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Ah comme c’est exaspérant…et vous le constatez aussi bien que moi, amis lecteurs… comme c’est frustrant et agaçant d’attendre désespérément la sortie d‘un album d‘un groupe culte, phare, ou spécial à notre petit coeur… certains groupes, en effet, prennent leur temps, peaufinent, jouent les perfectionnistes pour voir et revoir les ultimes détails de leur composition, laissent venir l’inspiration sans forcer et n‘hésitent pas à jouer avec les nerfs de leur public.. Le groupe américain Symphony X incarne ce type de formation archi-méticuleuse qui teste depuis quelques années la patience de leurs adorateurs: Autant dans leur première partie de carrière, les Américans dégainaient (sous la pression d’un label nippon très exigeant)des albums tous les ans sans que la qualité s’en retrouve altérée, autant depuis les années 2000 les publications s’espacent, les délais entre deux albums s’allongent…il a fallu quatre années aux New Yorkais pour livrer leur nouvelle production Iconoclast après un Paradise Lost célébré en ces pages par une majorité de commentateurs avisés (si,si) ou non (oui toi, toi et toi :p). L’attente fut longue car les Américains sont perçus à raison comme un groupe essentiel de la scène métal progressive, Michael Roméo est l’un des guitaristes les plus doués de sa génération et les mélomanes avertis ne sont jamais rassasiés de compositions conceptuelles racées, ouvragées et majestueuses.  Mais le voici enfin, le tant attendu huitième album de Symphony X et un seul coup d’œil sur la pochette révèle la volonté des New Yorkais de moderniser leur identité visuelle avec une couverture techno-fantastique des plus repoussantes (l’édition spéciale et limitée de l’album est pourvu d’une illustration plus réussie cependant). Cette couverture tranche brutalement avec les visuels antérieurs du groupe, ils rompent une tradition iconographique poétique et imagée de sept albums ce qui laisse augurer un album de rupture, un disque charnière, un tournant dans la carrière des Américains. Iconoclast est comme son nom l’indique assez différent de ces prédécesseurs: Le groupe a souhaité un disque très heavy, agressif et rugueux (pour du Symphony X),il continue sur la lancée d’un Paradise Lost et les musiciens entendent simplifier leur propos pour privilégier l’efficacité des compositions.  Simplification du propos, des refrains ("We’re strong, we will stand and fight" sur Iconoclast on n’est loin de Damnation Game et Evolution the great design) des mélodies avec un Pinella bruitiste ou parfois développant des sonorités mécaniques, industrielles, on peut dire que la nature épique, symphonique, progressive du groupe a été délaissée à l'exception du titre éponyme, véritable trompe l'oeil placé en ouverture. Iconoclast ne contient ainsi pas de morceau épique, ni de fresque théâtrale et progressive ou de composition fleuve. Roméo a voulu simplifier son propos et suivre peut être l’évolution naturelle du groupe qui prend de plus en plus en compte la dimension percutante de sa musique, ses proportions les plus interactives, aspect essentiel des prestations live auxquelles s’adonnent de plus en plus volontiers Symphony X. La nouvelle signature chez le mastodonte Nuclear Blast est peut être aussi une preuve de cette évolution tant le label rhénan semblait incongru pour accueillir dans son giron, un groupe réputé pour la finesse de son propos et le caractère élaboré de ses compositions. Le son est très très (trop?) lourd et même des riffs bien pensés Iconoclast ou Electric messiah perdent de leur mordant par un accordage bien grave. Des riffs industriels et des ambiances particulières (machine, bruits robotiques) veulent sonner modernes au détriment de la mélodie du charme et de la majesté propre aux compositions traditionnelles des Américains.  Le plus décevant, je trouve, est dans l’entame des morceaux, les introductions présentent des riffs très convenus qui laissent une étrange impression répétitive s’installer: le début assez passe-partout de End of innocence est très proche de celui de Bastards of hemachine… étourderie???, manque d’inspiration?Ce genre de faux pas est en tout cas inédit chez les Américains. Les morceaux ne se singularisent pas, ou peu, et se diluent dans un fond sonore homogène mais bien impersonnel au final. Et pourtant on devine à travers certains passages que tout ce qui faisait la grandeur de Symphony X est encore là: le Solo de Bastards of the machine rappelle l’étendu des qualités du père Roméo mais l’approche agressive etabrasive des structures rythmiques délaissent ce qui faisait le charme des compositions. Et pourtant, je le répète, on sent tout le talent du groupe dans des petits détails, un pont (End of innocence) un passage de basse de Jason Rullo (fin de Bastard of the machine, Heretic),des chœurs monastiques (Heretic) et des structures complexes de mélodies qui surnagent de ci delà au milieu de titres lourds et roboratifs (Deshumanized ou Children of A Faceless God). Et si la ballade finale était le meilleur titre? Le seul avec Iconoclast qui semblent provenir du passé des Américains. Mais deux titres , c’est au final bien peu et même le grand, l’unique Russen Allen n’échappe pas à la simplification de son propos avec un chant plus grave (Prométhéus) plus tonique mais beaucoup moins mélodique. Les paroles simplettes de certains morceaux ne collent pas non plus avec les attentes artistiques que soulèvent un disque de Symphony X et personnellement j’aurais jamais pensé trouver des passages vulgaires proférés par un chanteur de cette dimension et fort d’une grande présence charismatique (le « you’re a son of a Bitch » de Children of a faceless god était-il bien indispensable?). Où sont les breaks néo-classiques, les interludes, les épopées grandiloquentes et progressives, les tubes à la Of Sin and Shadow, Sea of Lie, In The Dragon's Den..? Qu'est devenu le souffle qui animait les précédentes productions des Américains?? Envolé, disparu, terminé d’où une impression désagréable de gâchis que ne sauve pas une production impeccable et quelques rappels disséminés (Deshumanized) des inspirations passées.  Iconoclast est une déception qui n’est ni profonde ni amère puisqu’elle relève d’un changement artistique entamé chez des artistes créatifs et courageux. Leur liberté n’est pas à remettre en cause et leur virage artistique est tout à fait légitime. Seulement, amis lecteurs, ce virage ne correspond pas à ce qui me plaisait dans ce groupe.

0 Comments 01 juin 2011
Whysy

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