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Qui n'a jamais entendu parler de Sigh ! Bon d'accord, quasiment tout le monde. C'est un peu le dahu (si si le dahu existe !) de la scène metal extrême. Personne ne les connaît avant de les voir en live, en général par pur hasard. Et oui, la bête est rare, une petite apparition au Hellfest 2010, des dates européennes sporadiques, voire inexistantes. Pourtant, le groupe commence à avoir un certain bagage derrière lui et sort avec "In Somniphobia" son neuvième album studio. Les Japonais, après un premier disque "Scorn Defeat" profondément enraciné dans le black pur et dur, ont progressivement incorporé des éléments d'autres styles à leur musique comme le saxophone, le jazz ou bien des sonorités issues du Heavy. Ainsi, leur discographie contient une assez grande diversité allant de l'expérimental "Imaginary Sonicscape" au black symphonique "Scenes From Hell" avec comme constante la présence du chant extrême de Mirai. Mixant habilement les genres, chaque sortie est une surprise pour l'auditeur, le groupe pouvant partir dans toutes les directions à chaque nouvel album et expérimenter de nouveaux mélanges.

Cette règle n'est pas brisée avec ces onze nouvelles pistes, loin de là. Un mélange quasi parfait a été fait entre la douce folie d'Imaginery Sonicscape et les parties plus extrêmes aux touches jazzy de "Scenes From Hell". La piste d'ouverture plonge directement l'auditeur dans le vif du sujet. Pas de chichi ou d’introduction alambiquée, le décor est planté ! Le maître mot de cet album c'est Heavy metal ! Ce style se taille une part de lion notamment dans sa quasi omniprésence dans les solis de guitare. Le Heavy traditionnel arrive donc dans l'univers des Japonais et permet d'entrecouper les passages extrêmes de longs solos de guitare, aérant les compositions.

Le chant black si particulier de Mirai est toujours soutenu par les interventions de Dr. Mikannibal au saxophone et au chant, créant une certaine variété dans le chant. Le saxophone tout comme sur "Scene From Hell" est une pièce maîtresse des ambiances et apporte une touche non négligeable à la folie environnant les différentes pistes. À l'image de l'artwork celles-ci ne sont guère joyeuses. C'est glauque et malsain tout en étant paradoxalement attirant et provoquant une certaine curiosité chez l'auditeur. "Opening Theme : Lucid Nightmare" ouvre les portes de l'enfer pour ne les refermer qu'à la toute fin de "Prelude". Entre ces deux pistes, ce n'est que chaos et folie à l'image d'Ammnesia, qui enfonce le clou avec ses ambiances mélancoliques qui rappelleront "Imaginary Sonicscape" de par son ambiance si particulière.

La production est le gros défaut de l'album et nuit à certaines compositions par son manque flagrant de puissance. "Amongst the Phantoms of Abandoned Tumbrils" ou bien sur "Somniphobia", ça en devient presque rageant. Beaux et violents, ces deux morceaux tendent vers un black mélodique de haute volée donnant une forte cohérence au disque et à l'ambiance globale. Mais certains passages sont presque ridicules (notamment les chœurs). Petit reproche sur les guitares aussi, qui lors des leads sont bien mises en avant, mais s'effacent totalement pendant les phases rythmiques. Dommage. Ce son de clavier est sans doute une volonté de Mirai, tout comme le rendu sonore global de l'album. Si sur certains passages ça sert les ambiances sur d'autres ça les pénalise fortement et peut énormément rebuter les auditeurs ne connaissant pas le groupe.

Au final "In Somniphobia" est l'un des meilleurs albums du groupe d'un point de vue diversité musicale. C'est barré tout en restant cohérent grâce aux ambiances très travaillées. Mais l'album pêche un peu sur la production par moments. Avec un mix mettant un poil plus en avant les guitares sur les phases rythmiques, on aurait été en présence d'un album quasiment sans faille, maîtrisé de main de maître par Mirai. Le groupe poursuit donc son chemin envers et contre tous dans l'indifférence presque totale, continuant de développer son univers théâtral et malsain. Certes plusieurs écoutes sont nécessaires pour pleinement discerner toutes les subtilités, surtout pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, mais l'auditeur curieux y trouvera son bonheur. En espérant que le groupe tourne un peu plus en  Europe afin de voir tout ça en live et que les médias spécialisés leur offre un peu plus de visibilité, car ils le méritent.

Whysy

0 Comments 03 mars 2012
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