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Petit nouveau sur la scène death folk, le groupe finlandais de Thyrien est bien décidé à montrer de quel bois il se chauffe ou plutôt, vu le genre pratiqué, de quelle légende scandinave il est fait. Fondé en 2005, par le duo Oskari Koivisto et Jere Sjögren, à la guitare/chant et à la basse/chœurs respectivement,  le combo s’est depuis étoffé de quelques musiciens pour finalement signer en 2013 chez Massacre Records. Ce début d’année 2014 voit la sortie du premier opus du groupe, Hymns of the Mortals – Songs from the North, commencé en 2008.

On le dit souvent, mais vu l’importante popularité du genre ces dernières années, une petite piqûre de rappel est toujours la bienvenue, la scène [insérer ici un genre de metal]-folk est un vrai champ de mines. Ou pour les débutants (et les auditeurs), la loterie. Genre ingrat par excellence, il y règne une atmosphère de logique arbitraire implacable séparant d’un côté les monts et merveilles (je ne vais pas citer de groupes pour ne fâcher personne – mais je sais bien qu’on pense tous à Moonsorrow) et les éternels seconds couteaux destinés à ramer dans les arrières cuisines pour rattraper leurs glorieux ainés (là encore je ne vais citer personne mais si vous pensez à Waylander vous serez sur la bonne piste). Partant de ce constat, il est donc naturel de craindre un peu pour le succès de ce Hymns of the Mortals – Songs from the North malgré toutes les bonnes intentions qu’on veut lui prêter..

Première constatation, Thyrien ne débrouille pas trop mal et parvient à composer quelques morceaux, sinon forts, du moins solides et bien dosés. « The Frozen North » par exemple, même s’il joue sur quelques clichés éculés, est un titre qui sort agréablement du lot. On baigne dans une atmosphère martiale intéressante supportée par le timbre de Oskari Koivisto, convaincant sur ce titre.  Tout comme « My Victory My Defeat » qui le suit immédiatement avec ses rythmes bien appuyés et ses mélodies denses, ces deux chansons prouvent la capacité du combo finlandais à savoir trouver les notes justes.  « Tinasormus », la reprise de Janne Hurme, intrigante par son aspect dansant très prononcé qui finalement sied assez bien au groupe, complète ce trio gagnant.

Thyrien, bien sûr, ne réinvite pas le fil de l’épée (bienheureux d’ailleurs ceux qui en seront capables) et, si la loterie magique des groupes de *folk n’a pas jeté les finlandais au milieu des rebus inécoutables, il en faut un peu plus pour faire passer nos cinq amis du côté des légendes inoubliables. Hymns of the Mortals – Songs from the North souffre de quelques maux bien connus de ceux se penchent de près sur qui célèbre les guerriers nordiques et leurs batailles épiques.

D’abord l’opus tourne vite en rond. Certains des titres peinent à trouver leur identité et se contentent de surnager péniblement.  La dernière partie du disque notamment s’essouffle très vite et  perd de son attrait après quelques écoutes. « Forest is My Throne », « Nature’s Rage » et « When the Horizon Burns »  sont quelque part un peu plus molles qu’elles n’auraient du être.  Et il n’en faut pas plus pour que notre intérêt prenne la poudre d’escampette. Finalement, le gros de Hymns of the Mortals – Songs from the North se perd dans un amas mélodramatique qui gesticule beaucoup pour pas grand-chose. Ce qui nous amène directement à la difficulté suivante.

Car le plus gros problème de Hymns of the Mortals – Songs from the North, c’est son absence de totale brutalité. Sans vouloir se lancer dans une apologie de la violence, le premier disque de Thyrien manque dangereusement de mordant ; ce qui est très dommageable pour un album de ce genre. Avec un nom pareil, on s’attend à du brut, du sauvage, voire même à du méchant avec un peu de bave aux coins des lèvres. Surtout quand les musiciens prennent en plus le temps de poser grimés et torse-nus dans la forêt enneigée.  Cependant, à l’écoute du disque  le soufflet retombe vite. A aucun moment, tout au long des dix chansons, Thyrien ne parvient à soulever l’intérêt par une prise de risque inattendue ou par un sursaut d’agressivité étonnant. Hymns of the Mortals – Songs from the North se contente d’un rythme de croisière pépère. Flottant tranquillement dans les eaux déjà encombrées du metal folk et de ses déclinées, Thyrien n’a peut-être pas choisi la meilleure solution.

Au final, on a connu des albums de doom plus dynamiques et quand l’opus touche à sa fin on regrette de ne pas s’être fait secoué les oreilles plus que ça. Presque indolent par endroits, Hymns of the Mortals – Songs from the North est complètement inoffensif. En gros, Thyrien a produit un album de bonne facture, avec des mélodies maitrisées et un chant parfois puissant (mais aussi parfois un peu trop étriqué comme sur la deuxième partie de l’opus)  mais qui manque d’accroche. On voudrait tellement être sur la brèche, quitte à être un peu brutalisé, qu’il est décevant qu’il se passe finalement si peu de choses.

Nola

0 Comments 20 mars 2014
Whysy

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