Ah les années 90, que c'était bien. On était jeunes, on était cons, on écoutait Nirvana, le Black Album ainsi qu'IAM pour les plus chanceux d'entre nous, Ace of Base, Scooter et Larusso pour les autres. En septembre 1995, pour être plus précis, on écoutait Kiss From A Rose et Gangsta's Paradise, oui, je vois que ça commence à réveiller des souvenirs chez certains. Moi j'écoutais Pink Floyd et Genesis en plus de Seal et Coolio, mais apparemment y avait aussi du metal, je ne le savais pas encore, sauf si on considère que Nevermind c'est du metal, mais ce n'en est pas, bref, y avait du death, ça cartonnait. Vital Remains, Deicide, Death, Dissection, y avait aussi le magnifique Draconian Times pour les moins puristes, et parmi cette foultitude se crée un jeune combo allemand, qui pour des raisons que malheureusement j'ignore décide de prendre le nom d'Agathodaimon, qui veut dire en grec démon sympa, le démon qui te fait un high-five, le démon qui paie sa tournée parce qu'il est un bon pote.

Autour de Sathonys, guitariste et chanteur, les membres se succèdent, de Vlad Dracul à Christine, no panic c'est des allemands, sauf Vlad qui était roumain et a dû rentrer chez lui. Deux démos, une compilation regroupant les démos, cinq albums studios et 17 années plus tard, le groupe de death mélo de Mainz publie son sixième opus, intitulé In Darkness, sur lequel on entend donc du death mélo mais aussi parfois du blackdeath mélo. Black-death je le rappelle n'est pas un style à part entière mais un mot dans lequel on fourre les groupes qui ont le cul entre deux chaises, ne savent pas ce qu'ils font, ou dont on ne sait pas vraiment ce qu'ils font, tels Behemoth et Necrophobic.

Bon mais à part ça, que vaut-il cet album ? Eh bien ce n'est pas énorme, mais ça pourrait être bien pire évidemment, ils sont allemands donc c'est déjà assez merveilleux qu'ils aient réussi à ne pas faire une merde power-épique ou un slow sur la chute du Mur. Là où ça cloche c'est que l'album ressemble beaucoup trop à un exercice de style, exhibant sans la pudeur qui conviendrait ses influences les plus évidentes: Gorgoroth, Madonna, Emperor, Opeth, Nickelback, Cradle of Filth, Sear Bliss, Neneh Cherry, j'en oublie sûrement vous pouvez vous aussi vous amuser à les énumérer. Alors soit ces mecs sont des génies et c'est eux qui ont inventé le reste, même rétroactivement, soit c'est de l'hommage-plagiat franchement limite, pas grave en soi mais qui démontre surtout un manque de créativité criant. Et puis faudrait faire gaffe à ne pas nous fâcher les glorieux sus-cités, y en a qui sont du genre revanchards. Gare au goroth, comme disait l'autre.

Alors pour ceux qui aiment ce style et ces groupes, l'écoute de In Darkness passera bien, c'est correctement produit et les morceaux tiennent la route, notamment I've Risen ou Oceans Of Black, plus death-doom, ou encore le très norvégien Dusk Of An Infinite Shade. Ceci étant dit, aucun des membres d'Agathodaimon ne casse la baraque, tout le monde surnage allègrement dans une médiocrité assez moyenne donc là non plus, pas de quoi danser le jerk sur de la musique pop. Un album honnête, écoutable, qui ne fera guère bander, mais somme toute, un moment agréable.

Je dois avouer que je l'ai pas écouté des masses en fait, parce qu'à chaque fois que j'entendais tel ou tel morceau il me donnait envie d'aller me refaire tel ou tel morceau d'un autre groupe, allez savoir. Genre l'intro de I've Risen m'a rappelé que ça faisait longtemps que j'avais pas écouté le dernier Sear Bliss, ou alors Adio m'a évoqué la carrière de Cradle Of Filth, un peu en lambeaux depuis quelques années, et je me suis souvenu de mes premières émotions à l'écoute de Cruelty et ah tiens, faudrait que je me remette Desire In Violent Overture, le passage à la Maiden était vraiment énorme.

De quoi on parlait ?