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Les italiens de SoundStorm n'ont été chroniqués sur Heavylaw jusqu'à maintenant que lors de longues nuits d'insomnie. C'est aussi le cas pour cet album. Sauf que cette fois l'alternative n'était pas Confessions Intimes sur le tuning, mais "Qui veut épouser mon Fils". TF1, pourvoyeuse d'alternatives à l'écoute de super musique. Parce que oui, on parle bien de super musique ! Parce que oui, après un EP et un premier album, SoundStorm arrive avec une nouvelle réussite : cet Immortalia est grand.

En termes de production déjà, tout est léché au possible. Si la batterie pouvait avoir par le passé un son trop étouffé, elle prend toute sa place ici. Les orchestrations sont également bien intégrées à un ensemble harmonieux, et réussi, on y reviendra. La guitare se taille aussi une place intéressante, simplement rythmique derrière les orchestrations, ou alors agressive et au premier plan pour des soli épiques et pleins de dragons (coucou le solo de Call me Devil !). Et puis le chant. Ce chant trouve toujours sa place, que ce soit celui de Philippe, ou celui de sa comparse féminine. Bref, chaque chose à sa place pour un ensemble du plus bel effet. C'est l'une des clés de la réussite pour une musique de ce genre. Seule la basse voit son intervention presque effacée tant elle se fait discrète (heureusement qu'elle a son moment de bravoure sur Faraway).

Revenons justement au chant. Ce cher Philippe d'Orange (Filippo Arancio) nous en met plein les oreilles. Il alterne entre différents timbres, du plus simple au plus sophistiqué, de la voix la plus black au chant le plus lyrique, en passant par une voix claire plus conventionnelle. S'il ne fallait retenir qu'une performance de ce disque, ce serait la sienne. Il suffit d'écouter sa prestation en chant extrême dans Call me Devil, Curse of the Moon, Faraway, ou dans une moindre mesure Wrath of the Storm pour réaliser que ce monsieur sait y faire. Et ces passages sont les bienvenus, apportant un peu de variété à un genre qui souffre parfois de monotonie à ce niveau.

Quelques mots aussi sur sa comparse Ilaria Lucille. Son timbre rappellera celui de Floor Jansen sur les premiers albums d'After Forever. Autant dire que là encore, on touche au très bon. Ses interventions ne sont jamais téléphonées, et ne relèvent pas du cliché. Et surtout, le groupe a su faire la part des choses en évitant de la semer dans tout l'album, réservant ses interventions à des lignes méritant vraiment son apparition. The Curse of the Moon en est l'exemple le plus parlant.

Contrairement à d'autres groupes qui pourraient souffrir de ce travers, la qualité du chant ne sert pas à masquer une faiblesse des autres instruments. Le clavier de Davide Cristofoli d'abord est toujours présent, pour les ponts, pour les introductions de morceaux (les très réussies Blood of the Maiden et Faraway par exemple) ou simplement pour accompagner l'ensemble. A la fois discret et indispensable, il se taille lors de certains passages la part du lion.

La guitare aussi est parfaitement maîtrisée par Valerio Sbriglione, qui lui donne tantôt un rythme effrené, tantôt une puissance épique soutenant la narration avec force. Certains de ses riffs étant particulièrement prenants (celui de Promises au hasard).
Enfin les orchestrations sont riches et variées. Peut-être pas au top de l'originalité, mais complètement convaincantes, enveloppant le power des italiens d'une atmosphère brillamment dépeinte.

Alors certes, on n'échappe pas aux poncifs du genre : la chanson orientalisante Seven Veils, l'immonde ballade inutile et mièvre Watching You Fading, ou les petites reprises de Beethoven sur Curse of the Moon ou Call me Devil.
Si Seven Veils tire malgré tout son épingle du jeu, principalement grâce aux chants, tantôt théatral, tantôt agressif de Philippe, et à celui de la chanteuse lyrique, apportant une dualité intéressante, Watching You Fading n'arrive qu'à casser le rythme soutenu de l'album jusqu'à ce point. Et puis, sérieusement, de la cithare ? Dommage. Chers amis compositeurs, l'exercice de la ballade est difficile. Ne vous y risque pas ! Sauf si vous savez vraiment ce que vous faites ... ou que vous pensez qu'elle apportera vraiment quelque chose à la narration. (Comment ça je me répète ?)

Malgré tout, l'ensemble est une franche réussite. L'album navigue avec grâce entre les différents styles, on a droit à du pur speed (les doigts de Valerio ont du sacrément souffrir pour jouer Wrath of the Storm), à une introduction symphonique dans les règles (Immortalia fait une entrée en la matière parfaite, pleine de choeurs opératiques et de montées en puissance dignes d'une bande annonce), suivie de vraies pièces complètement power (comme la longue piste de cloture The Portrait) ou de passages presque martials (Promises). Les refrains sont entrainants (la piste d'ouverture Back to Life est à chanter sans modération à tue-tête à la récré), et chaque piste renforce l'édifice d'un second album décidément très réussi.

Si les influences des italiens sont parfois flagrantes, ils arrivent à s'en détacher avec brio, pour créer leur propre univers. Difficile de citer les morceaux les plus réussis tant chacun arrive à convaincre, pour différentes raisons. La principale force de cet Immortalia, c'est peut-être sa capacité à ne pas ennuyer, au bout de presque une heure de musique, et même après de nombreuses écoutes. Chapeau bas donc à SoundStorm qui passe le cap du deuxième album avec succès.

0 Comments 05 novembre 2012
Whysy

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