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Depuis sa création en 1995, Menhir était connu et apprécié des fans pour la fréquence et la régularité de ses productions. Alors que cette fois-ci, 6 longues années séparent ce nouveau cru de son prédécesseur. Que s’est-il donc passé ? Peu importe, on ne peut que se réjouir de ce retour inattendu, où l’on retrouve nos bardes allemands là où on les avait laissés, toujours prêts à exprimer avec fougue et passion leur fascination pour les légendes des temps anciens… Et forts d’un nouveau line-up. Des lointaines origines ne sont restés qu’Heiko et Fix, respectivement chanteur et guitariste de la formation, et principaux compositeurs. Nos craintes se dissipent donc, l’âme et la verve du groupe n’ayant pas été affectées par ces changements.


Et si la patte du groupe n’a pas changé et que l’on retrouve avec toujours autant de bonheur ces riffs prenants, ces envolées mélodiques, ces parties black plus saturées, ce chant de conteur exalté et si dépaysant et ces claviers aériens, beaucoup de surprises nous attendent cependant à l’écoute de ce nouveau cru. Déjà, pour la toute première fois, Menhir nous propose un album conceptuel. Hildebrandslied, c'est-à-dire « Le Chant d’Hildebrand » est en fait une vieille légende teutonne du IXème siècle, dont certaines parties (et notamment l’issue) ont été perdues. Cela raconte l’histoire d’un guerrier qui partit combattre les huns, et qui ne revint chez lui qu’une trentaine d’années plus tard. Sur le chemin du retour, approchant de son foyer, il se fait alors attaquer par un guerrier qui n’est autre que… son fils dont il ignorait l’existence ! La fin de la fable et l’issue du combat n’ayant jamais été retrouvées, Menhir s’est proposé avec cet album de nous conter la légende à sa manière, de nous donner sa propre interprétation de ce conte épique et païen.

Et cet opus constitue à la fois selon moi un grand pas en avant, et une étonnante régression par rapport à ses prédécesseurs. Commençons si vous le voulez bien par les points forts. Hildebrandslied s’ouvre tout d’abord par un très bon morceau, « Das alte lied des windes », aux riffs et au refrain très prenants, dépositaire d’une ambiance médiévale et magique assez irrésistible. Lui succède ensuite un morceau dans la plus pure tradition de ce qu’a toujours proposé le combo allemand. Et là, avec les trois morceaux suivants, la qualité monte d’un sérieux cran. Imaginez tout d’abord une introduction purement folklorique d’une douceur et d’une mélancolie saisissantes, dans le plus pur style du EP « Buchonia ».

Après cette courte mise en bouche arrive l’un des plus beaux morceaux jamais écrits par les bardes allemands : « Hildebrandslied Teil I », soit la première partie du conte, proposant une introduction sublime, du pur Metal médiéval, folklorique et enchanteur. Les mélodies s’enchevêtrent, les violons répondent aux guitares, et le chant d’Heiko fait merveille… Ce titre, notamment son début, est vraiment éblouissant. S’en suit « Hildebrandslied Teil II », qui bannit l’électrique et propose une nouvelle embardée des plus dépaysantes, médiévale dans l’esprit et légèrement plus inquiétante. Après un titre nettement plus anecdotique, l’album de s’achever sur « Weit in der ferne », sans grande surprise, mais assez convaincant.

Seulement, ces qualités bien réelles qui auraient fort bien pu faire de cet opus la plus belle réalisation du groupe, sont gâtées par des maladresses presque impardonnables qui entachent l’innocence, l’onirisme et le charme de l’œuvre. Par exemple, « Dein Ahn », titre pagan black propose des riffs et enchaînements maladroits, et un solo tout simplement atroce, très désagréable à l’oreille. Heiko, sur certains morceaux, s’essaye dans un registre qui n’est pas le sien, et certaines de ses montées aiguës où l’on sent le trouvère au bord de ses limites, ne sont pas très bonnes… De même, les bruitages de la première partie des deux « Hildebrandslied » sonnent un peu cheap et ne s’intègrent pas très bien à la musique… Et qu’est-ce que c’est que ce passage black qui arrive comme un cheveu sur la soupe dans la première composition ? Le groupe a sans doute voulu prouver à ses fans qu’il n’avait pas changé sa recette, mais ici, cela relève de la faute de goût, et c’est bien dommage d’alourdir ainsi un aussi beau morceau.


Vient le moment de statuer… Jamais le groupe allemand, qui s’est vraiment imposé parmi mes groupes préférés, ne m’aura donné autant de difficultés… C’est pourquoi, bien que je me régale de tous les atouts précédemment cités, je ne vais pas me montrer trop clément avec un combo dont je mesure l’étendue du potentiel… Ne vous y méprenez pas, j’adore cet album, mais toutes ces imperfections gâtent un peu mon plaisir d’écoute… Ce sera donc un 6/10 un peu sévère, mais qui ne doit en aucun cas vous empêcher de vous faire votre propre opinion sur cet excellent groupe.


Gounouman

0 Comments 01 décembre 2007
Whysy

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