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Depuis le début des ages et de la création du monde, la musique progressive a toujours été plus ou moins divisée en deux grandes catégories. La première, puritaine, ne jurant que par une technique ébouriffante en faisant fi de la cohérence et de la mélodie. Et la seconde, minoritaire et plus modeste, n’a recours à la technique que dans le but avoué de magnifier la musique et la composition. L’une menée par les géants de Dream Theater, l’autre par les poètes de Symphony X, ces deux écoles se livrent depuis toujours une guerre incessante et cruelle, ne laissant que les meilleurs survivre.

Ainsi à l’apparition de chaque nouveau groupe, le monde entier de la Musique noble (la musique avec un grand « M », celle qui nécessite de l’aspirine pendant l’écoute, et des anti-dépresseurs après l’écoute) retient sa respiration, pour savoir si les nouveaux venus fraîchement adoubés sauront tenir la comparaison avec les grands. Et dans le cas des américains de Stride, la partie est loin d’être gagnée. Et pourtant nos Yankees n’en sont pas à leur coup d’essai, et malgré deux albums, ils n’ont pas encore réussi à se sortir du monde cruel de l’anonymat. Les raisons peuvent êtres multiples : musique trop peu accessible, manque d’inspiration, promotion trop faible, groupe trop jeune… Quoi qu’il en soit une chose est sûre c’est qu’à noël, «Imagine», le troisième album de cette formation Underground, représente la dernière chance réelle d’obtenir la reconnaissance et d’éveiller chez l’auditeur autre chose que l’indifférence la plus totale.
Pourtant malgré tout ce que j’aurais pu croire ou lire, Stride va me surprendre dans le positif, et étrangement ce qui ressort de la première écoute, c’est que les meilleurs moments du groupe sont ceux dans lesquels il n’y a pas de progressif. En effet, là ou les indispensables instrumentales étirent leur longueur et leur ennui sur de longs soli masturbatoires, c’est dans des chansons plus rock et plus douces que Stride va éveiller ma curiosité et même mon intérêt, carrément enthousiaste sur certaines compositions. C’est une règle d’or dans le domaine : « c’est en ne la montrant pas qu’on rend la technique magnifique » (un proverbe que les Malmsteen et autres Petrucci feraient bien d’avaler à tous leurs petits déjeuners avec le bol de céréales). Cela, nos américains l’ont parfaitement compris, manquant certes d’inspiration et de talent par rapport aux ténors du genre, ils vont donc tenter de chercher l’originalité en jouant sur la simplicité. Des titres comme «How Far», «The Waiting» ou «Time» sont empreints d’une douceur mélancolique sur une base d’arpèges lancinants magnifiquement portés par un chanteur au timbre chaud et mélodieux (Gary Belin, un inconnu au talent fortement appréciable). Ces compos sont réellement le point fort du disque, car loin des relents abusifs d’un prog moyen, on a droit à un excellent rock FM, subtilement teinté de metal… Rafraîchissant !!!
Le constat est moins rose quand on se tourne vers les compos plus «classiques » qui composent ce «Imagine». Outre les laborieuses instrumentales «Endeavor» et «Ion Drive», infernales de longueurs et de clichés (pourquoi cette obligation absolue de parcourir chaque case du manche de la guitare? Pourquoi ?), on retrouvera de nombreux titres irréguliers qui auraient sûrement mérités un meilleur traitement. Je pense notamment à la très sympathique «Alive» et son refrain prenant, qui souffre d’un intro baclé et d’un excès de longueur. «Role Model» est dans une situation comparable, car ce long morceau de sept minutes fourmille de bonnes idées en vrac, mais se retrouve complètement vampirisée par des démonstrations indigestes (quelques thèmes et soli qui auraient mieux fait de rester au placard). «Imagine» et «Face The Day» sont quant à elles plus inspirées et cohérentes, et donc beaucoup plus séduisantes, bien qu’il manque une nouvelle fois ce brin de folie et de confiance en soi qui est l’apanage des grands groupes.
Ce nouvel album laisse donc une impression assez mitigée. On est sans cesse tiraillé entre la satisfaction et les grincements de dents au gré des titres. On se prend parfois à rêver devant la beauté éphémère de quelques passages, avant de s’effondrer sous les coups d’un énième solo indigeste. Etonnemment, c’est dans la simplicité et la concision que Stride m’aura le plus séduit…

Au niveau de la reconnaissance, je ne pense pas que nos baroudeurs américains réussissent leur pari, la faute à un manque de recherche et d’imagination flagrant. Le progressif est un genre musical qui ne tolère ni le manque d’inspiration, ni la médiocrité des compositions, et sur ce point, Stride paye chacune de ses erreurs comptant. Cependant, loin de jeter cet album aux lions, je souligne l’effort produit par le groupe pour éveiller la curiosité de l’auditeur, et surtout les nombreux bons moments qui parcourent un disque à mon avis réalisé à la va vite.

SMAUG...

0 Comments 08 mars 2006
Whysy

Whysy

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