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Quand on me parle de How To Measure A Planet ? comme un album de transition, le sang ne fait qu’un tour dans mes veines. Diantre, parbleu et sapristi, comment peut on le réduire à ça ? Non pas que cette allégation soit totalement fausse, mais elle est purement discriminatoire. De l’avis de certains fans de la première heure, The Gathering se serait presque perverti à faire autre chose que du métal, n’acceptant pas le nouveau cap musical que le groupe a décidé de passer, préférant se réfugier chez d’autres groupes, utilisateurs invétérés de la distorsion saignante. C’était un choix, les hollandais en ont fait un autre, en leur âme et conscience.  Alors oui, c’est vrai, l’absence de riffs doomesques fait poindre un petit sentiment de nostalgie lors des premières écoutes, orphelins que nous sommes des superbes atmosphères froides et enivrantes que les bataves s’évertuaient à créer.  Avec HTMAP?, le groupe coupe le cordon ombilical du métal et a définitivement tourné les yeux vers d’autres cimes. Premier signe de cette mutation, la cover. Résolument plus moderne que celle de ses prédécesseurs (malgré que HTMAP? soit sorti juste un an après Nighttime Birds), elle marque par sa clarté et ses couleurs vives. Le deuxième signe a pour nom Attie Bauw : le nouveau gourou producteur métamorphose littéralement le son, qui devient beaucoup plus limpide qu’auparavant.  Le rock atmosphérique et électrique proposé sur HTMAP? reprend en fait quelques évolutions distinguées sur son aîné, Nighttime Birds : le rôle des guitares notamment, qui prennent nettement l’ascendant, accent rock oblige. Entre ambiances évanescentes et riffs plus acidulés, René Rutten s’impose en magicien des notes, accompagné par une basse ronflante du plus bel effet. Et c’est vrai que globalement, ce sont tous les instruments qui prennent une dimension supérieure, menés magistralement par une Anneke ici au sommet de son art : dans un registre plus coloré, moins froid et agressif que les albums précédents, la belle hollandaise brille une fois de plus et apporte une valeur ajoutée indéniable à la musique de The Gathering.  Et pour bien étayer leurs nouvelles idées, les néerlandais ont choisi un format long, deux cd pour 1h45 de musique. Cela rend-il pour autant l’album indigeste ? Force est de constater que non, cette fluidité musicale qui caractérise si bien le groupe se retrouve encore ici, et permet de savourer pleinement les délices de l’album. On passe successivement d’un rock assez progressif, limite psychédélique (The Big Sleep ou l’instrumentale South American Gost Ride) à des accents plus groovy, plus dansants notamment avec Liberty Bell, en passant par des perles d’atmosphérique comme Great Ocean Road, My Electricity, Travel ou la magnifique Locked Away.  Et pour conclure en apothéose, l’ovni du cd, la chanson éponyme, How To Measure A Planet? qui du haut de ses 28 minutes finit de nous prouver que The Gathering a grandi, s’est tourné vers d’autres influences musicales (on ne peut s’empêcher de voir dans ce titre un gros clin d’œil à Pink Floyd, avec ces longs passages progressifs instrumentaux, presque contemplatifs) sans oublier de conserver sa sensibilité et son indéniable génie pour mêler les genres.  Pivot identitaire et musical du groupe, HTMAP? est probablement l’album clé des hollandais, celui qu’il faut connaître pour décrypter et appréhender le cheminement musical tortueux des hollandais. Plus doux, plus enjoué, plus lumineux, plus direct, ce nouvel album électrise complètement nos sens, chamboule nos convictions avec une finesse et un tact imparables. Avouons qu’il est en effet difficile à adopter, mais délivre vite toute son essence et s’impose comme un des incontournables du groupe. The Gathering n’a pas choisi le chemin de la facilité, c’est une évidence, mais parvient encore et toujours à nous ensorceler, voilà une autre évidence.

0 Comments 13 septembre 2006
Whysy

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