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Eldritch a fait sensation avec son premier album Seeds Of Rage, petite bombe heavy prog lâchée deux ans plus tôt, et va tenter avec Headquake de maintenir l’onde de choc. Le line-up n’a pas changé, en revanche, il a modifié les dosages de son mélange détonant. Ce qui frappe d’entrée c’est le son de guitare bien plus rentre-dedans, froid et saccadé. Le groupe doit cette influence à son guitariste et leader Eugène Simone qui semble vouloir se rapprocher de ses mentors, les maîtres du thrash du début des années 80, comme Annihilator ou Watchtower.

Le chanteur Terence Holler le suit dans cette initiative et force sur sa voix, dans le but de coller aux textes toujours aussi sombres mais plus énigmatiques que sur l’album précédent. Toujours dans le but de véhiculer les sentiments émergeant des textes, son chant peut aussi être nuancé, jusqu’à ne devenir que chuchotements ou soupirs. Ainsi, même si vous ne comprenez pas grand chose aux paroles d’Headquake, les intonations de Terence Holler suffisent à vous les faire imaginer. Tenez, il personnifie la mort par une voix d’outre tombe à peine audible qui hante tout le morceau the last embrace, l’effet est réussi. Le chant est donc très présent et prend la dimension d’un véritable instrument, ceux qui se plaignaient des longs passages instrumentaux du premier opus n’ont plus d’excuse.

Bien sûr les autres musiciens ne font pas de la figuration, ce serait mal connaître ces italiens-là. Même la basse, bien plus qu’un catalyseur rythmique, est un composant essentiel dans l’alchimie musicale d’Eldritch. Chaque intervention d’instrument, chaque changement de rythme, chaque solo, concourent à créer des ambiances Eldritchiennes. Cependant, tout cela va parfois trop loin, même si les musiciens font preuve de dextérité. Ainsi, des passages sont superflus et gâchent certains titres, comme l’intro grunge de clockwork bed ou pire, le flamenco tzigane de salome’s dance.

Non, je ne vais pas finir ma chronique sans parler d’Oleg Smirnoff, le claviériste (également dessinateur de la pochette), qui œuvre toujours dans le domaine du cosmique. Mais il ne délivre que très peu de passages planants et aérés, il préfère au contraire vous transporter vers des stratosphères de gaz toxique et de pluies acides d’où l’on ne peut revenir indemne.

Eldritch a donc affiché avec son deuxième album une véritable volonté d’évoluer tout en gardant les bases du premier. Son heavy prog est devenu un heavy prog thrashisant qui se veut aussi plus oppressant. L’album est moins homogène que son prédécesseur, et ce tout autant d’un point de vue de l’efficacité des morceaux, quelques uns s’avérant trop moyens, que d’un point de vue technique, car plus varié. Ce disque s’en tire globalement très convenablement grâce à ses meilleurs titres, l’angoissant ghoulish gift, la ballade glaciale sometimes in winter, le tortueux the quest(ion) avec ses notes de guitare remontant le temps et son solo synthétiseur d’anthologie, ou encore dawn of the dying qui clôt l’expérience Headquake par un merveilleux solo de guitare sans fin, un peu comme sur « november rain » de Guns n’ Roses.

Eldritch enchaînera la sortie de cet album par une tournée avec quelques dates en France en ouverture d’Angra (j’en fus spectateur), c’est à ce jour son unique tournée sur nos terres. Alors si vous ne voulez pas attendre un hypothétique nouveau concert en France pour découvrir ce groupe, LMP a sorti en 2006 une nouvelle version de cet album comprenant bonus, inédits et versions réorchestrées.

0 Comments 16 mars 2007
Whysy

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