrière (Judas Priest, Fight, Halford), de son âge (59 balais), de son pseudo « metalgod » qu’est-ce que doit encore démontrer ? Rien du tout, si ce n’est le fait d’être toujours dans le mouvement et d’être un « passage obligé » pour tout fan de metal.

La formation n’a pas évolué d’un iota depuis le Winter Songs de 2009 et on retrouve à coté du «metalgod», Roy Z. et Mike Chlasciak à la guitare, Mike Davis à la basse et Bobby Jarzombek à la batterie. Il faut s’attarder une seconde sur Roy Z : ce gratteur – producteur à une idée bien précise du metal et il suffit d’écouter Bruce Dickinson (Accident of Birth, The Chemical Wedding, Tyranny of Souls), ou la production de The dark ride (Helloween), Angel Of Retribution (Judas Priest), ou les anciens albums d’Halford  pour s’en faire une idée : la mélodie rime avec la puissance et l’immédiateté.

Made of Metal est à la croisée d’un heavy metal teinté de power et la nostalgie des Priest les plus anciens : un titre tel que speed of sound résume bien tout ceci : le chant, les refrains semblent tiré d’un Stained Class, le son est carrément actuel avec une production vigoureuse, le solos et les riffs ont un caractère bien speed et entrainant. On fait du neuf avec du vieux, mais ô combien de groupes sont prêts à vendre l’âme pour avoir une telle facilité de composition, d’inspiration et d’originalité.

Undisputed ouvre les hostilités comme un assaut à l’arme blanche: morceau direct, rentre-dédain au refrain accrocheur. Joli le break qui rappelle Painkiller. La suite de ce Made of Metal est du même niveau et on est favorablement surpris par le duel de guitares de Fire and Ice et la voie filtré du refrain de Made of Metal le morceau éponyme. Certes cette voie filtrée personnellement peut en agacer plus d’un mais c’est le signe d’une sorte d’expérimentation et pourquoi pas ?

Like there’s no tomorrow est le titre phare de l’album : un mid-tempo ultra inspiré, la voie de Rob est au top (c’est qui le metalgod ?), les lignes mélodiques font ravage, le songwriting n’est pas banal et au bout de deux écoutes on maîtrise le refrain.

La plus part des 14 titres oscille entre un heavy plus classique Thunder and Lightning, We Own the Night, Heartless, Hell Razor et une sorte de renouvellement, de prise de risques. On a à faire à du bon heavy typique de la NWOBHM, à des titres qui peuvent bien figurer dans la discographie d’un TYGERS OF PAN TANG, IRON MAIDEN ou DIAMOND HEAD. Si c’était que ça, l’album serait un peu vite oublié. HALFORD nous étonne grâce à quelques morceaux qui présentent une réelle prise de risque : Till The Day I Die est une composition aux accents blues western (Muddy Waters ou le Bon Jovi de Blaze of Glory), et on se laisse transporter dans un western-spaghetti à la sauce Sergio Leone, avant que le titre ne nous explose entre les oreilles. On voie l’humour noir de Rob qui attend la mort debout : « I’m living till the day I die ». De même, Twenty-five Years est la ballade de l’album mais pas dans le sens « sort ton mouchoir car une larme va tomber » ; on est plutôt dans l’introspection : Halford fête le fait d’être « clean » depuis  25 ans. Depuis un quart de siècle il ne se drogue et il ne boit plus. Il raconte son parcours à cœur ouvert (son agressivité, les amis qui se barrent petit à petit, la peur de ne pas arriver à surmonter sa solitude) le tout d’une façon lucide et désenchantée. Le crescendo final est simplement jouissif. Ce titre ne tombe pas dans la banalité ou la présomption.

Matador est encore un titre qui prend des risques : guitares aux accents de flamenco, cris de foule en toile de fond au debout et pendant chaque refrains, articulation d’un pre-refrain et d’un refrain, solos très élaborés et l’histoire d’un matador face à son ennemi (le taureau) évidemment. On peut écouter dans le refrain "Matador heart of the brave / Suit of life never to save / Matador in for the kill / Statuesque he's standing still" et on peut lire entre les lignes  la biographie de Halford himself: encore et toujours en vie, encore et toujours au service de la cause metal. Il faut citer encore The Mower car dans la veine d’innover Halford cherche de rattraper son passé et les cris suraigües qui ont fait sa réputation et ce titre lui permet de s’exprimer dans ce registre particulier.

Pour résumer, on a ici un album d’heavy metal de très bonne facture qui ose proposer quelque chose de nouveau. Le but n’est pas toujours atteint mais on est forcé de saluer la prise de risques par un monsieur qui n’a plus rien à démontrer. Certes si Halford s’était contenté de proposer seulement des titres heavy, l’album n’aurait pas été trop original. Il faut souligner aussi le travail sur les textes (originaux, élaborés, riches) et la prestation de Rob qui tout seul signe bien 7 titres et porte l’album avec sa voie.

Cet album ne sera jamais l’album de l’année, à cause des imperfections citées, néanmoins il tourne sur ma platine depuis Noël dernier sans arrêt. A bon entendeur…



Wanderer

0 Comments 19 janvier 2011
Whysy

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