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Heaven Shall Burn avait déjà soufflé le paysage extrême il y a deux ans avec la sortie d’un « Deaf To Our Prayers » excellent en de nombreux points même s’il accusait sur le long terme une certaine linéarité. En ce début de nouvelle année, les allemands ont décidé de sortir le grand jeu avec un concept album. N’ayant que peu d’informations sur le contenu je m’abstiendrai d’en parler. Mais ce n’est pas le plus intéressant ici, car la musique de nos voisins atteint cette année de nouveaux sommets en matière de brutalité, d’agressivité et de puissance musicale et sonore. En effet, Heaven Shall Burn pratique une musique d’une intensité exceptionnelle : entre métal extrême et hardcore léché, cette musique a su prendre le meilleur des deux mondes pour offrir une fusion particulièrement réussie, tout en sachant conserver une identité propre.

Autant le dire tout de suite, avec « Iconoclast » Heaven Shall Burn ne métamorphose pas sa musique. Le groupe a su rester sur ses acquis tout en étoffant ses chansons. Ainsi des compositions comme « A Dying Ember » - qui affiche près de 7 minutes – possèdent des structures travaillées et de nombreuses variations rythmiques et autres breaks mélodiques. Le groupe allemand est parvenu à composer un album encore plus puissant que le précédent, ce qui est presque un exploit. La production est absolument dantesque et malgré ce déluge de décibels tous les instruments sont parfaitement dosés : jamais le son ne donne l’impression d’étouffer l’auditeur par un côté peut-être brouillon ou maladroitement mixé. Il faut évidemment avoir les oreilles bien accrochées. Les guitares grondent en riffs rythmiques – rupture des cervicales assurée ! – ou en mélodies discrètes. Heaven Shall Burn est certes pourvoyeur d’un métal extrêmement puissant et dévastateur, il n’en reste pas moins très intelligent dans l’usage de ses mélodies. Des mélodies discrètes mais distillées avec soin, le contraste entre parties brutales et d’autres plus tempérées apporte une saveur particulière aux chansons. Des chansons qui alternent les assauts de batterie sauvages et les passages très lourds, parfois atmosphériques : le break pachydermique de « Joel » suivi d’une explosion rythmique. Le groupe est toujours aussi impressionnant techniquement (quelle rigueur !), et Marcus Bishoff est sans aucun doute l’un des vocalistes extrêmes les plus virulents et talentueux en activité. Cette voix totalement folle, cette puissance exacerbée me file le frisson à chaque fois.

Plus le temps passe, plus Heaven Shall Burn semble prendre de l’assurance, et plus la musique du combo voit sa qualité croître. Contrairement à beaucoup de formations plus ou moins connues, les allemands ont su garder leur verve et leur énergie d’antan. Certains reprocheront à « Iconoclast » un côté linéaire ou redondant – ce qui peut paraître vrai – mais ce serait un manque de profondeur d’écoute. En effet, ce nouveau disque ne s’écoute pas en vulgaire fond sonore, il demande au contraire une certaine attention de l’auditeur. En effet, la musique est tellement dense qu’il arrive que notre attention décroisse, à ce moment les compositions apparaissent peu discernables.

Comme dit précédemment, Heaven Shall Burn ne propose pas d’évolution musicale majeure, mais il tente toutefois d’apporter de nouveaux éléments. Tout d’abord l’excellente « Murderers Of The Murderers » à la rythmique supportant un « beat technoïde » ou l’incroyable succession de « Awoken » - l’introduction symphonique – et « Endzeit » véritable coup de génie (peut-être la meilleure chanson des allemands à ce jour) : comment auraient – ils pu mieux engager l’album ? Toutes les chansons sont dans le même ton, ainsi les moins courageux pourraient être découragés par l’aspect massif et homogène de l’ensemble. Ce nouvel album se termine d’ailleurs d’une curieuse manière par deux instrumentaux ! Tout d’abord « Equinox » qui nous berce de son charme acoustique, pour finalement conclure avec « Atonement » dont la puissance électrique nous pousse à revivre ce voyage au pays de l’extrême.

J’ai récemment appris que les paroles de Heaven Shall Burn portaient entre autre sur l’anti-fascisme, la lutte contre les inégalités sociales, le droit des animaux : des thèmes relativement engagés et profonds. De même, quatre des cinq membres seraient végétaliens. Dingue que de telles personnes pratiquent une musique aussi virulente ! Mais je pense qu’il s’agit d’un parfait exutoire à leur rancœur et leurs revendications. Un groupe intelligent. Au final « Iconoclast » est un excellent album de métal extrême : violent, agressif et puissant. Je pense sincèrement que tout amateur d’extrême mélodique ou non devrait y trouver son compte. Heaven Shall Burn règne en maître absolu sur le paysage métalcore européen, et vue la qualité de ce dernier disque, leur suprématie n'est pas prête de faillir !

...TeRyX...

0 Comments 11 janvier 2008
Whysy

Whysy

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