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« Fan du prog’ des années ’70
Et fan du prog’ jusqu’au bout du pénis
Ayant réussi l’amalgame
De l’ancienneté et du charme…»

(Cette pauvre vanne m’a coûté 2,46 millions d’euros de droits d’auteur à Sardou)


Qui est donc Kapia, groupe suédois mythique du prog’ des années ’70 dont personne ne parle ? Que vaut leur dixième album après 35 ans de bon et loyaux services au nom du prog’ ?

A première vue, la cover démontre que les membres de Kaipa ne sont pas totalement sorti indemnes des années ’70, avec visiblement des lourds traumatismes dans la perception des formes et des couleurs. Impression confirmée avec leurs photos totalement atypiques pour une promo efficace (cf. news de SOG).

Si leurs photos sont étranges, au moins elles ne nous mentent pas en nous faisant espérer un album de grind core death epic thrash metal. Oui, malgré la présence du guitariste de Scar Symmetry (groupe reconnu dans le monde du death mélodique), Kaipa n’opère pas un changement radical de style et nous propose une musique fidèle à ses débuts. Abandonnons donc nos blousons de cuir et nos parures du parfait gothico-metaleux pour courir nu dans un champ de blé, des fleurs dans nos cheveux longs et sales, et plongeons dans leur univers aux plaisirs chimiques et charnels.

L’album débute avec le titre éponyme « In the wake of evolution » et son introduction au clavier que l’on pourrait qualifier de kitch, qui dévie rapidement en un style proche des vieux génériques des années 80. Ils semblent même s’en excuser avec les premières paroles déclamant « Please excuse me, I’ve been living in the past ». Ces premières notes soulèvent un des problèmes du groupe, que l’on peut aussi détecter sur des titres tels que « The words are like leaves » ou « Smoke from a secret source ». Outre l’utilisation d’un clavier au son désuet et gangréné par les eighties, Kaipa a du mal avec les entames de ses morceaux, les rendant difficilement prenantes et appréciables. Cependant, une fois la surprise du début passée, les mélodies évoluent ensuite à un meilleur niveau, même si des passages gnangnan peuvent toujours surgir au détour d’un solo ou d’un refrain.

Kaipa démontre toutefois une bonne maitrise technique, comme lors de son morceau fleuve de près de 18 minutes « Electric power water notes ». Ce titre, le plus long de l’album, est aussi le plus difficile d’accès, car complexe et souvent démonstratif. On y entend un son résolument fusion lors de certains soli dignes de Pat Metheny. De nombreuses variations de rythmes, allant du fusion jazz au psychédélique, en passant par des passages beaucoup plus pop, ponctuent constamment ce morceau. Les mélodies se répètent mais à chaque fois dans des styles différents. Cette apparente hétérogénéité et la longueur des soli pourront très très facilement dérouter les non adeptes du prog’.

Beaucoup moins déroutant, « Folkia’s first decision » est agréables et reposant avec ses intonations médiévales, utilisant la douceur mêlée de la flûte et du violon. Ces deux instruments rajoutent d’ailleurs de la profondeur et de l’amplitude à cet album, en particulier pour « The words are like leaves » et « Smoke from a secret source », et soulignent agréablement le travail de guitare.

En combinant ces deux aspects, complexité et émotion, on obtient un « The seven oceans of our mind » passionnant de bout en bout. Ce titre, parfait en guise de conclusion, est aussi le plus abouti de l’album de part ses variations et son intensité. L’atmosphère légère et joyeuse du début laisse temporairement la place à une ambiance plus lourde faisant (quasiment) craqueler le vernis flower power si cher à Kaipa.

« In the wake of evolution » recèle donc de bons moments malgré quelques passages que l’on pourra qualifier de kitchs à cause, notamment, de l’utilisation d’un synthé oublié depuis les années ’80. Hans Lunding compense ses choix de claviers par une bonne prestation vocale. A souligner aussi le très bon travail du guitariste Per Nilsson, qui insuffle de la puissance aux compositions grâce à ses riffs appliqués. Finalement, même si j’ai eu du mal avec certains arrangements (désolé, je ne suis vraiment pas fan des sons clavier), Kaipa nous offre un album avec de beaux moments que les spécialistes ou les nostalgiques des années ’70 sauront pleinement apprécier.



DkP

0 Comments 25 février 2010
Whysy

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