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Est-ce que le nom de Jens Carlsson vous dit quelque chose ? Ce curieux personnage écume les divers océans du métal, leader de deux autres groupes de power/speed Persuader et Savage Circus, il vient cette fois-ci avec un autre groupe un peu plus volontaire sur le domaine de l'extrême. La recherche musicale serait-elle au centre des préoccupations du frontman, est-ce un moyen de se libérer d'un style dans lequel le monsieur commence à s'ennuyer ou est-ce pour faire plus de fric qu'il s'exerce avec plusieurs groupes ? J'aurai tendance à dire les trois mais nous ne sommes pas ici pour faire débat, mais plutôt pour découvrir Humanity Dethroned. Dark Empire, puisque c'est comme ça que le combo s'appelle, officie dans un power/thrash progressif possédant son propre univers et ses caractéristiques. Tout est dans la manière d'écrire, les Américains imposent ainsi leur griffe sur cet album.

Pour en revenir au chanteur, celui-ci harmonise la structure musicale avec son chant clair et suave. Bourré de sensualité, Jens abuse de son organe et met en évidence son grain vocal et surtout reste maître de la situation à tout moment. Lorsque les morceaux deviennent plus fougueux, on peut entendre en back vocal des growls (« Salvation Denied ») ou des chants dissonants (« Haunted », « Possessed »), thrash métal oblige. Son timbre aigu dompte la structure musicale et les ligne instrumentales n'ont plus le choix et doivent se ranger du côté de leur protecteur. Des titres comme « Forgotten Sin » tentent des échappées, les déferlantes instrumentales sont vite ramenées à l'ordre par le cri de Jens. Apparemment le frontman désire montrer que lui aussi a son rôle à tenir et ne veut pas être dépassé par les autres. Les refrains sont poussés de manière entrainante à l'image de la rythmique globale de l'album (« No Sign no Life », « Faded Dreams ») et de temps en temps, on se rend compte de la césure entre les mélodies. Le contraste paraît  comme une évidence, mais par moment on en est moins sûr car les envolées de guitares sont propulsées par les leads vocaux qui se fondent à merveille dans la composition.

Le travail a été généreusement mené par ailleurs sur les guitares, l'emphase de ceux-ci sur les refrains ultra efficaces, mais aussi sur les soli incommensurables (parfois Dragon Forciens) (« Salvation Denied »). Que la guitare soit électrique ou sèche, on a une qualité d'écoute à toute épreuve complètement joussive de cet instrument à corde. « The Forgotten Sin » rend hommage à la pureté et laisse place aux sentiments, alors que « Closure » explose les barrières de la puissance sonore avec ces envolées. La batterie s'adapte aussi à la ligne de conduite dictée par le chant souverain. Les percussions sont variées et rendent la production rythmée et parfois détonante. Sans être mis au placard et faire dans une originalité outrancière, les cordes et les percussions se marient parfaitement pour impressionner l'auditeur, Humanity Dethroned donne le vertige ! L'orientation donnée par le groupe est progressive, ce qui a pour conséquence un enrichissement de la gamme instrumentale mais aussi des effets mélodiques. Le renfort musical est assuré par un piano qui apparaît furtivement comme dans « Prelude » ou permet d'arrondir les parties très énervées comme sur (« Humanity Dethroned» ). La structure mélodique s'accroit potentiellement et gagne au niveau des orchestrations.

Dark Empire fait donc partie de ces groupes s'éloignant des clichés et ose s'aventurer sur plusieurs domaines du métal. Mais hélas, comme tous ces groupes, celui-ci ne fera pas exception à la règle, car si on trouve volontiers son plaisir sur certains titres, d'autres seront limites décevants. Le mélange ne prend pas forcément à tous les coups, comme sur « The Haunted », le chant reste à la traine et vient même gâcher la nappe musicale entrainant tout le morceau au fond du gouffre. Les parties au chant plus extrême sont, selon  moi, bien trop discrètes. J'aurais tellement préféré avoir de grandes parties de chants ravageurs sur les parties thrash de la production. Mais non, pas de ça chez eux, la retenue est respectée même sur ces moments là. Seul le titre éponyme laisse un peu plus le champ libre aux growls, mais faut pas rêver, ça ne dure pas plus d'une minute et encore cette petite minute est entrecoupée de chant clair.

Sinon au delà de ça, on nous sert des titres plus axés speed power carrément bien tenus de la part des musiciens. « The Forgotten Sin » et « No Sign No Life » assurent une assise confortable sur le domaine du speed power, ces titres au moins raviront les amateurs du genre.

Sans être la révélation de l'année en terme de recherche musicale, Humanity Dethroned permet de passer un bon moment et son aspect prog travaillé, enrichi et maitrisé pourra surprendre ou atténuer certains aspects un peu trop rugueux du thrash métal. Le rendu n'est pas exceptionnel non plus, mais on reconnaitra à cette compil certaines qualités incontestables. Jugement plutôt positif : Humanity Dethroned est distrayant et honnête.


- ĦĐ -

0 Comments 28 juillet 2008
Whysy

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