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Séparation, reformation, phase de composition volontairement exécutée sans producteur, interminable recherche de label qui semblait vouée à l’échec... Si Souldrainer reste encore actif c’est bien parce que le groupe s’est débattu dans la tourmente pour survivre coute que coute, et si Heaven’s Gate voit le jour c’est bien parce nous avons eu des musiciens passionnés qui malgré les coups durs, n’ont jamais baissé les bras et se sont concentrés sur la création de ce produit final. Il est vrai que la sortie de cet opus relève plus du miracle que de la suite logique d’une carrière musicale, néanmoins les éléments ont été réunis afin de laisser entrer le jour dans la pénombre artistique des Suédois.  N’oublions pas que Souldrainer c’est avant tout un projet, celui de donner une dimension angoissante et morbide aux atmosphères musicales. Auparavant, on avait pu constater le résultat plutôt convaincant avec le premier album « Reborn » qui s’était franchement enduit de cette envergure stressante avec les ajouts de choeurs incessants et les lugubres mises en scène comme sur « Angel Song ». Cependant, ces idées avaient germé grâce à un line-up frais, dynamique et qui était en pleine expansion. Mais comme on l’a souligné précédemment, Souldrainer s’est vu amputé d’un bon nombre de ses têtes pensantes et a même fini par perdre sa voix en la personne de Johan Klitkou. Quelles sont donc les possibilités à ce résidu de groupe presque réduit à néant ? Où trouver un chanteur qui ait autant de puissance et de profondeur que le frontman sortant ? La composition aura-t-elle aussi subi des coupes franches suite à tous ces bouleversements ?  Il est évident que lorsqu’un groupe perd la moitié de son effectif et subit un turnover intensif, on ne peut réellement retrouver l’essence de ce qui avait pu être libéré à l’origine. Marcus Edvardsson qui était originellement le guitariste se place aussi au micro pour donner de sa personne. Et je dois dire que le résultat est loin d’être honteux. Le bougre envoie des growls avec certes moins de technique que son prédécesseur, mais bon Dieu que c’est direct ! D’une manière générale « Heaven’s Gate » suit cette direction franche et sans détour. Dès le premier titre « The Quest », nous n’aurons pas d’intro, juste l’essentiel histoire de percuter l’écoute et tenter d’accrocher dès les premières secondes. Cependant, certaines broderies instrumentales sont toujours au rendez-vous, ainsi nous retrouvons les arpèges assassins aux claviers, des choeurs démoniaques sur la trame instrumentale approfondissant le sentiment de souffrance et des attaques à la guitare pénétrantes sur les riffs comme sur « The Legacy ». On peut aisément affirmer que nos musiciens assument de manière spectaculaire, la tournure sans fioritures d’« Heaven’s Gate », j’en veux pour exemple les cris envoyant des tirades assez brèves, les guitaristes se concentrant sur un jeu mettant en lumière la simplicité et l’efficacité ou la batterie menée par Arttu Malkki coordonnant toute cette assemblée au rythme des blast beats.  Les chansons qui composent l’album reflètent sévèrement cette franchise musicale, en outre, on pourra noter aussi la plastique artisanale qui pourra quelque peu déstabiliser au départ. À savoir, des titres s’enchainant sans presque ne jamais laisser ce petit silence indicateur, comme si le groupe avait fait exprès de bourrer sa galette d’un maximum de chansons pour crier son envie de faire de la musique. Les Suédois montrent, je pense, qu’ils sont prolifiques et que rien n’est joué pour Souldrainer, il y a encore de l’espoir et un avenir. Du coup, on est pris dans un train qui ne prend pas le temps de ralentir entre les gares. « Heaven’s Gate » barre la route à beaucoup de petits détails qui auraient pu rendre la forme plus sexy, or pour ce genre de petites choses on repassera... Ce qui est mis en avant c’est le déluge de notes, de mélodies certes enivrantes comme sur des titres tels que « Fed By Fire » ou le titre éponyme, bref la survie artistique est ce qui apparait ostensiblement en toile de fond.  Les musiciens se démènent comme des enragés pour proposer un album tout en relief et disposé de manière immédiate. L’effet est cru, brutal et sans ménagement, le death mélodique utilisé nous viole littéralement une partie d’inattention. Au final, on est très peu laissé pour compte, si on ne fait pas trop la fine bouche, on arrive à prendre du plaisir avec l’invitation de nos musiciens. Nos trois hommes parviennent à déployer une énergie récalcitrante visant avant tout à nous embarquer dans leurs pérégrinations musicales. Les titres tels qu’« Alien Terror », « Remember Me » ou encore « Hung On The Wall » sauront convaincre quant à l’efficacité des structures mélodiques. Riffs, soli, rythmiques et chants sont orientés dans le même sens pour pousser l’auditeur à lâcher prise dans l’oeil du cyclone. La densité musicale prend véritablement son essor sur le dernier morceau avec un soin apporté sur les orchestrations et les samples qui habillent le morceau. Il est vrai que sur « Dying For Your Sick Belief » on peut trouver les samples limite ridicules et complètement ratés, or « Heaven’s Gate » corrige le tir et propose un développement musical soigné et captivant. Dommage que la production ne soit que de qualité médiocre et manque de rondeur pour souligner ce résultat ma foi plutôt réussi aux vues des conditions dans lesquelles Souldrainer a dû se dépêtrer.

0 Comments 24 janvier 2012
Whysy

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