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18 ans d'existence et huitième album pour les suédois de Lake of Tears avec cet "Illwill", troisième depuis leur reformation de 2003. Si leur début de carrière les a érigés en porte drapeaux du doom, les voyant proposer au fil des années un musique mélancolique aux relents gothiques et ces éléments trouvant encore grâce sur leurs derniers efforts "Black Brick Road" et "Moons and Mushrooms", malgré un relatif durcissement entrevu sur ce dernier, l'heure est aujourd'hui aux guitares tranchantes, aux structures rentre-dedans et les ambiances sombres se font ici bien plus discrètes.

La preuve nous en sera donnée dès l'ouverture de l'album en grandes pompes avec Floating in Darkness, plus proche d'un Chrome Division que de ce que nous a offert Lake of Tears par le passé. Tempo rapide, guitares abrasives,Lake of Tears surprend quelque peu en ce début d'album avec ce morceau plutôt efficace, en dépit de paroles frisant le ridicule, n'épargnant aucun cliché ("Gonna get you good, gonna get you hard", "Six six six !", "You can't run, you can't hide",...), bien que cela colle avec l'esprit "moto-métal" de ce Floating in Darkness. Et si la couleur de l'album n'est fort heureusement pas uniforme, basée sur le moule de l'opener sus-cité, il faut tout de même en arriver au constat que Lake of Tears livre ici une copie très punk et speed metal dans sa globalité.

En effet, si la première moitié d'album joue habilement avec les nuances (on y reviendra plus tard), ses 4 derniers morceaux sont en revanche envoyés pied sur le plancher et font fi de toute recherche mélancolique ou mélodique. Alors, les habitués seront déstabilisés, mais ceux qui accepteront de jeter un regard neuf sur cette œuvre devraient plus qu'apprécier le nouveau visage affiché par les suédois. Car Parasites est du genre primitif mais débouche les oreilles comme il faut, Midnight Madness, morceau le plus rapide de la galette, se veut complètement dément et nous donne l'impression d'une locomotive incontrôlable qui nous écrase sans pitié, mais surtout, nous avons la proto doublette Out of Control/Taste of Hell qui pour le coup s'impose une grande réussite et peut revendiquer quelques uns des meilleurs morceaux de ce début d'année. Petite explication. Out of Control est de ces morceaux qui font s'allumer en vous l'envie de lever le poing, follement épique au refrain fédérateur, rappelant un décor de western que l'on traverserait en Harley. Se basant sur une mélodie simple déclinée à plusieurs sauces au fil d'une terrible montée en puissance, Out of Control est un morceau intense dont le seul reproche que l'on pourrait faire est d'être bien trop court, appelant une suite qui ne vient pas. Du coup, Taste of Hell remplit plus ou moins ce rôle de suite, démarrant sur les chapeaux de roues et offrant un refrain des plus massifs rappelant I, le projet black n' roll d'Abbath (Immortal) et laissant entrevoir un terrible potentiel de destruction live.

Ceci dit, Lake of Tears n'a pas sacrifié tout son héritage au profit d'une nouvelle jeunesse heavy punk car il faut compter sur House of the Setting Sun pour perpétuer la tradition des ballades mélancoliques dont le groupe a le secret, glissant des orchestrations tire larmes et offrant un final envoutant, tranchant nettement avec les oripeaux arborés en fin d'album. Car Lake of Tears sait aussi se muer en une sorte de fusion entre Chrome Division et Katatonia quand le groupe décide d'exhiber guitares agressives et ambiances glacées à la fois. En témoignent Behind the Green Door, dont nous ferons abstraction des paroles une fois de plus ridicules (une histoire d'amour racontée de la plus pataude des manières...) et retiendrons le côté romantique ainsi que la prestation de Daniel Brennare dont la voix s'adapte avec réussite à tous les styles abordés dans cet album, et Illwill, doomy à souhait et pourvu d'un refrain lourd et marquant de part le mur sonore qu'il dégage. Et si The Hating et U.N.S.A.N.E. sont plutôt quelconques, ils restent néanmoins d'un niveau correct et ne font pas tâche outre mesure au sein de l'œuvre.

A vrai dire, la force de cet album est d'arriver à décocher quelques morceaux vraiment mémorables, à l'image d'Illwill, Out of Control ou encore Taste of Hell, tout en brassant différents univers avec réussite, bien que l'accent soit fortement porté sur ce nouveau visage direct et "punk" que Lake of Tears arbore, résultant peut-être de leur changement de guitariste lead avec l'arrivée de Fredrik Jordanius après la sortie de "Moons and Mushrooms", prédécesseur d'"Illwill".

En définitive, Lake of Tears surprend, risque de dérouter ses fans, mais cet album n'en est pas moins un album de qualité, qui devrait séduire une frange non négligeable de metal-heads pour peu que ceux-ci veuillent bien se donner la peine d'y jeter une oreille, voire les deux !


0 Comments 01 mai 2011
Whysy

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