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Vous les aviez oubliés ? Certainement pas, leur premier album "Vine" étant sorti il y a un an. Et bien The Man-Eating Tree revient déjà avec un nouvel opus, répondant cette fois-ci au nom de "Harvest". Pas de changement notable au sein du groupe hormis l'intégration d'un deuxième guitariste (Antti Kahru) durant la dernière tournée en plus de Janne Markus. Pour le reste, la même fine équipe est de la partie pour venir nous offrir un nouveau recueil de plaintes mélancoliques comme elle l'a si bien fait avec "Vine". Porteur d'un superbe artwork un peu plus travaillé que sur le précédent album, "Harvest" vient sortir à point nommé tandis que l'hiver pointe le bout de son museau. Alors allumez la cheminée et installez vous dans votre fauteuil, emmitouflés dans une couverture et un chocolat chaud à la main, il est l'heure de la récolte.

Car si vous aviez apprécié la précédente fournée, vous serez aux anges avec la nouvelle. A vrai dire "Harvest" vient se poser en clone de "Vine", semblant vouloir affirmer le propos musical dévoilé il y a un an par le groupe. Emballage sonore identique, structure des morceaux semblable, atmosphère inchangée, "Harvest" illustre à perfection la maxime "On ne change pas une équipe qui gagne". De plus, l'apport de la deuxième guitare ne saute pas franchement aux oreilles et la voix de Tuomas Tuominen n'a pour ainsi dire pas changé d'un iota. Sont-ce de bonnes nouvelles ? Oui et non. "Vine" était plutôt réussi mais accusait le poids d'une trop forte homogénéité. Suffisamment bon pour marquer un tant soit peu les esprits mais manquant un légèrement d'éclat pour s'installer en référence du genre. Et le genre en question est, pour les retardataires, un métal mélancolique et atmosphérique, volontiers heavy et mélodique tout en gardant une teinte sombre évoquant volontiers une forêt en plein hiver sur quoi vient se poser une douce voix claire au timbre empli de sensibilité et qui fera sans doute chavirer les plus sensibles d'entre-vous.

Copie conforme de "Vine" nous disions...oui voilà, le style n'a pas changé, la voix non plus et les musiciens guère plus. Donc oui, si vous étiez réfractaires à "Vine" passez votre chemin, il n'y fondamentalement rien de plus à glaner, mais si l'homogénéité demeurait le seul point noir de l'album à vos oreilles, donnez une chance à cet "Harvest" qui se veut plus mûr tout en nous laissant en terrain connu.

En effet, le groupe a ici affiné sa démarche, incluant tout d'abord deux pistes d'introduction et conclusion instrumentales, "Vine" en étant dépourvu, la première annonçant le thème du morceau à venir au piano et installant à merveille l'univers de l'album, la dernière se présentant sous forme de duo de guitares acoustiques, tout en douceur à peine accompagné par une batterie et des claviers, venant se poser comme l'ultime chapitre d'une histoire à s'endormir nous accompagnant aux pays des rêves. Et puis il y a tout simplement le fait que les morceaux affichent un semblant de mieux, de plus marquant, de plus efficace et viennent d'avantage marquer leur territoire que leurs confrères de la précédente livraison. Citons rien que la première partie d'album, allant de At the Green Country Chapel à Like Mute Companions. Les riffs restent en tête et les refrains visent directement le cœur, laissant une marque bien plus profonde que la dernière fois. Écoutez donc les soli d'At the Green Chapel (certainement le meilleur morceau de l'opus) et Like Mute Companions. Simples et à pleurer. The Man-Eating Tree se fait même plus relevé sur Armed, sorte de réjouissance dans la tristesse, pour mieux ralentir le tempo avec Exhaled, s'étirant sur près de huit minutes et nous plongeant dans un océan de douce mélancolie, toujours avec talent et sensibilité.

Vous l'aurez donc compris, les morceaux d'"Harvest" se veulent plus marquants sans pour autant se démarquer musicalement de leurs ainés. Un morceau comme Down to the Color of the Eye est symptomatique du premier album : rien à redire techniquement parlant ou au niveau de l'atmosphère dégagée, mais refrain un peu passe-partout et structures redondantes comparées au reste de la galette. Et ce n'est pas la voix pourtant belle et poétique toute en retenue de Tuomas qui viendra y changer grand chose. Même constat pour All you Kept Free, payant certainement les pots cassés de se retrouver en queue de peloton, ses compagnons ayant à peu près déjà tout dit.

Pas grand chose à dire donc sur cet album, si ce n'est qu'il reste fidèle à son prédécesseur tout en marquant le pas et s'affichant à un niveau quelque peu supérieur, illustrant les progrès réalisés par le groupe. Ceci dit, un rapide calcul et nous constatons qu'avec un nombre identique de pistes, "Harvest" compte donc deux "véritables" morceaux de moins. La globalité de l'album n'étant pas forcément parfaite, la rapidité de sa mise en service semble en être la principale responsable, nous offrant "en gros" seulement 6 excellents titres (intro et conclusion volontairement exclus). Non pas qu'"Harvest" soit moyen, il est très bon, mais devant la qualité de certains morceaux, nous pouvons supposer qu'avec un peu plus de temps et d'applications, The Man-Eating Tree peut nous pondre un chef d’œuvre.

0 Comments 10 décembre 2011
Whysy

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