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Décapsulez les binouzes, jetez vos rasoirs ('fin, si tu as plus de 16 ans amis lecteurs :)), et sortez les vestes en jean, c’est au hard rock le plus débridé que nous avons affaire aujourd’hui. Et dire qu’ils ont l’âge de vos mémés (fin pour les très très jeunes déjà cités qui n‘ont pas encore besoin de rasoirs) ne peut que les rendre respectables, Krokus est en effet une formation des temps héroïques puisque le premier album de ces vénérables Suisses date de 1976.

Après une longue histoire émaillée de succès notables dans les années 1980, de changements de membres aussi pléthoriques que les sombres affaires qui entachent notre gouvernement et des albums de plus en plus espacés à partir des années 1990, le groupe a décidé de remettre le couvert à partir de 2007 en revenant à la glorieuse formation du début des années 1980: Krokus entend ainsi démontrer qu’en matière de Hard rock, les Suisses n’ont rien à envier à leur compatriotes de Gotthard. Ils visent même beaucoup plus haut, en lorgnant vers l’héritage des maîtres australiens d’ACDC comme Chris Von Rohr l’a avoué dans le Rock Hard du mois de septembre. Krokus entend par son dernier effort Hoodoo, battre le soporifique Black Ice. Ce n’est pas l’étalon de valeur le plus haut qu’il soit des Australiens, mais bon, les helvètes démontrent par la tonitruante intervention de leur basiste, qu’ils ne sont pas là pour faire les premières parties de The Answer. Loin des modes et des gimmicks, ils s’accrochent à ce qu’ils savent faire avec une envie de jeune jouvenceau devant une collection de magazines Newlook. Ils font du hard et ils le font avec panache (Keep Me Rolling) même si le patronage d’ACDC est en effet encombrant.

Ûn chant rugi à la Bon Scott, des riffs qui grattent, des paroles à base de  "too hot" , de "rock’N‘Roll"et de "woman", des fins de chansons bordéliques comme le guitariste-écolier en a composé des centaines: Krokus avec Hoodoo nous emporte en territoire très connu.  Des structures assez heavy métal, carrés et classiques, parfois à la Judas Priest du début des années 1970, Hoodoo est résolument un album rétro qu’ on pourrait dater de 1979, ce qui n‘est pas pour nous déplaire. Et la sauce prend rapidement, on ne peut que se lever sur le dynamique Drive it in qui fera plaisir aux nostalgiques de Powerage, saluer la reprise Born to be wild en troisième piste ce qui est assez surprenant,  et savourer les brûlots comme Hoodo woman, Too Hot et In My Blood  délicieusement passéistes mais furieusement efficaces.
La tête dodeline, le menton opine  et l’esprit est instantanément capté par les soli qui pleuvent comme les tournées de bières brunes dans les pubs de Belfast. Les refrains sont répétés jusqu’à plus soif (et étancher un gosier d’hard rocker, c’est dur) avec un son gras, limite sudiste parfois à la ZZ top. Dans un tel contexte marqué par des riffs tranchants et incisifs, on ne peut que regretter certains morceaux mollassons (comme Ride into the Sun ou Firestar le dernier morceau totalement instrumental et dispensable, il faut parfois savoir s’abstenir de caser à tout prix un titre bonus) mais le bilan reste, comme le disait si bien Georges, très positif.

Dans le genre clone d’ACDC, période seventies, on peut dire qu’ils battent les Australiens sur leur propre terrain pour leur production les plus récentes et par la même, ils renvoient les jeunots d’Airbourne à leur cher étude (quelqu’un écoute encore le No guts, no glory??) S’inscrire dans le sillage d’un monument, si grand qu’il puisse être n’est pas sans danger. Cependant le mimétisme horripilant des Suisses envers leurs référence majeure est assumé avec tellement d’aplomb qu’on leur pardonne bien volontiers, ou en tout cas bien plus qu’à d’autres.
Vous aimez ACDC mais Black ice prend la poussière, vous aimerez Krokus.
Vous pensez qu’Airbourne a déjà tout dit, peut être pas, mais essayez quand même Krokus.
Vous pensez que la Suisse vaut mieux que son équipe nationale ultra-défensive, vous avez raison, essayez Krokus.

0 Comments 29 juin 2010
Whysy

Whysy

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