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Imaginarium, a dream emporium Caress the tales And they will dream you real Quatre ans.  C’est le temps que nous ont fait attendre les finlandais avant de sortir le successeur de Dark Passion Play, dont les détails ont commencé à être égrénés au fil des interviews depuis début 2010. Il s’agira d’un concept album, Imaginarium. Un film accompagnera cet album. Tout ça parlera des rêves d’un vieux poête.  Depuis, d’Imaginarium on est passés à Imaginaerum, l’intrigue s’est un peu précisée, Troy Donockley a de nouveau annoncé sa participation, et l’album est sorti, enfin. On pourra dire ce qu’on veut de la communication autour de Nightwish, elle est efficace, et a su créer l’événement. Le jeu en valait-il la chandelle ? Nombreux sont ceux qui craignent, depuis 2005 et le big bang pour les fans, que le groupe ne se meure. Que le monde se rassure, le difficile exercice du concept album n’aura pas tué Nightwish.  Dès la sortie du premier single Storytime on a pu faire plusieurs remarques :  - D’abord Anette a pris de l’assurance, et a su varier son chant, monotone dans Dark Passion Play. L’impression sera confirmée tout au long de l’album. - Ensuite le groupe a su rester fidèle à sa musique, mettant en valeur quelques riffs bien sentis (bien qu’un peu trop mécaniques) avec de nombreux chœurs et un orchestre riche de nombreux instruments. - Si ce Storytime reste plutôt simple, aux sonorités presque pop, et à la mélodie facilement mémorisable, on n’est pas dans du radio-friendly pour autant : la structure n’est pas complètement linéaire, le titre est long (plus de cinq minutes !), les chœurs et orchestrations sont bien présents. - Les thématiques se dessinent dans les paroles : le voyage, le rêve, le Pays Imaginaire, l’écrivain, la folie (suivie par Alice).  Imaginaerum réussit le tour de force d’être cohérent à l’extrême, alors même que musicalement, les différents morceaux ne se ressemblent en rien.  Pour prendre le contrepied de Storytime par exemple, il faut aborder Scaretale, un morceau complètement dans la démesure, où les passages symphoniques prennent plus d’espace que le chant, dans un délire déstructuré et malsain. Le ton est sombre, Anette se fait grinçante, les chœurs d’enfants, noyés dans cette obscurité, nourrissent l’angoisse de l’auditeur. Un Marco ténor nous souhaite la bienvenue dans le Cirque De Morgue, avant de s’aventurer dans un passage presque pagan. Les chœurs rappelleront (presque tout le morceau, en fait) franchement Danny Elfman, et Peter Pan (tu t’envoles, tu t’envoles, tu t’envoles !). Forcément, une telle énergie ne peut que faire mouche.  Mais ces deux pistes diamétralement opposées ne suffiront pas à décrire tout Imaginaerum. Par exemple les envolées très folk apparues sur Dark Passion Play sont de retour, et se taillent même une part importante. Troy Donockley fait ainsi jouer de sa cornemuse sur plusieurs morceaux, et a même droit à de longs passages en solo, particulièrement dans I Want My Tears Back. Ce morceau est par ailleurs une autre des grandes réussites de l’album. Imaginons une sorte d’hybride entre Wish I Had an Angel et Last of the Wilds. La structure est simplifiée à l’extrême, mais le rythme est entraînant, l’atmosphère créée par la cornemuse est enchanteresse, et le duo de chanteurs fonctionne bien. L’autre force de I Want My Tears Back, c’est le chant d’Anette sur les couplets, angélique, haut perché. Encore une ambiance totalement différente, plus légère, et encore une occurrence d’Alice. Dans un album qui s’appelle Imaginaerum, logique que les personnages caractéristiques des mondes imaginaires soient surreprésentés. Toujours dans ce registre folk-efficace, on retrouve Last Ride of the Day, et son introduction qui avait filtré. Clairement ces deux morceaux sont taillés pour le live, et forment deux pierres angulaires de l’album.  Marco et Anette n’ont pourtant pas encore montré toutes leurs facettes, puisqu’on les retrouve dans un tout autre registre sur Slow, Love, Slow. Le morceau qui a été décrit par anticipation comme révolutionnaire et piano-baresque est effectivement loin des stéréotypes Nightwishiens. Peu d’orchestre, pas de chœurs. Juste du piano, quelques cuivres, pour une ambiance feutrée, une Anette sensuelle et un Marco crooner discret. Même Emppu a droit à son moment de gloire, avec un solo plus jazzy que rock, et Jukka a du se régaler de jouer autre chose que d'habitude. Que l’on aime ou non, il faut saluer l’essai, et surtout l’incursion réussie dans un genre inhabituel.  On retrouve les chœurs d’enfants dans la glauquissime Ghost River, qui commence sur un riff solide, et ne perd jamais le rythme. Marco y utilise son chant le plus agressif, qui colle parfaitement au concept. Ces jeunes choristes font aussi une apparition dans la mid-tempo Rest Calm qui, sans être dans le carré de tête des meilleures chansons, sait poser une ambiance de nostalgie prégnante, et une mélodie facile à retenir.  Tout n’est malheureusement pas aussi réussi. Certes, la ballade Turn Loose the Mermaids n’est pas aussi ratée que ce qu’elle aurait pu être ; elle dispose d’une âme propre, portée à bout de bras par les instruments à vent de Troy, et le passage sifflé de Marco. S’il devait rappeler Enio Morricone (Pour une Poignée de Dollars), il pourra aussi faire penser à the Lonely Sheperd, de Kill Bill.  Je pensais plutôt à l’incroyablement commune The Crow, the Owl and the Dove, un duo pop-symphonique à base de mièvrerie, qui ne décollera pas. Marco aurait pu s'abstenir. Je pensais aussi à Song of Myself. Cette piste de 14 minutes, qui devait être la digne héritière de morceaux comme Beauty of the Beast, Ghost Love Score, et The Poet and the Pendulum n’en a pas la carrure. Si les six premières minutes sont plutôt agréables et efficaces (malgré un chœur épique un peu répétitif, et un refrain entêtant), la suite se fait calme. Trop calme. Le reste du morceau n’est que narration par les proches du groupe, et une grosse déception.  [quote]An old man gets naked and kisses a model-doll in his attic It's half-light and he's in tears. When he finally comes his eyes are cascading.[/quote] Cool story bro.  Heureusement ces passages ne sont que de brefs moments d’égarement sur un album finalement très bon. Imaginaerum nous invite à un voyage, introduit par Taikatalvi, une boîte à musique et quelques mots de Marco en finnois, soutenu par le court intermède Arabesque, et magistralement conclu par la piste titre instrumentale, rappelant tous les thèmes traversés pendant l’écoute. Si aucun de ces trois morceaux n’est véritablement révolutionnaire, ils participent du concept de l’album, faisant le lien avec le film à venir. On imagine parfaitement les premières scènes de présentation sur Taikatalvi, et le générique de fin sur Imaginaerum.  Reste à savoir si sa durée de vie permettra de faire patienter jusqu'à un prochain album ... Je table sur un oui.

0 Comments 09 décembre 2011
Whysy

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