Vous recherchez quelque chose ?

« Chaque parution a représenté pour Kingcrow un pas en avant qui leur aura permis de dépasser leurs racines de rock/metal classique et d'être aujourd'hui l'un des groupes les plus excitants que l'Italie nous offre. »

La conclusion de la bio du groupe de metal-prog italien Kingcrow est assez audacieuse, même si, évidemment, on pourrait très bien dire « l'un des 25 groupes les plus excitants », ce serait tout de suite moins couillu. Mais je pense qu'ils ont raison, en fait, à bien l'écouter, Kingcrow fait partie des quelques groupes les plus excitants que l'Italie nous offre. Notez que je ne m'avance pas énormément, surtout parce qu'a priori, en Italie, c'est plutôt de l'epic/speed à deux balles, ou du sous-prog de seconde zone. Enfin, ce n'est que mon avis. Donc je ne suis sans doute pas le mieux placé pour juger de la justesse de cette phrase, vu ma méconnaissance du metal italien que je qualifierais dans l'ensemble d'assez ridicule voire un peu pourri. Autant j'adore leur bouffe, leur villes, leurs peintres,  leurs femmes et leurs clubs de football, autant leur metal me laisse de marbre. Sauf Rhapsody bien sûr. Et encore, jusqu'à Symphony 2 uniquement. Mais ce n'est toujours que mon avis.

Kingcrow donc. Formé par les romains Diego et Thundra Cafolla en 1996, le groupe publie plusieurs opus dans les années 2000, évoluant effectivement vers le metal-prog, les morceaux se faisant plus longs et plus complexes. En ce début 2013 paraît In Crescendo, leur cinquième album studio, et sincèrement, même si je n'ai écouté que brièvement les précédents, ne serait-ce que pour me faire une idée, celui-ci est sans aucun doute le plus réussi. Pour ceux qui avaient pu regretter que l'année 2012 soit trop marquée par des sorties rock-prog, avec moins de metal-prog, on peut dire que l'année 2013 commence beaucoup mieux pour eux.

Bon, metal-prog, ne nous emballons pas, c'est assez prog c'est sûr, y a des moments metal ça aussi, dans l'ensemble c'est tout de même plutôt heavy mais c'est quand même plus soft que du Dream Theater ou du Opeth. Beaucoup plus soft que du Opeth évidemment, mais vous voyez ce que je veux dire. Le groupe possède (à mon avis) le line-up idéal pour pratiquer ce genre de musique : deux guitaristes, un chanteur, une section rythmique basse-batterie et un clavier. Ce qui est toujours un peu difficile dans ce style, surtout dans les groupe nombreux, c'est de réussir à maintenir un sentiment d'homogénéité, une cohérence d'ensemble. L'écueil à éviter c'est le all-star band ou chacun fait son solo à son tour. Sur In Crescendo, il n'en est rien, car les italiens sont parvenus à accomplir ce que chaque bon groupe de prog rêve d'accomplir : mettre leur technique et leurs idées foisonnantes au service de chansons bien troussées, aux riffs puissants et aux mélodies imparables.

On pourra ainsi entendre d'excellents morceaux sur cet album, morceaux qui seront souvent teintés, pour mon plus grand plaisir, d'un petit côté vintage eighties grâce surtout aux claviers de Cristian Della Polla. Dès Right Before on est plongé avec délices dans des eaux bien connues, de Rush (période Grace Under Pressure) aux premiers Dream Theater. This Ain't Another Love Song, plus moderne, est un peu le modèle type de l'album : des ambiances feutrées, entrecoupées de riffs énergiques ou de passages plus cassés rythmiquement. Et la magnifique voix de Diego Marchesi, chaude et envoûtante, produit un effet particulièrement intéressant quand il ne monte pas trop dans les aigus, seuls moments de faiblesse de sa copie sinon parfaite.

On appréciera la dimension épique de certains morceaux (The Hatch, l'énorme The Drowning qui évoque cette fois très clairement les maîtres américains du genre), la douceur d'autres (Morning rain, le très beau Summer '97), mais dans l'ensemble, et c'est assez rare pour être noté, les onze morceaux de l'album sont d'une qualité égale. Et même d'une qualité franchement élevée.

Voici du prog mes amis, du prog qui va pas vous faire chier, je pense. C'est le débat en ce moment, on l'a vu avec Riverside ou Steven Wilson : avec Kingcrow y a pas de prise de tête, c'est du prog, oui, mais en version simplifiée, parfois plus metal, parfois plus rock, mais jamais trop long, trop complexe, trop niais, mou ou agressif. Et puis, c'est du bon : les mélodies sont franchement prenantes, la prod excellente, y a rien à jeter sur cet album.

Alors bien sûr, Kingcrow tutoie l'excellence mais on est pas vraiment dans le domaine du génial : pas de quoi en faire une thèse non plus. Un album que je vous conseille, que vous allez sans doute écouter plusieurs fois, que certains même vont adorer, mais qui ne changera pas la face du metal. Et au-delà de ce principe progressiste auquel je tiens, on pourrait aussi distinguer une exceptionnelle qualité à faire de la musique géniale sans qu'elle soit très originale ; ce n'est pas le cas de Kingcrow, un groupe honnête et très sympathique, qui nous offre effectivement avec In Crescendo un album assez excitant. Dont acte.

0 Comments 05 mars 2013
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus